Vingt jours après l'ouverture des concertations autour de la formation du gouvernement, le PJD n'arrive pas à convaincre le MP de rejoindre une alliance dans laquelle le RNI et l'Istiqlal forme l'ossature. Le MP n'arrive pas lui aussi à se situer au sein de la nouvelle carte parlementaire et exprime clairement que le choix de ses alliés ne lui sera pas dicté. Les tractations pour la formation du nouveau gouvernement semblent retourner à la case départ, lors de cette 2e semaine supposée être décisive pour entrer dans le vif du sujet, à savoir l'ingénierie de l'Exécutif. Le traumatisme causé par le drame d'Al Hoceima, après la mort de Mouhcine Fikri a, lui aussi, impacté le climat des pourparlers, vu que tous les partis politiques avaient les yeux braqués sur cette ville. À 10 jours de l'ouverture des pourparlers, les scenarii ne sont pas encore clairs à propos, non seulement du nombre des partis qui formeront le nouveau gouvernement, mais aussi les délais de l'élaboration du programme du mandat. «En toute honnêteté, le Mouvement populaire ne dispose pas d'une image complète qui permettrait au parti de déterminer ses positions. Le parti a fait partie du gouvernement sortant et il y a œuvré avec dévouement et altruisme», indique la dernière évaluation du parti de l'épi, qui a précisé que lors des débats avec Benkirane «le secrétaire général a rappelé les déclarations qu'il avait faites lors de la campagne électorale au sujet de la disposition du Mouvement populaire à reconduire sa participation dans la coalition gouvernementale actuelle, et que cela demeure tributaire de la reconduction de la participation des mêmes acteurs et dans les mêmes conditions». Les conditions «imposées», par le MP ne semblent pas arranger les choses pour le parti de la lampe, dont plusieurs composantes restent favorables à une alliance qui réussit l'alchimie de réunir les deux versions du gouvernement de Benkirane en une seule alliance, qui regrouperait l'Istiqlal et le RNI. Sur cette question aussi, le MP veut que le dernier mot lui revienne, dans la mesure où «les contours des autres composantes, en l'occurrence les partis alliés et le programme, n'ont pas été encore clarifiés. Il faudrait prendre en considération le fait que le Rassemblement national des indépendants, qui est l'une des composantes de l'actuelle coalition gouvernementale et que le Mouvement populaire considère comme un allié stratégique, n'a pas encore arrêté sa position par rapport à la participation au prochain gouvernement», ajoute l'argumentaire du parti qui conclut qu'«en somme, et eu égard au fait que l'image n'est pas encore complète et que le paysage partisan est la scène de développements quotidiens qui nécessitent un suivi quotidien et la prise de décisions immédiates», la décision sera prise par le bureau politique. À rappeler que la présence de l'UC semble inquiéter le MP qui a vu dans l'alliance parlementaire conclue entre le RNI et le parti du cheval comme une manière de le remplacer. Sauf un étonnant rebondissement, la prochaine réunion de Benkirane devra être collégiale, avec, comme objectif, sceller l'alliance avec les partis qui ont convenu de coordonner leurs programmes pour le nouveau mandat et en vue également de se mettre d'accord sur le partage des portefeuilles ministériels. Une réunion cruciale pour le secrétariat général du PJD L'instance décisionnelle du parti de la lampe a programmé, dans sa prochaine réunion, de trancher sur le statut des partis qui «ne facilitent pas les pourparlers et qui posent des conditions que le PJD n'est pas en mesure de satisfaire», indique un haut dirigeant du parti. Ce dernier ajoute que «les partis qui ont exprimé clairement leur position ou ceux qui ont donné des signes positifs sont connus». Pour les membres du secrétariat général, il est plus question d'accélérer le processus de la convergence des points de vue des trois partis qui forment le noyau dur de l'actuelle majorité provisoire «et qui devraient exprimer une position commune par rapport au déroulement des pourparlers». Pour les délais, les 3 partis sont sous la pression du calendrier de la rentrée parlementaire, mais aussi de l'ampleur que devra prendre la période de la gestion des affaires courantes. Faut-il rappeler que lors de la dernière session extraordinaire du Conseil national du PJD, Benkirane avait clairement annoncé que son parti «n'attendra pas sans fin» et surtout que l'alliance gouvernementale ne doit, en aucun, «détourner les résultats des urnes». La lourdeur des procédures adoptées par le RNI et le MP ont fini par rendre quelques composantes du PJD sceptiques quant à l'étendue «des concessions», qui seront accordées dans cette dernière ligne droite des pourparlers. Tags: Formation du gouvernement MP PJD RNI Istiqlal carte parlementaire drame Al Hoceima Mouhcine Fikri Abdelilah Benkirane