José Graziano Da Silva, directeur général de la FAO, constate que les états africains ont enfin décidé d'ériger l'agriculture en secteur prioritaire. Dans cet entretien accordé aux ECO en marge de la conférence de coopération Sud-Sud, tenue récemment à Marrakech, le responsable onusien revient sur le rôle de son institution dans la lutte contre l'épidémie d'Ebola. José Graziano Da Silva Directeur général de la FAO Les ECO : Comment voyez-vous l'évolution du secteur agricole en Afrique ? José Graziano Da Silva : L'Afrique est l'un des continents où l'agriculture est en train de se développer à un rythme soutenu. Cette dynamique s'explique essentiellement par deux facteurs : d'abord, il y a la disponibilité d'espaces arables en Afrique comme il n'en existe nulle part ailleurs dans le monde. Ensuite, les gouvernements africains sont enfin d'accord et décidés à ériger le secteur agricole comme une priorité. Ils sont en train de mettre en application les recommandations de Maputo de 2003. Celles-ci prévoient notamment de dédier au moins 10% du budget de chaque Etat à l'agriculture et au monde rural. L'ensemble de ces facteurs contribuent à développer le secteur agricole. L'inclusion du secteur privé pourrait-t-elle donner un coup de pouce à cette dynamique ? Si nous pouvons à présent, apporter la technologie et l'expertise nécessaires au secteur privé, cela pourrait permettre d'accélérer le processus de développement de l'agriculture en Afrique. À ce propos, je pense que nous pouvons prendre l'exemple sur le Maroc, qui s'est déjà engagé dans cette voie.. Selon-vous, l'essor de l'agriculture africaine passe-t-il par l'investissement étranger ou par celui des acteurs locaux ? Tous les deux. Ces deux types d'investissement sont complémentaires. Nous ne faisons pas de distinction entre l'investissement étranger et local. Cela, d'autant plus que la plupart des grandes exploitations agricoles est constituée d'investissements mixtes. Si ces investissements privés sont orientés vers la bonne direction, ils peuvent drainer une force importante pour ce secteur. Que fait la FAO pour aider les populations des pays touchés par le virus Ebola en Afrique de l'Ouest ? La FAO est présente sur le terrain depuis le début de cette épidémie, notamment dans les trois pays ouest-africains que sont la Guinée, le Libéria et la Sierra-Léone. Nous ne sommes pas responsables de l'approche médicale à mettre en place dans le cadre de l'éradication de cette maladie. Mais nous avons fourni des outils pour contribuer à l'identification [des malades, ndlr], la formation du personnel de santé. Au niveau du monde rural, nous œuvrons spécialement dans les zones mises en quarantaine afin de fournir des aides alimentaires aux populations, pour qu'Ebola ne se transforme pas en crise alimentaire.