Ronan Dantec, Président de l'Association Cimate Chance Agadir, la capitale régionale du Souss Massa vient d'abriter les travaux du second Sommet Climate Chance. Organisé par et pour les acteurs non-étatiques, ce sommet revêt une grande importance dans l'Agenda Climat des acteurs non-étatique. Quels étaient ses réels enjeux? Ronand Dantec, le président de l'Association Climate Chance qui en est le co-organisateur, nous répond. Les Inspirations ECO : Après Nantes, qui a abrité les travaux de la première édition du Sommet Climate Chance, quel est le message que vous avez voulu passer ici à Agadir ? M. Ronan Dantec : Le message d'Agadir, un an après Nantes, c'est un message de feuille de route. C'est-à-dire qu'on a eu deux sommets en France, le Sommet Climat et Territoires à Lyon et le premier sommet Climate Chance à Nantes où on a fait des déclarations principalement focalisées sur nos propres engagements. Sur le fait de dire, comme je l'ai dit en clôture de la COP 21, vous avez trouvé l'Accord, à nous de faire le boulot, you have found the deal, we have to do the job. Je pense qu'on était beaucoup là-dedans en insistant sur l'importance de l'approche territoriale, l'importance de l'accès au financement, l'importance de croiser les enjeux de développement, les enjeux climat. Maintenant, à Agadir, on est plus dans la définition d'une feuille de route des acteurs non-étatiques. Une feuille de route à dérouler jusqu'au dialogue de facilitation prévu en 2018, qui doit être un moment où nous devons revoir les ambitions à la hausse. Parce qu'il y a les objectifs de l'Accord de Paris de 2° et si possible 1,5°, mais il y a aussi les contributions nationales des Etats qui sont insuffisantes puisqu'elles nous conduisent vers un monde insupportable à vivre avec 3,5 à 4°. Donc, il faut que le dialogue de facilitation donne déjà un signal de réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES) et pour cela il faut que les acteurs non-étatiques aient aussi la capacité pour l'année qui vient de discuter plus précisément avec les Etats pour voir ce qui peut être fait pour réduire les émissions de GES. Agadir va donner des éléments là-dessus, va dire notre disponibilité pour discuter avec les Etats, va dire la mise en place d'un certain nombre d'outils, je pense à l'Observatoire de l'action climatique des acteurs non-étatiques que porte l'Association Climate Chance et de renforcer cette dynamique là. Et donc, pour résumer, contrairement à Nantes qui était un sommet plutôt politique, Agadir est un sommet technique. Est-ce que vous allez continuer à travailler dans le cadre du Marrakech Partnership for Global Action ? Ce partenariat entre les acteurs non-étatiques et les Etats est évidemment pour nous un cadre important. Je pense que la championne du climat, Hakima El Haité a fait un gros travail qui a consisté à préciser ce cadre. D'ailleurs, nous portons nous des coalitions thématiques qui s'inscrivent dans le cadre du Marrakech Partnership for Global Climate Action et qui doivent être encore renforcées. Mais, je crois qu'il va falloir aller plus loin notamment en travaillant sur des tas de sujets différents. Par exemple, les coalitions thématiques devraient travailler sur des stratégies sectorielles concrètes, je pense au transport, à l'énergie et toutes ces grandes questions. Des stratégies sur les bailleurs de fonds, ce qui ne passe pas par les COP et donc il faut aller voir directement ces bailleurs financiers pour leur faire des propositions. Des stratégies d'échanges de bonnes pratiques et de renforcement des capacités, etc...Il faudrait faire tout cela avec nos moyens évidemment limités. Mais, en tous cas, voilà la vision globale que nous portons au niveau de notre communauté climat. Justement, vous venez d'évoquer la question du financement qui est au cœur des préoccupations des acteurs non-étatiques. Est-ce que le Sommet d'Agadir a permis d'avancer sur ce plan ? L'accès facilité au financement pour les acteurs non-étatiques est une question clé à laquelle nous avons consacré une plénière à Agadir, parce qu'il faut que nous trouvions des solutions pour que ce soit moins compliqué pour les acteurs non-étatiques d'avoir accès à cet argent. Les villes africaines, par exemple, ont du mal à avoir accès aux financements parce qu'elles n'offrent pas les garanties. Donc, nous avons pensé que les fonds supplémentaires du climat ne devraient plus être des fonds de subvention mais plus des fonds de garantie qui permettent d'avoir accès aux financements classiques existants dans les banques de développement.