Le spécialiste en Bâtiment et marchés publics enregistre à nouveau des performances satisfaisantes, et ce, malgré la hausse de l'endettement, les délais de paiement à rallonge ou encore les efforts d'assainissement de la filiale française... Le groupe entame également une nouvelle dynamique de croissance, en préparation à la fin de son emprunt obligataire en 2018. «Le grand sujet pour Jet Contractors durant ces prochaines années sera la génération du cash», confie le management du groupe. Il faut dire que de simple façadier, l'entreprise traite désormais tous les corps d'état TCE (gros œuvre, terrassement, intégration enveloppes et structures). Une transformation qui s'est accélérée depuis son introduction en Bourse en 2011. «L'entrée dans de nouveaux métiers a impliqué, du coup, la constitution d'un fond de roulement conséquent», explique Imane Maaroufi, responsable des relations investisseurs. L'autre facteur du manque de liquidités n'est autre que les retards d'encaissement. L'entreprise gère en grande partie des projets sur les marchés publics, ce qui allonge les délais de paiements. Le niveau du besoin en fonds de roulement s'est établi à 822 MDH à fin 2016, soit 280 jours de CA. Le groupe devient en quelque sorte le premier banquier de ses clients. Pou y remédier et passer –dans un premier temps– à un BFR de 200 jours du CA, Jet Contractors s'organise pour mettre en place une cellule de recouvrement appuyée par une structure juridique, opérationnelle et administrative. Celle-ci sera, bien évidemment, accompagnée d'un pilotage précis des flux financiers et d'un mix clients plus diversifié pour atténuer certains risques (relatifs essentiellement aux longs arrêts de chantiers, tels celui de la conservation foncière et le Terminal 1 de l'aéroport Mohammed 5). L'accroissement des projets en TCE se caractérisera également par de nouvelles et meilleures conditions de paiement. «On tient désormais à être payé au fur et à mesure de l'avancement du chantier», déclare le management du groupe. Ceci dit, malgré le poids des impayés, «l'entreprise reste profitable et affiche une bonne performance commerciale», affirme Nicolas Kepel, directeur développement d'AR Corporation (holding de contrôle de Jet Contractors). D'un côté, l'EBITDA qui ressort en hausse de 15% à 208,8 MDH, et ce malgré une baisse qui s'est tassée ces dernières années autour de 20%. Cette évolution s'explique, selon le management, par le positionnement sur des projets en «gros œuvre» qui nécessite des achats plus importants en phase de démarrage des travaux, ce qui implique un certain décalage mécanique de la marge. Mais cela concerne également le système de facturation de projets présentant de faibles marges pendant la période 2012-2016 et entrés en carnet avant 2015. «Le marché a été très concurrentiel durant cette période. Il a été difficile de se faire un peu de marge», souligne Maaroufi. Et d'ajouter: «Ceci dit, les retombées du nouveau positionnement devraient apparaître en 2017». Le résultat net, quant à lui, a enregistré une hausse de 7% à 36,2 MDH, avec une marge nette qui recule à 3%. Une détente qui dure depuis 2014 -l'année de l'emprunt obligataire-, impactée par l'augmentation des charges d'intérêt (soit 8 MDH supplémentaires en charges d'intérêts supplémentaires depuis 2014), en plus de la fin de l'économie d'impôt sur les sociétés dont bénéficiait l'entreprise suite à son IPO. À cela s'ajoutent les dotations financières qui ont permis d'assainir la situation des filiales à l'international. En France précisément où Jet Contractors a tenté –en vain– de redresser l'activité des filiales, déjà vacillante au moment de leur acquisition en 2013. Un pari qui n'a finalement pas abouti et qui engloutit une grande partie des financements, poussant le groupe à y renoncer deux ans plus tard. Cela n'a pas empêché l'entreprise à honorer ses engagements sur le sol français. «Le mea culpa est de rigueur... On assume... C'est la condition aussi de la croissance», insiste le management. Les ambitions à l'international du groupe, pour l'instant, s'étendent à des projets de gros œuvres dont 6 pays (l'Algérie, le Congo, la Côte d'Ivoire, la France, le Nigeria et le Mali). «Ce ne sont que des projets, nous ne pensons pas à des représentations physiques pour le moment», nous confie Mohamed Adil Rtabi, président de Jet Contractors. Par ailleurs, l'entreprise se félicite de l'exceptionnel carnet de commandes 2016 qui englobe près de 2 MMDH de projets décrochés. L'entreprise entend hisser ce volume à 3 MMDH à l'horizon 2018 - date qui coïncide avec la fin de l'emprunt obligataire-. L'année écoulée a également été marquée par plusieurs réalisations phares, dont certaines ont été déjà livrées. Il s'agit notamment d'Arribat Center, de bâtiments industriels TMSA, de l'Ecole Centrale de Casablanca et de la gare d'Oujda. Les autres chantiers en cours concernent, entre autres, la clinique périnatale de Bamako, la gare LGV de Kénitra, le centre de maintenance du TGV à Tanger, la tour Casablanca Finance City, Le Grand théâtre de Casablanca.... En termes de perspectives, le groupe cible une croissance durable et orientée vers un positionnement dans les travaux en TCE. Au moment où le chiffre d'affaires 2016 a dépassé la barre symbolique du milliard de dirham, le groupe s'appuie sur un taux de croissance annuel moyen de 29% pour s'établir à plus de 1,5 MMDH à fin 2018. Pour ce faire, Jet Contractors entend asseoir les acquis du groupe sur les métiers de charpentes et de façades avec une structuration interne mieux maîtrisée et suivant la classification du ministère de l'Equipement, qui couvre plusieurs secteurs. «Ce qui nous permet de soumissionner à des projets de taille plus importante», assure Maaroufi. Aussi, un accent particulier sera mis sur le pôle Energie, piloté par Jet Energy, afin de confirmer le démarrage et la rentabilité de l'activité EPC. Au vu de ces résultats, le Conseil d'administration proposera la distribution d'un dividende de 4 DH par action au titre de l'exercice 2016.