La réussite du secteur agricole au Maroc inspire de nombreux pays africains dont le Soudan du Sud, que le royaume s'engage à accompagner pour l'essor de son agriculture. Avec le retour du Maroc à l'Union Africaine, l'expérience pourrait s'étendre plus rapidement sur le continent. Le modèle de développement agricole du Maroc s'exporte sur le continent. Lors de la toute première visite du roi Mohammed VI au Sud-Soudan le 1er février, le Maroc et le plus jeune Etat d'Afrique ont signé neuf accords et mémorandums bilatéraux, dont un consacré au domaine agricole. Ce dernier, devrait permettre au royaume d'accompagner le Soudan du Sud à restructurer son secteur hydro-agricole et de développer des ressources humaines dans le secteur agricole. Lors d'une audience que lui a accordée le président sud-soudanais, Salva Kiir Mayardit, le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, a indiqué que l'accent sera également mis sur l'examen des moyens susceptibles de développer l'agriculture des semences de sorgho, largement cultivées dans le pays. Cela, d'autant plus que le Soudan du Sud regorge d'énormes potentialités à même de permettre la mise à niveau de son secteur agricole et de vastes terres, dont seulement 4% sont exploitées, alors que la population rurale constitue 80% des habitants du pays. Sénégal, Nigéria et Ethiopie Cet engagement marocain dans ce pays au sol fertile, intervient quelques mois après la signature, en novembre 2016, d'une convention avec le Sénégal, pour «le développement équilibré et inclusif de la petite agriculture et du monde rural, à travers la mise en place d'un dispositif adapté aux réalités de l'agriculture familiale sénégalaise». Auparavant, en Ethiopie et au Nigéria, le royaume avait surpris plus d'un avec la mise en branle de projets chiffrés sur plusieurs milliards de dollars. Ceux-ci mettent en avant l'Office chérifien des phosphates (OCP), appelé à développer, dans ces deux pays très peuplés du continent, des unités de production de phosphates. Triple A à l'UA En outre, l'initiative «Triple A», dédiée à l'adaptation de l'agriculture africaine (www.leseco.ma), est soutenue par une trentaine de pays du continent. Avec le retour effectif du Maroc à l'Union africaine, depuis le 28e sommet, tenu fin janvier à Addis-Abeba, le royaume espère partager davantage son expérience agricole avec le reste du continent. D'ailleurs, dans son discours devant ses pairs africains, le roi Mohammed VI n'a pas manqué de mettre en avant les objectifs attendus à travers l'initiative «Triple A», en déclarant : «L'initiative triple A vise à lever un financement plus important au profit de l'adaptation de la petite agriculture africaine; elle accompagnera également la structuration et l'accélération de projets agricoles». Aziz Akhannouch Ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime L'audience qui a eu lieu à Juba avec le président du Sud-Soudan, ndlr sur instructions de Sa Majesté le Roi a été consacrée à l'examen des moyens et actions à entreprendre pour la mise en œuvre de l'accord de coopération bilatérale dans le domaine agricole. Les perspectives sont prometteuses au vu de l'énorme potentiel de partenariat offert par les deux pays dans ce domaine». José Graziano Da Silva Directeur général de la FAO Le Maroc joue désormais un rôle de leadership en matière agricole dans le cadre de la coopération Sud-Sud. J'invite les pays à multiplier les échanges d'expériences, non seulement au niveau des cadres, mais aussi via des visites mutuelles entre les agriculteurs». Partage de savoir-faire Depuis quelques années, le Plan Maroc Vert a commencé à s'exporter en Afrique subsaharienne. Le royaume apparaît désormais comme un modèle de réussite en matière de politique agricole. Ce constat avait été fait depuis décembre 2014 à Marrakech, lors de la conférence sur la coopération Sud-Sud agricole. Cette rencontre avait mobilisé le directeur général de la FAO, José Graziano Da Silva, ainsi que 14 ministres et 26 délégations issus de toutes les régions du continent. Les travaux avaient permis aux différents pays participants d'avoir un aperçu sur le modèle agricole marocain. Au terme des échanges, plusieurs axes de coopération avaient été identifiés. Le Maroc avait alors fait part de son intention de mettre en partage son expertise en ingénierie et montage opérationnel de système de subventions. Des conseils avaient également été donnés sur les mécanismes de partenariats public-privé, de même que sur la mise en place de procédures de système d'information.