Les deux enclaves ont entendu l'appel du gouvernement espagnol à collaborer avec le Maroc afin de rapatrier ses mineurs. Elles réclament à Madrid des mesures concrètes contre la présence de ces jeunes migrants. Les temps sont durs pour les mineurs marocains migrants à Sebta et Melilia. Les deux enclaves ont décidé de joindre leurs forces pour demander au gouvernement central une grande implication dans ce dossier qui fait les choux gras des médias espagnols. Dans un article publié le week-end dernier dans le journal madrilène El Pais, le conseiller en charge du département du Bien-être social dans le gouvernement de Melilia a souligné que, depuis 2014, le phénomène des «Enfants du Maroc» prend des proportions démesurées. Le responsable a souligné que la ville est passée de l'accueil de 60 mineurs à la prise en charge des 600 jeunes migrants actuellement sous sa tutelle. Comme nous l'avions annoncé auparavant, El Pais n'a pas manqué de rappeler que les déclarations du ministre de la Justice espagnole, dans lesquelles il a appelé à renforcer les mécanismes de collaboration avec le Maroc, ont remis cette question sur le tapis. Au lendemain de ces déclarations, les gouvernements des deux enclaves ont décidé de faire front commun et de présenter le dossier devant Madrid. Selon les dernières statistiques, Melilia a accueilli 1.200 mineurs marocains en 2016 contre 809 pris en charge par le gouvernement sebti. Le gouvernement de Melilia a estimé, de son côté, qu'il a consacré une enveloppe budgétaire de 13 millions d'euros pour gérer les trois centres d'accueil des mineurs dont il dispose. En revanche, l'enclave sebtie aurait consacré un budget de 5 millions d'euros au profit des jeunes mineurs marocains. Une chose est sûre: la question des «Enfants du Maroc» divise la population locale. Les organisateurs d'une manifestation contre la présence des mineurs marocains à Sebta, tenue la semaine dernière devant le siège du gouvernement local, ont proféré des menaces de mort contre un militant de la formation de Pablo Iglesias. Le concerné, Mohamed Faitah, a reçu des menaces de mort pour avoir condamné la stigmatisation et la criminalisation des mineurs marocains. Selon Faitah, «nous sommes convaincus que nous défendons une cause noble et juste et nous sommes contre cette logique perverse qui veut présente les MENA (mineurs étrangers non accompagnés, ndlr) comme responsables du climat d'insécurité qui règne depuis quelques mois à Sebta». Podemos a même mandaté une délégation de son parti pour condamner le harcèlement dont sont victimes des défenseurs de la cause de ces jeunes migrants. Lundi, deux poids lourds du parti d'extrême-gauche se sont déplacés à Sebta pour soutenir le militant du parti. Les membres de Podemos qui ont fait le déplacement à Sebta, un eurodéputé et une députée nationale, ont estimé que le manque de sécurité est le résultat des coupes budgétaires et non de la montée de l'immigration irrégulière des mineurs marocains. Un avis que ne partage pas une partie de la jeune population sebtie active sur les réseaux sociaux. Les membres d'un groupe fermé sur Facebook diffusent en boucle des faits divers concernant des agressions ou des vols, supposés être commis par des jeunes mineurs originaires du royaume. Les représentants de Podemos ont promis de mener un travail de proximité au Parlement pour éviter la stigmatisation de ces jeunes et trouver une solution juste à ce problème migratoire.