Un tête-à-tête entre Benkirane et Lachgar a été tenu hier pour fixer le statut du parti de la rose au sein de ce mandat. L'Istiqlal veut avoir l'aval de son Conseil national le 22 octobre afin d'avoir l'approbation de ses dirigeants, tandis que le MP a décidé, comme le RNI, de reporter sa décision au 29 octobre. Les concertations autour de la formation du nouveau gouvernement démarrent plutôt bien pour le PJD. Le parti vainqueur des élections du 7 octobre a cru bon d'entamer les pourparlers avec son allié indéfectible, le PPS, avant d'enchaîner avec le MP, lors de la première demi-journée du lundi dernier. Les réactions à l'issue des rencontres avec ces deux partis ont été perçues par les observateurs du champs politique comme de sérieux indicateurs d'une éventuelle reconduction de l'alliance qui dure entre les trois formations depuis l'investiture du premier gouvernement en janvier 2012. Si le PPS a décidé d'adopter la démarche consistant à valider sa participation au futur gouvernement au niveau de son bureau politique, le Mouvement populaire a décidé de son côté de recourir à la plus haute instance décisionnelle du parti. C'est le Conseil national du MP, qui se réunira donc en session extraordinaire le 29 octobre pour donner à la décision plus de force, ce qui permettra par la même occasion, à la base du parti, d'exprimer ses attentes concernant le prochain mandat. Avant cette échéance, les députés et conseillers du parti se sont réunis en vue de dresser leurs recommandations en vue du prochain congrès, avec essentiellement un appel lancé au petit parlement du parti, à prendre une décision allant dans le sens de la contribution active «à la réussite de cette législature, tant au niveau de la législation, du contrôle de l'action gouvernementale, de l'évaluation des politiques publiques que de la diplomatie parlementaire», précise un communiqué conjoint des deux groupes parlementaires du MP. «Les deux groupes parlementaires harakis ont rappelé la contribution du parti à la dernière expérience gouvernementale, partant du souci de préserver l'intérêt du Maroc et sa stabilité politique», rappellent les deux groupes parlementaires. L'Istiqlal tourne la page Par ailleurs, le moment fort de la première journée de concertations a été, sans conteste, le tête-à-tête entre Benkirane et Chabat. Les deux parties ont manifesté, à l'issue de leur réunion, une tendance à l'apaisement qui se confirme depuis les élections régionales de septembre 2015, avec «le soutien critique» adopté par les groupes parlementaires du parti de la balance sous la coupole à la majorité sortante. L'Istiqlal devra tenir une session extraordinaire de son Conseil national le 22 octobre, au siège du parti à Rabat, comme l'indique un communiqué du comité exécutif après la réunion avec le président du gouvernement nommé par le roi. «Le Conseil national est le parlement de l'Istiqlal, et celui-ci avait décidé, lors de sa dernière session, que le contexte politique nécessite que le parti se range du côté des forces nationales et démocratiques; et c'est encore lui qui devra, en fin de semaine, prendre la décision finale à propos des orientations futures du parti, spécialement en ce qui concerne la participation ou non au prochain gouvernement», ajoute un communiqué du comité exécutif du parti de la balance. L'USFP a donné, lui aussi, des signes positifs pour une éventuelle participation au gouvernement, après une réunion conjointe préparatoire à la réunion du PJD avec l'Istiqlal. Faisant allusion aux tentatives de blocage des pourparlers autour de la formation du gouvernement, Driss Lachgar a clairement annoncé que son parti ne restera pas les bras croisés durant cette étape. «Nous avons besoin d'un gouvernement fort et capable de traiter les problèmes, car la gestion des affaires courantes ne va pas régler les questions posées comme la mise en place de la Cour constitutionnelle ou encore le Conseil supérieur de l'autorité judiciaire», a-t-il tenu à préciser à l'issue de sa réunion avec Hamid Chabat. Le parti de la rose avait exprimé, quelques jours après les législatives du 7 octobre, sa méfiance envers «une bipolarité artificielle» et semblait ainsi anticiper l'impossibilité de rallier le PAM dans le camp de l'opposition. Le memorandum adressé au roi a, quant à lui, été interprété, au sein du PJD, comme une mesure qui devra conduire l'USFP à revoir ses alliances, surtout après le revers subi à l'occasion des élections avec les 20 sièges remportés par le parti. À l'heure où nous mettions sous presse, la rencontre entre Benkirane et Lachgar, programmée mardi à 19h30, devant en principe permettre aux deux parties de convenir des modalités régissant l'entrée des socialistes au gouvernement, n'avait pas encore pris fin.