Visage familier, voix qu'on le reconnaît parmi tant d'autres, Ouadih Dada a donné un coup de jeune au journal télévisé de 2M avant de se lancer dans la radio où il présente des chroniques décalées tous les matins. De challenge en challenge et d'aventure en aventure, il sort un livre recensant 52 des chroniques les plus représentatives de son univers. Dans «Imaginez si c'était vrai?!», Ouadih Dada ne fait pas qu'énumérer des textes dans un livre à petit prix: il vend du rêve. Un rêve bien réel. «Même heure, même endroit», Ouadih Dada l'a toujours promis et a toujours tenu ses promesses. Aujourd'hui, toujours aussi ponctuel, il négocie un virage professionnel, histoire d'enrichir sa carrière de journaliste et présentateur du JT mais aussi de voir d'autres horizons, en proposant d'«Imaginez si c'était vrai?!». Ses chroniques à la matinale de Radio 2M ne sont pas passées inaperçues: il s'agit de rendez-vous matinaux qui jouent sur les mots et sur l'actualité, que les auditeurs ont plaisir à retrouver. Ceux-ci sont désormais «palpables»: le journaliste en a fait un livre. «Je voulais dévoiler une autre facette de ma personnalité. Jouer avec les mots, certes, mais comment rester en phase avec l'actualité, ne pas dénaturer tout cela? Je me suis orienté vers la fiction, vers l'actualité-fiction. Cela s'est fait de manière très artisanale. Les textes sont le fruit d'un cheminement et d'une maturation en termes de processus d'écriture, en termes d'approche, qui se sont étalés sur 6 mois. Le style, la mécanique que j'ai réussi à générer ont mis du temps à se construire. Ce que j'ai mis dans ces chroniques, c'est une partie de moi-même», confie le journaliste qui a vécu dans le Sud de la France et qui a réussi à réaliser ses rêves d'enfant au Maroc, entre les murs de 2M. Politique, social, santé, Afrique, quotidien d'un Marocain, les chroniques de Ouadih Dada parcourent l'actualité avec humour et intelligence, en commençant par «Imaginez» et en terminant par «Si c'était vrai», tout en portant les auditeurs dans un univers bien à lui, où les jeux de mots sont rois. De «Bac Sahbi» à «Faites du travail», le journaliste fait réfléchir, interpelle tout en laissant une place à l'imaginaire, au rêve qui nourrit l'existence. «L'imaginaire ou l'imagination, c'est ce qui a toujours guidé mon existence. Avant de devenir journaliste et présentateur du JT, je me le suis imaginé! Je me suis imaginé à la place de celui qui m'a donné envie de faire ce métier: Patrick Poivre d'Arvor. Avant que ce rêve ne devienne réalité, je me suis mis dans sa peau. Cette force de l'imaginaire c'est ce que j'ai voulu partager avec les lecteurs et les auditeurs ». Et c'est chose faite, même si Ouadih Dada avoue volontiers que l'exercice n'a pas été facile. Passer de la télévision à la radio a demandé des mois de travail pour trouver un style et une touche particuliers, et passer de la voix au texte a nécessité un travail d'ajustement qui n'a pas été de tout repos pour le journaliste animateur. «Cela a été très douloureux. Quand on se fixe une ambition, cela peut arriver et, heureusement, c'est ce vers quoi je tends. Mais cela peut ne pas arriver tout de suite, et cela doit rester en tête. C'est vraiment un accouchement de l'écriture: autant il y a la douleur de faire émerger des mots, du sens, une histoire, autant il y a une joie immense d'y être arrivé, de voir ce nouveau-né. L'autre joie est de voir l'interaction que cela génère avec les auditeurs», explique un Ouadih Dada en phase avec lui-même, conscient que le travail est la clé du succès et que le rêve est cette porte qu'on se permet d'ouvrir sans en avoir peur. L'idée de coucher 52 chroniques sur le papier est une idée de la directrice de l'antenne, Fathia El Aouni, consciente du succès des chroniques de l'animateur, qui trouvait dommage de les écouter une seule fois et de les voir s'évaporer sur les ondes. Celui qui aime les challenges n'a pas rechigné. Il se lance dans l'aventure avec pour philosophie de se laisser porter par la force de la volonté et du rêve. «Quand on part d'une bonne volonté, d'une initiative positive, les bonnes personnes viennent jusqu'à vous et il se passe des choses magiques. C'est ce que j'essaie de partager à travers cette petite expérience, c'est qu'on n'est pas obligé d'attendre que toutes les conditions soient réunies pour pouvoir faire des choses. Quand on veut se lancer dans un projet, il faut en connaître les tenants et les aboutissants, mais il ne faut forcément attendre que tout soit réuni. Il faut sauter le pas, et les choses vont arriver». Et les choses ont fini par arriver. Après avoir cherché les textes, les avoir sélectionnés, relus, adaptés, corrigés, actualisés, rendus intelligibles à un public qui ne connaît pas ses chroniques à la radio, Ouadih sort «Imaginez si c'était vrai». Un livre brillant, où défilent des chroniques qui bousculent, qui font sourire, rire parfois, et qui font prendre conscience de l'absurdité de notre quotidien. Une manière décalée de voir les choses, une vision imaginaire tout en restant dans le réel avec ce pouvoir que l'animateur a de jongler avec les mots, un pouvoir dont il joue et qui lui vient de la darija, selon lui: «La darija a toujours été un vecteur de lien très fort avec le pays. J'aime la polysémie qu'il y a dans notre arabe marocain, les sens multiples que reflètent certains mots ou certaines expressions. On a énormément d'expressions porteuses d'images qu'on peut prendre dans plusieurs sens, ne serait-ce qu'en fonction du ton. Ce goût de jouer avec les mots m'est venu avec la darija», confie l'enfant en lui qui est né et a vécu dans le Sud de la France, avant de retrouver son pays d'origine. Une vie qu'il a longtemps imaginée et qui est devenue réalité parce que, selon Ouadih Dada, «Il ne faut pas s'empêcher de rêver !»...