La réunion annuelle de la Commission internationale, à Marrakech, pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) a suscité les inquiétudes des ONG, surtout en raison de l'augmentation des quotas de pêche de thon rouge et l'insuffisance des mesures concernant la pêche du requin-taupe bleu. La 25e réunion ordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA), a clôturé ses travaux à Marrakech après 10 jours de négociations entre les 52 pays, membres. Au terme de cette rencontre où le Maroc a fait appel à une approche de précaution, lors des différentes discussions, les membres de la CICTA se sont entendus pour augmenter progressivement les quotas, qui passeront jusqu'à 36.000 tonnes de thon rouge, d'ici 2020, soit 13.000 tonnes de plus en comparaison avec le chiffre de cette année. Cette hausse des quotas n'a pas manqué de susciter les inquiétudes des ONG qui estiment trop tôt d'augmenter les quotas puisque le rétablissement de l'espèce est encore trop fragile. Selon l'ONG The Pew Charitable Trusts, «cette année, la pêche durable des thonidés et la conservation des requins ont fait marche arrière. Dans la grande majorité des décisions, prises lors de cette réunion de l'ICCAT, l'état des stocks a été ignoré. À cet égard, nous craignons que les décisions prises lors de cette réunion menacent de compromettre davantage la crédibilité de la commission», explique Paulus Tak, senior officer, government relations, à l'ONG The Pew Charitable Trusts. De plus, l'ONG a estimé aussi que «les quotas adoptés pour les stocks de thon rouge de l'Est et de l'Ouest vont bien au-delà des niveaux de précaution. C'est une mesure visant à interdire la rétention des requins-taupes bleus et elle est remplie d'échappatoires qui ne mettront pas fin à la surpêche». C'est pourquoi, les décisions prises lors de cette réunion sont qualifiées d'insuffisantes, selon les ONG qui estiment que la réunion a échoué à adopter les limites recommandées pour protéger le requin-taupe bleu contre la surpêche. Les pays membres ne sont pas non plus parvenus à renforcer l'interdiction régionale du finning des requins (technique de capture des requins). Toutefois, le seul nouvel accord sur les requins qui a pu être trouvé a instauré une approche progressive de restriction des conditions applicables au débarquement des requins-taupes bleus. Il inclut cependant de nombreuses exceptions et n'est valable que pour l'Atlantique Nord. De surcroît, les scientifiques de la CICTA avaient déjà recommandé la réduction des captures de requins-taupes bleus dans l'Atlantique Sud et une interdiction totale de sa rétention à bord des navires dans l'Atlantique Nord, afin que cette population vulnérable ait la possibilité de se reconstituer sur une période qui devrait s'étaler sur vingt ans. «Nous sommes extrêmement déçus que la CICTA n'ait pas suivi les recommandations scientifiques pour le requin-taupe bleu. Elle laisse ainsi cette espèce si vulnérable sous la menace d'un effondrement complet de sa population», annonce Sonja Fordham, présidente de Shark Advocates International. Déclaration du Maroc sur le thon rouge Dans la déclaration faite lors de cette réunion, le Maroc s'est félicité de l'évolution très positive de l'état du stock et des recommandations du Comité permanent pour la recherche et les statistiques (SCRS) qui s'inscrivent dans le cadre d'une approche de précaution. «Cette approche, n'est pas un luxe, mais une nécessité puisque de nombreuses incertitudes demeurent et nous devons absolument être très prudents», indique-t-on dans la déclaration marocaine. C'est pourquoi, le royaume a considéré que le passage à un plan de gestion est encore prématuré et le plan de reconstitution mériterait encore aussi plus de temps pour permettre la confirmation de l'atteinte des objectifs de gestion pour cette pêcherie.