Le chômage affecte pas moins de 29,5 millions de personnes en Afrique principalement des jeunes. Une réalité inquiétante qui sera étudiée à l'occasion du «Governance Week-end 2017» organisé par la fondation Mo Ibrahim cette semaine à Marrakech. Le rapport sur lequel s'appuiera le Forum 2017 de la Fondation Mo Ibrahim, «Un point de bascule pour l'Afrique», explique que l'avenir du continent africain dépendra de sa capacité à apporter une réponse adéquate aux attentes d'une jeunesse devenue fortement majoritaire. Près de 60% de la population d'Afrique est âgée de moins de 25 ans. En 2050, l'Afrique comptera 452 millions de jeunes de moins de 25 ans, soit plus de 60% du total de la population européenne en 2015. Une situation qui accule à anticiper dès maintenant les défis et opportunités que cette réalité impose. La Fondation Mo Ibrahim fera de cette question une priorité dans le cadre du «Governance Week-end 2017» qui se tiendra du 6 au 9 avril, à Marrakech. Il s'agit de l'évènement majeur de la gouvernance dans le continent, organisé annuellement par la Fondation Mo Ibrahim qui axe ses activités sur le rôle essentiel du leadership et de la gouvernance en Afrique avec notamment la tenue du Forum Ibrahim. Le rapport sur lequel s'appuiera le Forum 2017 de la Fondation Mo Ibrahim, «Un point de bascule pour l'Afrique», souligne que, malgré d'incontestables progrès, le continent africain est aujourd'hui confronté à un risque réel de recul. Son avenir dépend avant tout de sa capacité à apporter une réponse adéquate aux attentes d'une jeunesse devenue fortement majoritaire. Le dynamisme, l'ambition et le potentiel de cette catégorie de la population constitue une richesse extraordinaire pour les pays du continent. « Toutefois, de facteur de progrès, ce dividende démographique peut se transformer en facteur de déstabilisation », prévient le rapport. Pour les experts à l'origine du document, trop de jeunes Africains se sentent aujourd'hui privés de toute perspective économique et dépourvus du moindre poids sur les décisions concernant l'avenir de leur propre continent. Le poids du chômage est important pour le continent avec pas moins de 29,5 millions de chômeurs en 2015. Une situation qui diffère d'un pays à l'autre. Bien qu'étant la 2e économie d'Afrique, l'Afrique du sud trouve des difficultés à trouver des débouchés pour près de la moitié de sa jeune population. En Egypte, ce n'est pas moins d'un tiers de la jeune population qui se retrouve sans emploi. Environ un quart des jeunes sont chômeurs en Tunisie et en Algérie et 1/5 des jeunes marocains sont sans activité professionnelle. Le Maroc est ainsi classé 18e sur l'ensemble des pays africains en ce qui est du chômage des jeunes. L'inquiétude plane dans un contexte où la croissance économique, malgré son importante progression, n'a pas été porteuse d'emplois nouveaux, notamment pour les jeunes: «au cours des dix dernières années, alors que le PIB réel de l'Afrique a enregistré une hausse annuelle moyenne de 4,5 %, le taux de chômage des jeunes n'a pas quitté un niveau élevé». Si aujourd'hui la jeunesse africaine a bénéficié en moyenne d'un niveau d'éducation plus large et plus élevé que la génération précédente, elle a rarement été dotée des compétences dont l'économie a besoin. L'Egypte et la Tunisie, dont la population figure parmi les plus instruites du continent avec un taux brut de scolarisation dans l'enseignement supérieur de plus de 30 %, enregistrent également l'un des plus hauts taux de chômage des jeunes sur le continent chez les jeunes, supérieur à 30 %. La Fondation Mo Ibrahim alerte contre un risque de montée de l'extrémisme, surtout devant l'absence d'une alternative politique crédible pour les jeunes en quête de démocratie. Les élections « libres et transparentes » se sont multipliées au cours de la dernière décennie, mais le taux de participation décline et le scepticisme vis-à-vis des représentants élus augmente, en particulier chez les jeunes. Le désenchantement à l'égard du modèle démocratique et le manque d'opportunités économiques se conjuguent pour créer un «mélange toxique» qui ne peut que conforter l'attrait de la migration et de l'extrémisme violent. «L'emploi, le statut, le revenu et le sentiment «d'appartenance» que le terrorisme en apparence offre aux jeunes qui se sentent exclus du système général sont sans doute aussi attrayants que l'idéologie elle-même», prévient l'étude. L'aéronautique marocain comme modèle Le rapport de la Fondation Mo Ibrahim met en avant les politiques marocaines en matière de lutte contre le chômage avec notamment l'accent mis sur le secteur industriel et la stratégie d'accélération industrielle opérée par le Maroc depuis 2014. C'est le cas en particulier du secteur de l'aéronautique qui démontre aux yeux de l'étude l'importance d'adapter la formation aux exigences de l'industrie afin de susciter des opportunités d'emploi aux jeunes marocains. « Les diplômés de l'enseignement supérieur marocains proviennent d'un ensemble plus large de domaines d'études que la plupart des pays africains. Cela a servi de base à l'émergence d'une véritable industrie aérospatiale près du pôle de Casablanca », souligne le rapport. L'installation dès le début des années 90 d'une industrie aéronautique au Maroc a permis de faire littéralement décoller les exportations du Royaume en la matière passant de 3,8 millions de dollars en 2002 à 369,9 millions de dollars en 2015 permettant au pays d'améliorer considérablement son avantage comparatif. Pour la fondation Mo Ibrahim « cette diversification des exportations fait partie d'une transformation structurelle de l'économie qui a stimulé les changements dans l'éducation et la promotion des IDE ».