Une stratégie a été mise en place pour produire, pour la première fois, des prémurs et escaliers prêts à l'emploi au Maroc. Un programme de recherche et développement sera lancé en partenariat avec le Centre technique des matériaux de construction. Le secteur du béton préfabriqué serait-il en train d'opérer sa mue ? Pour un secteur qui réalise 5 MMDH de chiffre d'affaires, les enjeux sont de taille, et l'impact des aléas extérieurs liés au climat et les retards de paiement, surtout au niveau de la commande publique, n'arrangent pas les choses. Dans ce contexte, 2016 a été une année difficile avec un recul du chiffre d'affaires de 10% par rapport à 2015. L'année 2017 ne commence certes pas sur les chapeaux de roues, mais la profession détecte un léger frémissement comparé à un mois de décembre atone. Enfin, le secteur du préfabriqué manque de visibilité alors qu'il doit être porteur de changement dans la modernisation de l'acte de bâtir. Car avec le préfabriqué, on gagne en célérité et en qualité, sans oublier l'apport esthétique et paysager que l'immobilier au Maroc ne connaît pas encore. Mehdi Maachi Haddou, élu le 23 décembre 2016 président de l'Association marocaine de l'industrie du béton (AMIB), est venu avec une nouvelle vision issue bien évidemment des délibérations du nouveau bureau. Contacté par les Inspirations Eco, il a confié que l'association s'achemine vers une nouvelle stratégie basée sur la taille des préfabriquants. Ainsi, étaie-t-il, les grands producteurs devraient se focaliser sur le préfabriqué de haute valeur ajoutée comme les prémurs ou les escaliers préfabriqués. Ces deux produits font le bonheur de la construction immobilière en Europe, mais le marché marocain ne les a pas encore adoptés. Pour faire le premier pas, les professionnels comptent aujourd'hui mutualiser les moyens pour lancer des projets de R&D en partenariat avec le Centre technique des matériaux de construction (CETEMCO), laboratoire de référence basé à Casablanca. Toutefois, en l'absence de standardisation des dimensions dans l'acte de construire, il serait difficile de s'engager dans de nouveaux produits au risque d'être rejeté par le marché. C'est la raison pour laquelle, explique Maachi Haddou, une étude a été lancée en partenariat avec le ministère de l'Habitat relative aux modalités de standardisation. Sans toucher à la créativité de l'architecte, la standardisation permettra de remettre un peu d'ordre et d'harmonie dans l'immobilier au Maroc, dont le caractère principal est le manque d'uniformité. Pour ce qui est des préfabriquants de taille moyenne, l'idée est de les inciter à aller dans les régions les moins desservies, hors de l'axe Kénitra-Casablanca où la concurrence atteint son paroxysme. Souvent, dans les grandes villes, la capacité de production dépasse la demande. Quant aux petits préfabriquants, qui représentent 15% du chiffre d'affaires du secteur, l'association a mis en place un cycle de formation sur la qualité et la gestion. L'autre bataille du secteur se fait autour du tuyau en béton face à celui en PVC. «En Europe, on n'utilise plus le PVC qui a une durée de vie limitée alors que celui en béton présente un avantage en termes de longévité et de qualité», explique Maachi Haddou. En termes de valeur ajoutée locale et d'emploi, il est vrai que le tuyau en béton offre plus de commodité. Cependant, il ne faut pas oublier que la concurrence du PVC n'est pas à sous-estimer. «Label Préfa» Par ailleurs, les professionnels du préfabriqué sont en train de mettre en place un «Label Préfa» de qualité et d'innovation. Ce sera alors le nouveau passeport des préfabriquants pour les marchés à haute valeur ajoutée et un moyen de se mettre à niveau. Ainsi, ceux qui voudront y accéder devront justifier d'un certificat de conformité délivré par l'Institut marocain de normalisation (IMANOR). Ils doivent aussi être à jour avec l'administration fiscale ainsi qu'avec la CNSS. Enfin, ils doivent signer une charte d'éthique pour se mettre au diapason des obligations environnementales. Une charte qui profite également à la vente au noir.