Le gouvernement espagnol se penche sur la fin de la dérogation accordée aux résidents de la province de Tétouan d'accéder à Sebta sans visa. Le préfet de l'enclave s'est engagé à mener ce projet pour en finir avec les congestions du trafic frontalier. C'est une décision qui risque de frapper de plein fouet la région de Tétouan. Le préfet de la ville de Sebta a annoncé que le gouvernement central étudie l'annulation de la dérogation accordée aux résidents de la province de Tétouan leur permettant d'accéder à l'enclave sans visa. Lors d'une cérémonie officielle, Nicolas Fernandez a annoncé que Madrid étudie l'abrogation de cette dérogation. Selon ce haut représentant du gouvernement central à Sebta, cette exception n'a plus lieu d'être car au moment de son instauration, elle concernait un trafic frontalier restreint. D'après le préfet de Sebta, les bouchons quotidiens dont souffre la ville sont le résultat de cette dérogation au traité de Schengen. Selon Fernandez, cette décision permettant l'accès sans visa aux riverains du préside ne répond, dans l'actualité, ni à «au besoin ni au contexte temporaire de sa création». La haute autorité de Sebta a estimé que la croissance de la population de la province de Tétouan serait la cause de la multiplication des épisodes de congestion qui paralysent le poste-frontière entre les deux régions. Sebta envisageait depuis un moment de restreindre l'accès aux riverains de la région. La solution était de ne permettre l'accès qu'aux natifs de la province de Tétouan et non aux résidents. À travers cette mesure, les autorités de Sebta voulaient réduire le trafic transfrontalier et diminuer l'attractivité de Sebta auprès des nouveaux arrivants dans les villes limitrophes à l'enclave. Fernandez a estimé que l'infrastructure actuelle ne supporte plus cet important flux humain, d'où la difficile gestion de ces déplacements qui déferlent chaque jour sur la frontière. Aux derniers chiffres, 30.000 personnes accèdent quotidiennement au préside et jusqu'à 15.000 véhicules. Interpellé par la presse locale sur les propos du préfet, le président du gouvernement local, Juan Vivas, a reconnu que la situation actuelle est une entorse au traité de Schengen, ce qui rend Sebta et Mélilia, l'une des frontières les plus particulières de toute l'Europe. Or, ce n'est que des décennies après son application que les autorités de Sebta se sont rendues compte du déphasage avec le traité de Schengen ! Les propos du préfet ne devraient pas plaire aux commerçants de la ville. En cas de levée de la dérogation, plusieurs passeurs se verront interdire l'accès au préside, ce qui frappera de plein fouet le commerce de contrebande et de facto, l'économie de la ville. Et qu'adviendra-t-il de ces hordes de porteurs qui s'affairent entre les deux frontières au quotidien ? Une chose est sûre, le gouvernement marocain devrait faire face à une bombe sociale dans cette région en cas d'entrée en vigueur de cette nouvelle mesure. De fait, cette décision peut être interprétée comme la volonté de la ville de favoriser le tourisme de shopping à l'adresse des Marocains aux bourses garnies, au détriment du commerce dit atypique. Par ailleurs, le souci sécuritaire motiverait aussi cette décision. Le démantèlement de plusieurs cellules terroristes à Sebta ayant des ramifications dans les régions limitrophes à l'enclave inquiète les autorités espagnoles. D'autant plus que plusieurs analystes espagnols ont mis en garde contre le danger terroriste qui couve dans les deux enclaves. Conscient que cette décision réclame l'aval de Rabat, le préfet s'est engagé à mener à terme ce projet tout en reconnaissant que des négociations seront nécessaires pour abroger cette dérogation.