Chabat et Lachgar semblent bien décider à faire renaître la Koutla de ses cendres. Cette alliance qui regroupait l'Istiqlal, l'USFP (Union socialiste des forces populaire) et le PPS (Parti du progrès et du socialisme) puis dissoute à la veille de la formation de la majorité actuelle, a de fortes chances de revoir le jour. Et pour cause : Hamid Chabat, secrétaire général du parti de l'Istiqlal et Driss Lachgar, premier secrétaire de l'USFP multiplient les rencontres. Les deux hommes se sont réunis plusieurs fois depuis leurs arrivées respectives il y a quelques mois à la tête des deux partis. Et ce n'est pas fini. Réunies lundi dernier au siège de l'USFP à Rabat, les deux formations ont convenu de se revoir très prochainement dans le cadre d'une réunion plus élargie cette fois impliquant les membres des directions nationales des deux partis politiques. Théoriquement, l'Istiqlal est toujours membre de la majorité parlementaire et participe avec six portefeuilles ministériels au gouvernement mais dans les faits, le parti n'hésite pas à prendre les mêmes décisions de l'opposition boycottant tantôt des réunions avec le gouvernement et critiquant tantôt l'action de différents ministères. En attendant d'activer la décision de son conseil national de se retirer du gouvernement et de la majorité, l'Istiqlal prépare déjà son ralliement à l'opposition avec ses anciens alliés de la Koutla. «Il ne faut pas oublier que les deux formations sont des alliés historiques. Les Istiqlaliens qui ne sont plus convaincus de leur participation et soutien au gouvernement actuel, ont repris contact avec l'USFP», explique ce membre de la commission administrative de l'USFP. Et de poursuivre : «La réunion des leaders des deux partis a été consacrée aux moyens et méthodes pour la coordination des efforts au Parlement mais également sur le plan syndical. Cela dit, il est encore tôt de parler d'une coordination dans les prochaines élections mais rien n'empêche une telle démarche qui reste très probable dans l'avenir». Pour le politologue Abderahim Manar Sellimi, les signes sur le rapprochement entre les deux anciens membres de la Koutla sont apparus avant même l'annonce du retrait du parti de l'Istiqlal. «Certaines données font ressortir la possibilité de créer une nouvelle Koutla qui ne se limiterait pas à des partis politiques mais elle engloberait également des syndicats», déclare-t-il. Et de conclure : «Ce rapprochement montre par ailleurs que l'Istiqlal a quasiment rejoint l'opposition en attendant la concrétisation de sa sortie de la majorité soit par le ralliement de son groupe parlementaire à la première Chambre à l'opposition, soit par la démission de ses ministres au gouvernement». De son côté, le PJD n'a pour le moment fait aucune réaction officielle et se contente d'observer en attendant la tenue de son conseil national très prochainement. Un conseil qui devra trancher sur le scénario possible après le retrait de l'Istiqlal.