L'enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine aux enfants de la communauté marocaine établie à l'étranger reste encore marqué par de grandes insuffisances bien que l'expérience marocaine en la matière dépasse 40 ans. Ce n'est que vendredi dernier, qu'un cadre référentiel de cet enseignement vient d'être adopté. Hassad appelle au développement de l'enseignement à distance en faveur des MRE. L'enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine aux Marocains résidant à l'étranger n'a pas encore atteint les objectifs escomptés en dépit des efforts déployés depuis quarante ans. Il faut dire que les moyens mobilisés à cette fin restent encore en deçà des aspirations. Uniquement quelque 500 enseignants sont chargés de cette mission en Europe alors que les besoins et les attentes des ressortissants marocains à l'étranger sont énormes. Le ministre de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Mohamed Hassad, estime nécessaire de développer de nouveaux moyens d'enseignement en faveur des MRE comme l'enseignement à distance pour pallier la difficulté du manque de ressources humaines. «Même si on multiplie le chiffre des enseignants dans les pays d'accueil des ressortissants marocains par deux voire trois, le nombre des bénéficiaires restera limité. Il faut développer l'enseignement électronique et d'autres moyens comme la télévision», précise le responsable gouvernemental. Outre les moyens humains et logistiques, l'enseignement dédié aux enfants de la communauté marocaine à l'étranger nécessite le développement d'une approche pédagogique spécifique. Jusque-là, les enseignants dans les différents pays de résidence s'appuient sur leur propre expérience et ne disposent ni de manuels scolaires ni d'un document pédagogique référentiel, ce qui constitue un véritable frein pour la concrétisation des objectifs fixés. Pour pallier cette problématique, un cadre référentiel de l'enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine a été adopté vendredi dernier au siège du Conseil supérieur de l'éducation. Elaboré par le département de l'Education nationale en collaboration avec la Fondation Hassan II pour les MRE, ce référentiel sera désormais un cadre obligatoire pour tous les enseignants qui enseignent la langue arabe et la culture marocaine. Il vise, entre autres, à encadrer les enfants de la communauté marocaine établie à l'étranger et former des compétences marocaines à l'étranger maîtrisant la langue arabe et ayant suffisamment de connaissances en matière de culture marocaine. Le document de 140 pages précise les cibles, la méthodologie, les objectifs de l'enseignement dédié aux enfants des MRE, les compétences à acquérir par l'apprenant, l'architecture pédagogique et l'organisation de l'enseignement en fonction des cycles, les niveaux référentiels, la nature du contenu, les programmes scolaires, l'approche pédagogique et didactique...Ce référentiel, à lui seul, ne sera pas suffisant. Il s'avère nécessaire de mettre en place de nouvelles mesures. Une étude menée par le Conseil supérieur de l'Education, de la formation et de la recherche scientifique sur l'enseignement de la langue arabe et de la culture d'origine (ELCO) et le séjour culturel révèle que l'attachement des MRE au pays d'origine est très fort et se manifeste par l'utilisation de la langue darija et l'amazigh et par leur aptitude à intégrer la culture marocaine à travers la musique, la cuisine et les traditions vestimentaires ou autres. Néanmoins, l'enseignement de la langue arabe et de la culture d'origine, bien que souhaité et ciblé, ne favorise pas un apprentissage abouti de l'arabe classique. Ce déficit linguistique est, selon l'étude, accentué par les contenus des programmes, des méthodes d'enseignement et des infrastructures éducationnelles. Pour le Conseil supérieur de l'éducation, deux scénarii sont à envisager pour le séjour culturel et l'ELCO. Le premier est basé sur l'amélioration de l'existant en parant aux déficits constatés à travers plusieurs mesures : apporter une réponse substantielle à la réforme des programmes et des contenus de l'enseignement de la langue, concevoir un cadre de référence et un dispositif comportant des tests de niveaux, introduire les nouvelles technologies dans l'enseignement de la langue arabe en présentiel et utiliser les supports numériques afin de le moderniser, améliorer le cadre des infrastructures d'enseignement, former les enseignants aux méthodes adaptées spécifiquement aux élèves ciblés par ce type d'enseignement. Le deuxième scénario envisage une nouvelle orientation au programme en intégrant l'enseignement de la langue arabe dans les établissements des pays d'accueil et en consolidant le séjour culturel (ciblage des enfants entre 8 et 13 ans, conception de programmes appropriés et des séjours culturels d'échange). Le conseil estime impératif de créer un programme d'e-learning en arabe et concevoir un système de tutorat et une certification par niveau. Niveau faible de maîtrise de la langue arabe Quelque 70.000 MRE bénéficient de l'enseignement de la langue arabe dans les pays européens aussi bien dans le cadre de l'enseignement intégré (14% ), différé (56%) ou parallèle (30%). L'étude menée par le Conseil supérieur de l'éducation avec la fondation Hassan II dans trois principaux pays (France, Belgique et Allemagne) a porté sur un échantillon de 1.272 enquêtés dont 86% sont nés dans les pays de résidence. Il ressort de cette enquête que le niveau de maîtrise de la langue arabe classique est faible chez 52% des répondants et moyen chez 38% d'entre eux alors que le niveau de maîtrise de la darija est plus élevé (59%). 48% des répondants connaissent le passé de leur pays ainsi que leurs origines et 75% regardent les chaînes de télévision marocaines. La langue arabe classique est apprise de manière précoce : 70% ont commencé son apprentissage entre six et huit ans. 67% des enquêtés pensent que les cours méritent une certaine révision et qu'ils devraient être améliorés avant de continuer à être dispensés aux enfants de la communauté MRE. Ils mettent en évidence la nécessité de résorber quelques déficits en termes de contenu des programmes et d'équipements.