Propos recueillis par zakaria boulahya Les Echos : Vous avez tenu, cette semaine, une réunion avec le patronat. Quel en était l'objectif? Amina Benkhadra : Cette réunion de concertation et d'information est, avant tout, une action de sensibilisation à l'importance que revêt la politique environnementale conformément aux directives royales. L'objectif est d'ériger la préservation de l'environnement et le développement durable au rang de priorité dans les secteurs de l'industrie, du tourisme, de l'agriculture... et pouvoir, ainsi, mobiliser l'ensemble des membres de la CGEM et des fédérations sectorielles pour qu'ils s'engagent de manière plus forte que par le passé dans les différentes politiques de développement durable. Nous en avons également profité pour annoncer les objectifs de la Charte, qui est en cours de préparation par une commission intermi-nistérielle. Nous espérons susciter une prise de conscience collective tout en accompagnant le changement des mentalités et des comportements, pour que toutes les exigences de préservation de la biodiversité soient une obligation inscrite dans la pratique au quotidien des individus et des entreprises. Le but ultime étant la mobilisation de l'ensemble des acteurs, public, privé, société civile... La charte étant encore en cours de préparation. Quelles sont les prochaines étapes? Nous sommes vraiment dans les dernières phases de finalisation de cette Charte qui va faire l'objet d'un débat national à travers la concertation des différents acteurs. Une caravane citoyenne sillonnera le pays dans le cadre d'une campagne de sensibilisation et un site web dédié permettra de réagir sur le contenu de la Charte. Un programme détaillé sera finalisé d'ici la fin de la semaine pour définir des actions de terrain ainsi que le programme des caravanes. Ensuite, viendront les Assises nationales de l'Environnement et la finalisation de la Charte au niveau du Conseil national de l'Environnement avant son adoption lors de la prochaine Journée de la Terre. Le processus est lancé. Certes, le délai est court mais la volonté et la dynamique enclenchées sont telles que nous passerons au-delà des contraintes de temps. Le Maroc avait orienté sa politique vers l'éolien et maintenant, on parle surtout de solaire. Pourquoi ce revirement? Ce n'est pas un revirement. Notre stratégie énergétique se décline en plusieurs politiques, l'éolien, le solaire, la biomasse. Ces orientations ne datent pas d'hier, mais elles ont été développées très récemment suite à l'impulsion donnée par le discours royal. Je peux vous confirmer que l'éolien se poursuit et que la biomasse se développera selon les spécificités des différentes régions du Royaume. Le Maroc sera-t-il fortement présent à la conférence de Copenhague? En effet, le Maroc se prépare à la conférence de Copenhague bien qu'il soit un pays à faible émissions de gaz à effet de serre. Compte tenu des conséquences sur le climat mondial, notre pays est fortement touché par l'aridité et la raréfaction des ressources en eau. Nous avons mis en place un plan de lutte contre le changement climatique par le biais de politiques d'atténuation dans les secteurs clés, à l'exemple du développement de l'énergie solaire qui va permettre à notre pays d'économiser 3,7 millions de tonnes de CO2 par an et qui contribuera également à réduire notre facture énergétique. Quels sont les autres projets avancés en matière de développement durable? Il y a d'autres actions ciblant la biomasse, l'éolien et l'efficacité énergétique.L'une d'elles vise l‘amélioration des transports publics, l'installation de tramways dans les grandes villes, ainsi que le renouvellement du parc de véhicules. Ce travail est fait conjointement avec les ministères de l'Intérieur et de l'Equipement et des Transports. Le traitement des déchets est aussi un axe prioritaire à travers les Programmes Nationaux de Gestion des Déchets, sans oublier les politiques de reforestation. La vulnérabilité du Maroc face aux aléas climatiques a motivé ces politiques d'adaptation dans le secteur de l'agriculture, surtout en termes de gestion des ressources hydriques.