Mohamed Benjilany, ambassadeur du Maroc à Madagascar Le nouvel ambassadeur du Maroc à Madagascar encourage les investisseurs marocains à se lancer sur la Grande-Île. Dans cette interview, il fait également le point sur la concrétisation des accords bilatéraux signés récemment entre les deux pays. Les Inspirations ECO : Le Maroc et Madagascar ont signé 22 accords et conventions lors de la visite du roi Mohammed VI dans ce pays en novembre 2016. Comment se concrétisent ces accords ? Mohamed Benjilany : Comme vous l'avez si bien mentionné, 22 accords ont été signés pendant la visite de sa majesté le roi Mohammed VI à Madagascar, en présence de son excellence, le président malgache, Hery Rajaonarimampianina. Ces accords impliquent les secteurs publics des deux pays, mais aussi les secteurs privés. L'objectif est de raffermir ce partenariat sud-sud que le Maroc souhaite mettre en œuvre pour le développement du continent. En ce qui concerne leur mise en œuvre, il y a eu immédiatement après la signature de ces partenariats un début de concrétisation. Il est vrai que ces résultats ne sont pas encore visibles car de nombreux projets qui doivent voir le jour dans le cadre de ces partenariats, nécessitent des études de faisabilité ainsi que d'un certain nombre de procédures à compléter, mais je peux vous assurer que nous sommes sur la bonne voie, il y a un début de concrétisation. Qu'en est-il du début des travaux de sauvegarde et de valorisation du canal des Pangalanes ? L'accord sur la réhabilitation du canal des Pangalanes fait partie de ceux en cours de concrétisation. Nous avons eu des échanges de visites, en plus de la mise en place d'un comité de pilotage. Comme vous le savez, c'est un très grand projet qui consiste à réhabiliter un canal long de 700 km. Il y a une phase d'études qui doit être faite afin de démarrer les travaux dans une phase ultérieure qui, je l'espère, sera pour bientôt. Madagascar intéresse désormais le secteur privé marocain. Quels conseils donnez-vous aux entreprises marocaines désireuses de faire des affaires dans le pays ? Je leur dis tout simplement que les opportunités sont illimitées à Madagascar. Il y a aussi un intérêt de la part de la communauté des affaires de Madagascar à travailler avec des partenaires marocains. À l'ambassade, nous recevons des appels quotidiens d'opérateurs qui cherchent à travailler avec le Maroc, qui veulent connaître le pays et s'intéresse à des partenariats. Aussi bien les grands groupes malgaches que les PME-PMI s'intéressent à l'économie marocaine. Il y a donc des choses à faire de part et d'autre. Il faut prendre le taureau par les cornes et se rencontrer directement afin de mieux se connaître. À partir de là, je pense que tous les partenariats sont possibles. Sur le plan logistique et aérien, il est difficile de relier le Maroc à Madagascar. Est-ce qu'une ligne aérienne est à l'étude ? Je ne pourrais pas vous donner de réponse franche pour le moment, mais tout ce que je peux dire est que l'existence de lignes aériennes et maritimes est de nature à faciliter les échanges et à inciter les opérateurs à s'engager dans des actions concrètes. Maroc Export et BMCE Bank of Africa ont récemment organisé une mission d'affaires à Madagascar. Quelle peut en être l'utilité ? Cette mission d'affaires s'inscrit en droite ligne de ce qui a été signé lors de la visite d'Etat de sa majesté le roi. Cette visite a permis de baliser le cadre juridique qui nous permet aujourd'hui de créer un partenariat mutuellement profitable, qui crée de la richesse, stimule la croissance et contribue au développement de nos économies. Canal des Pangalanes : La partie malgache apprécie Le gouvernement malgache exprime sa satisfaction quant aux premiers actes posés par la partie marocaine pour la sauvegarde et la valorisation du canal des Pangalanes. Face à la presse, le 7 avril dernier, lors de l'étape malgache de la mission d'affaires «African Business Connect», le ministre de l'Industrie et du développement du secteur privé, Chabani Nourdine, a confirmé que les équipes de Marchica Med étaient déjà à pied d'œuvre à peine «deux semaines après la signature de l'accord sur le projet de réhabilitation». Le ministre malgache qualifie même les partenaires marocains de «très sérieux». Les études en cours devraient durer six mois et concernent les aspects juridiques, techniques, ainsi que le montage financier. Pour l'heure, le coût global n'est pas encore divulgué, mais il s'annonce élevé et devra nécessiter une forte contribution des bailleurs de fonds. Il est à noter que le canal des Pangalanes, construit au XXe siècle sous l'ère de la colonisation est long de 700 km. Il relie Farafangana à la ville portuaire Tamatave, toutes situées dans l'extrême est du pays.