La 1re Conférence nationale sur le marché de carbone a ouvert ses travaux sur le chantier d'implication dans le système international d'échange de droits d'émissions de gaz à effet de serre (GES), en accord avec la conjoncture économique du Maroc. Faire partie du marché international d'échange de droits d'émissions de gaz à effet de serre (GES) n'est plus un rêve lointain. Nezha El Ouafi, secrétaire d'Etat chargée du développement durable, a ouvert les travaux de la 1re Conférence nationale sur le marché de carbone devant amorcer le chantier de concrétisation d'un tel marché, conformément à la conjoncture économique du Maroc, et de manière à ce que les nouveaux mécanismes du marché mondial, des recommandations contenues dans le sixième article de l'Accord de Paris sur le climat, ainsi que de l'évolution que connaissent les secteurs de l'électricité, des phosphates et du ciment au Maroc, notamment en matière de calcul des GES, de procédés d'amélioration de la qualité de contrôle et d'administration des données relatives aux émissions. Pour la secrétaire d'Etat, le défi réside dans le passage «d'une logique de négociations multilatérales à une logique de mise en œuvre nationale de la NDC, avec un calendrier très ambitieux, puisque dès 2018 nous devrons commencer à démontrer les premiers résultats en matière de réduction de nos émissions de carbone et de la trajectoire d'atteinte des objectifs sur lesquels nous nous sommes engagés». Pour ce faire, la stratégie adoptée s'est basée sur trois axes principaux : la mise en place d'un cadre institutionnel ; la mise en place d'un cadre opérationnel ; la mise en place d'un cadre financier. «Aujourd'hui, je suis fière de vous annoncer que cet exercice est derrière nous, puisque cette stratégie a été adoptée il y a quelques jours par le Conseil des ministres», a expliqué El Ouafi dans son allocation prononcée en ouverture de la conférence, avant d'annoncer que «nous avons désormais une feuille de route claire de mise en œuvre de la NDC du Maroc, articulée autour de 52 projets structurants pour la réalisation de notre effort d'atténuation et d'adaptation chiffré à 50 milliards de dirhams qui doivent tracer le chemin critique de l'engagement du royaume dans le cadre de l'Accord de Paris». Par ailleurs, le Maroc a créé le 4C (centre de compétence pour le changement climatique) auquel participent les acteurs étatiques, les entreprises, la recherche, les ONG et les collectivités locales. Il s'agit là d'une instance centrale de coordination et de montée en compétences qui représentera, avec le Burundi, l'Afrique au sein de Comité de Paris sur le Renforcement des capacités. Pour s'assurer que les objectifs visés soient atteints, il a été procédé à l'élaboration d'un plan triennal de renforcement des capacités, avec l'ambition de monter en compétences plus de 2.000 acteurs sur la période 2017-2021. Aussi, ce plan visera l'accompagnement des porteurs de projets dans le renforcement de la maturité technique, économique et financière des projets pour améliorer leur financement, ce que nos amis anglo-saxons appellent «la bancabilité». S'agissant du cadre financier du projet, la secrétaire d'Etat a annoncé que le Maroc avait lancé, avec l'appui de la Banque mondiale, les études de faisabilité de la création d'un marché carbone au Maroc, dont les premiers résultats seront présentés à l'occasion de la COP23 à Bonn. Elle a toutefois rappelé que la finance carbone ne repose pas uniquement sur le marché des droits d'émissions de GES, mais aussi et surtout sur la taxe carbone (lorsqu'elle est appliquée de manière chirurgicale et vertueuse en alimentant le financement des nouvelles solutions innovantes), les instruments d'incitation climat (des cofinancements sous forme d'aides directes) et les Instruments financiers climat (qui sont les outils de financement en prêt et en capital, en particulier des grands projets d'infrastructures). Ainsi, ce programme quinquennal constitue le socle opérationnel de la Stratégie nationale de développement durable qui est, elle-même, la feuille de route de l'implémentation de la NDC.