L'Etat du Qatar a su démontrer que la réputation d'un pays et son rayonnement ne dépendent pas de sa taille mais plutôt de ses activités, aussi bien sur le plan national qu'international, et de son ambition. Pour le Maroc, l'émirat est un allié stratégique. La petite taille d'un Etat n'est nullement un handicap. En témoigne la position du Qatar sur la scène internationale. Les succès engrangés par l'émirat sont édifiants. Sa puissance financière, due à ses phénoménales réserves de gaz et de pétrole, et l'expérience politique acquise par ses dirigeants au fil des années ont fait de ce pays un acteur important à l'échelle internationale et une référence diplomatique et économique. Pour pallier la dépendance aux ressources énergétiques, le Qatar mise sur une politique d'investissement ambitieuse. Dès 2005, il a œuvré, via la Qatar Investment Authority (QIA), à diversifier son économie en investissant aussi bien en interne que dans d'autres pays. D'aucuns saluent la pertinence des choix des Qataris dans le développement du rayonnement de leur pays qui est parvenu à s'imposer comme une puissance régionale voire internationale grâce à ce que l'on appelle le «soft power» et notamment les médias. En dépit des critiques, la chaîne Al-Jazeera, source d'information de référence, a su se forger une renommée internationale au Qatar comme pays ouvert sur le monde. Il faut dire que l'investissement dans les médias est un moyen efficace pour le rayonnement international, a fortiori quand il est associé au sport et à l'organisation de compétitions internationales. Il s'agit incontestablement d'un vecteur efficace du soft power qatari qui permet à l'émirat d'accroître son attractivité. La stratégie adoptée est visiblement fructueuse. L'octroi au Qatar de l'organisation de la Coupe du monde de football en 2022 renforce davantage la visibilité du pays à l'échelle planétaire. Pour le Maroc, le Qatar est un partenaire stratégique. L'émirat soutient la marocanité du Sahara et accompagne le Maroc dans sa démarche de développement. Les deux pays se sont donné, au cours des dernières années, les moyens de hisser la coopération bilatérale à la hauteur des ambitions communes. Sur le plan politique, les relations bilatérales sont jugées excellentes de part et d'autre; en témoigne la convergence des points de vue des deux Etats sur plusieurs dossiers régionaux et internationaux. En effet, ils se retrouvent souvent dans le même camp. Les quelques perturbations qu'ont connues ces relations sont de l'histoire ancienne. Désormais, l'ambition est de donner un coup de fouet à la coopération économique qui n'est pas encore à l'image des relations politiques, malgré le développement des investissements qataris au Maroc au cours des dernières années et l'évolution des échanges commerciaux. Les chiffres réalisés demeurent en deçà des attentes affichées par le royaume et l'émirat. Une grande responsabilité incombe aux hommes d'affaires marocains -qui sont traditionnellement tournés vers les pays européens- pour booster le partenariat économique entre les deux pays, d'autant plus que plusieurs accords lient les deux Etats, dont la précieuse suppression de la double imposition, et le Maroc mène depuis des années une approche tous azimuts pour attirer davantage l'intérêt des investisseurs de la région du Golfe. De grandes opportunités sont, en effet, à saisir par les deux parties. Les investisseurs qataris s'intéressent de plus en plus au Maroc en raison de sa stabilité politique ainsi que des réformes engagées sur plusieurs plans, contrairement à d'autres pays arabes qui subissent encore l'impact du Printemps arabe. Le Maroc et le Qatar pourraient développer ensemble leur coopération en Afrique dans le cadre d'un partenariat tripartite en s'appuyant sur l'expérience marocaine dans le continent et les capitaux qataris. Toutes les voies sont à explorer. En tout cas, les responsables des deux pays multiplient les réunions en vue de dynamiser la coopération bilatérale et lui donner un nouvel élan. Durant le seul mois d'avril dernier, quelque neuf accords portant sur divers domaines ont été signés à Doha lors de la sixième session de la Haute commission mixte maroco-qatarie.