La mise en place des objectifs de la politique migratoire passe inéluctablement par un partenariat étroit avec la société civile. Depuis le lancement de la stratégie marocaine, bon nombre de projets portés par les associations ont été financés par le département de tutelle. Actualité oblige, le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration, Abdelkrim Benatiq, a démarré son action par une rencontre avec la société civile œuvrant en faveur des migrants au Maroc pour expliquer les tenants et aboutissants du dossier des réfugiés syriens bloqués sur le territoire algérien près des frontières avec le Maroc. C'était l'occasion de relever l'importance de la mission des acteurs associatifs dans la concrétisation des objectifs de la politique migratoire du Maroc portant sur l'intégration économique et sociale des migrants, qui demeure un enjeu fondamental nécessitant la conjugaison de tous les efforts. Depuis 2013, un programme d'appui au développement des associations représentant les migrants a été mis en place. Cette action vise à sensibiliser les administrations en charge de la gestion de la procédure de reconnaissance des associations sur la diligence dans le traitement des dossiers, en vue d'encourager l'émergence de plusieurs associations représentant les immigrés comme interlocuteurs clés du département ministériel de tutelle sur les questions liées à l'immigration. Une grande importance a été accordée à l'appui du processus de régularisation des associations de migrants. C'est ainsi qu'entre 2013 et 2016, quelque 32 associations étrangères ont été régularisées, outre la régularisation générale de la situation de séjour des responsables et des membres des associations de migrants. Dans le cadre du renforcement du partenariat avec la société civile, des appels à projets sont lancés chaque année en vue d'appuyer financièrement les associations œuvrant dans le domaine de la migration pour la réalisation de projets dédiés aux migrants et réfugiés. En 2014, quelque 60 projets ont été financés contre 64 approuvés en 2015 pour un montant de 36,5 MDH. En 2016, le ministère de tutelle a subventionné 109 projets portés par quelque 90 associations dans plusieurs domaines: l'accompagnement juridique et l'intégration sociale, éducative et culturelle, les colonies de vacances ou encore l'intégration économique et professionnelle. En dépit des réalisations, de grands efforts restent à déployer pour atteindre les objectifs escomptés sur le plan de l'intégration socio-économique des migrants au Maroc. Au niveau de la généralisation de l'accès des migrants à l'enseignement, des actions devront être déployées pour une meilleure mise en application de la circulaire du ministère de l'Education nationale autorisant les immigrés et les réfugiés à accéder aux écoles publiques et privées et à l'éducation formelle au Maroc, indépendamment de leur situation administrative. Dans le domaine de l'emploi, les migrants nourrissent de grands espoirs. La formation professionnelle est la pierre angulaire de ce processus. Le secteur est ouvert aux migrants au même titre que les Marocains. Néanmoins, le chemin demeure encore long en matière d'insertion professionnelle des immigrés. Il s'avère désormais nécessaire d'accélérer la cadence des actions. La sécurité au cœur de la politique migratoire Le Maroc a renforcé son dispositif sécuritaire pour juguler le trafic d'êtres humains. «Nous sommes prêts à trouver des solutions, mais nous restons vigilants sur le plan sécuritaire», souligne Abdelkrim Benatiq. Devant les acteurs associatifs, le responsable gouvernemental a précisé, jeudi dernier, que l'Algérie et les organisations humanitaires internationales devaient assumer leur responsabilité à l'égard des réfugiés syriens sur le territoire algérien, d'autant plus que le Maroc déploie de grands efforts sur son territoire en la matière. L'opération de régularisation entre le 2 janvier et le 31 décembre 2014 a permis la régularisation de la situation de plus de 5.000 Syriens, soit 23% de l'effectif global. La deuxième phase d'intégration des personnes en situation irrégulière, lancée le 16 décembre 2016, a enregistré des demandes de ressortissants de 100 nationalités, dont des Syriens. Jusqu'à janvier 2017, la requête de 1.086 demandeurs d'asile syriens a été confirmée. Abdelkrim Benatiq Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration «L'intégration des migrants est une priorité» Les Inspirations ECO : Comptez-vous renforcer le partenariat avec les associations œuvrant en faveur des migrants ? Abdelkrim Benatiq : Nous comptons renforcer le partenariat avec la société civile qui travaille avec les migrants au Maroc. Nous considérons que la société civile assure l'interface avec les migrants. En effet, n'importe quelle politique migratoire ne peut pas réussir sans le partenariat avec les associations qui sont sur le terrain et gèrent déjà les difficultés. La question du renforcement du partenariat est, pour le ministère, indispensable et vitale. Vous optez pour la continuité. Quelles sont vos priorités ? Nous avons un héritage que nous allons renforcer. L'objectif est de s'inscrire dans la continuité tout en développant et inventant de nouvelles initiatives. Il s'agit de consolider l'existant et de travailler sur les projets et les objectifs. Quid de la situation économique des migrants, qui nécessite encore des efforts considérables? Le volet ayant trait à l'accompagnement des migrants est multidimensionnel. Il concerne plusieurs volets notamment l'accompagnement scolaire, la formation professionnelle, l'assistance juridique... Nous allons travailler avec la société civile sur ces volets-là car nous sommes conscients que sans l'accompagnement des acteurs associatifs sur le terrain, on ne peut pas concrétiser les objectifs fixés.