Le royaume confirme une fois de plus son statut de modèle pour les pays de l'Afrique subsaharienne. L'expérience marocaine a été mise en exergue lors du Forum international sur le financement des PME, qui s'est tenu en fin de semaine à Dakar. Rassemblant tout le gotha économique du Sénégal et des principaux pays de l'Afrique de l'Ouest, le Forum a vu la participation d'une délégation marocaine composée principalement d'une équipe de la Bourse de Casablanca et de la Caisse centrale de garantie. Certes, le Maroc doit lui-même faire face à des problématiques liées à la facilitation de l'accès des PME au financement. Cependant, comparativement aux pays d'Afrique subsaharienne, le royaume semble avoir accompli des pas de géant qui ne manquent pas d'inspirer le Sénégal et ses voisins. Ainsi, le marché boursier de Casablanca et les opportunités de financement qu'il offre aux PME a été cité comme une véritable alternative. Pourtant, aujourd'hui, «les PME marocaines ne constituent que 2% de la capitalisation boursière de la place casablancaise», à en croire Badr Benyoussef, directeur de développement à la société gestionnaire de la place. Aussi, des actions sont-elles aujourd'hui entreprises pour permettre de redynamiser la présence des PME à la Bourse. «Il faut aujourd'hui militer pour se rapprocher davantage de ces entreprises, afin de cerner au mieux les problématiques qui les éloignent de la cote», recommande Benyoussef. Le cas du Maroc n'est pas isolé, puisque la Bourse de la région UEMOA souffre également aujourd'hui de la rareté de papiers émanant des petites structures. Le Maroc, même s'il n'en a pas encore récolté les fruits, a pris un nombre d'initiatives qui inspire désormais l'Afrique subsaharienne. Il s'agit notamment des incitations fiscales qui se présentent sous forme d'exonération à hauteur de 50% de l'IS sur les trois premières années de cotation, ou encore de la subvention qu'accorde la Bourse des valeurs de Casablanca (BVC), pour permettre de réduire le coût des introductions en Bourse des PME. Ces mesures s'ajoutent aux différents mécanismes introduits par le fonds de garantie et les programmes d'accompagnement, ainsi que les diverses actions pilotées par l'agence nationale pour la promotion des PME (ANPME), pour faciliter l'accès au financement. C'est du moins ce qu'a tenté de «vendre» la délégation marocaine aux pays participants . En parallèle, l'équipe de la BVC a profité de l'événement pour démarcher les entreprises subsahariennes. Le directeur général, Karim Hajji, a précisé que les portes de la place casablancaise sont grandes ouvertes pour les PME de l'Afrique de l'Ouest, «une sous-région du continent qui dispose d'un énorme potentiel de développement et où les PME jouent un rôle majeur dans la croissance». Il faut dire que cela représente une niche assez importante pour la Bourse de Casablanca, surtout que celle-ci est vouée à s'internationaliser, notamment avec le projet d'ouverture de son capital à des bourses étrangères et son rôle dans le projet de Casa Finance City. Et pour cause, l'essentiel du tissu économique en Afrique de l'Ouest est constitué de PME et PMI qui contribuent majoritairement à la création des richesses et représentent près de 90 % des emplois. C'est dire le nombre de candidats potentiels. La seule condition est de satisfaire les exigences du CDVM. Il ne reste plus donc qu'à vulgariser la Bourse comme source de financement des PME, chose qui n'est pas acquise d'avance. En effet, Les Echos quotidien a pu constater dans le stand de la BVC à Dakar, que grand nombre de visiteurs ignoraient presque tout des marchés boursiers. «Nous avons tout de même eu des visites de PME qui étaient intéressées par une cotation à Casablanca pour lever des fonds, notamment d'une structure exportatrice sénégalaise cherchant à se rapprocher des opérateurs économiques marocains», nous confie-t-on auprès des cadres de la BVC. Désintérêt des fonds d'investissement Ceci dit, il y a lieu de souligner que le forum a permis de mettre au devant de la scène une problématique de taille touchant les PME africaines (dont celles du Maroc), qui est celle du financement de la création de l'entreprise. En effet, les principales doléances recueillies auprès des PME participant au forum concernaient l'accompagnement financier lors de la création. Or, il s'avère aujourd'hui que ni la Bourse, ni les banques, ne peuvent jouer ce rôle. C'est ce qui remet sur le devant de la scène la question liée au faible intérêt porté par les Fonds d'investissement, notamment ceux-du capital risque, chose qui s'expliquerait certainement par le climat des affaires qui se retrouve souvent pénalisé par les conditions politiques dans plusieurs pays africains.