À mi chemin de 2014, les viandes rouges semblent relativement cuites à point. La filière entame la troisième année d'exécution de son contrat-programme et affiche déjà «la réalisation de plus de 90% de la production attendue pour 2014», selon Ouhelli Hammou, le président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar). La filière a bouclé la campagne précédente sur une croissance de 5% de sa production, pour un cumul de quelque 445.000 tonnes. Pour un objectif de 450.000 tonnes à l'horizon 2014, nul besoin d'être agrégé en mathématiques pour savoir que la filière devrait pouvoir remplir plus tôt que prévu sa part du contrat de développement signé avec l'Etat, du moins sur l'aspect de la productivité. Cela est d'autant plus vrai que la tutelle ministérielle semble jouer le jeu : pour la campagne qui vient d'être lancée, Akhannouch compte bien maintenir l'exonération des droits de douane et de la TVA (10%) pour l'importation des bovins. Pour l'heure, ces abattages records sont à placer dans le contexte dans lequel ils s'inscrivent. À près de trois semaines de l'Aïd el adha 2011, «la disponibilité en moutons devrait facilement pouvoir répondre à la demande, compte tenu de l'agnelage normal de cette année et de la quantité et qualité du pâturage», nous explique Ouhelli. Ce dernier n'écarte toutefois pas la «probabilité» que les prix soient «légèrement revus à la hausse» par rapport à l'année dernière. Cette augmentation serait expliquée par celle des prix des aliments de bétail. Il faut noter toutefois que Aziz Akhannouch, le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime s'est engagé, pour la présente campagne, à maintenir à 7% la taxe sur la valeur ajoutée appliquée à tous les aliments de bétail, ainsi qu'à exonérer les produits gras d'origine végétale, entrant dans la composition des aliments de bétail (2,5%). Maigres récoltes Toutefois, si les producteurs de viande rouge semblent assurer sur la quantité, ils peinent encore pourtant à promouvoir les investissements autour des projets d'agrégation dans leur propre filière. «C'est un volet que nous avons des difficultés à démarrer», commente cet opérateur du secteur. Chiffres à l'appui, la filière n'aura connu en effet que quatre projets d'agrégation depuis la signature de son contrat programme avec l'Etat en 2009, pour un investissement global de 307 millions de dirhams. Une maigre récolte. «Les mécanismes sont en cours d'être affinés pour trouver les leviers nécessaires à l'encouragement de l'agrégation», rassure, pour sa part, le président de la Fiviar. Les professionnels courent également derrière d'autres dossiers, qui ne dépendent pas vraiment d'eux cette fois. C'est le cas du décret projet de décret sur les viandes foraines, dont ils s'impatientent à voir l'activation. «C'est un décret absolument indispensable pour la libre circulation des viandes rouges et par conséquent, pour une meilleure disponibilité de la denrée», défend Ouhelli. Il faut savoir que les enjeux de la publication de ce décret ne sont pas des moindres. Les professionnels s'attendent en effet à ce qu'elle puisse influer sur la baisse des prix, ainsi qu'à la lutte contre l'abattage clandestin qui prévaut dans plusieurs villes du royaume comme Casablanca, en périodes de déficit d'approvisionnement. Abattoirs, sens dessus-dessous Sur d'autres chantiers qui attendent les professionnels, l'aménagement de marchés bestiaux et l'autorisation des abattoirs privés figurent parmi les priorités. Pour le premier sujet, nos pourparlers avec les collectivités et les autorités locales auraient franchi de grands pas. La fédération est d'ailleurs sur le point de signer des conventions avec les communes de Khémis-Zmamra et de Tit-Mellil. Quant à la libéralisation du segment des abattoirs privés, elle serait déjà acquise et les autorités apporteraient à la profession l'accompagnement nécessaire pour encourager cette activité. Pour rappel, l'investissement global débloqué pour l'exécution du contrat-programme de la filière est de l'ordre de 6 milliards de dirhams. Hammou Ouhelli, Président de la Fiviar. «La conjoncture ne permet pas de réduire les prix» Les Echos Quotidien : Production rime avec consommation. Où en êtes-vous par rapport à l'objectif fixé des 13,4kg/habitants/an ? Ouhelli Hammou : Nous ne disposons pas encore de chiffres exacts en ce qui concerne la consommation en viande rouge par habitant, qui dépend de plusieurs facteurs, entre autres du pouvoir d'achat. La conjoncture de la flambée des prix des aliments de bétail qui suivent le cours des céréales ne permet pas de réduire les prix. Un effort de la part de l'administration pour la réduction des taxes sur ces aliments reste à faire pour sauvegarder l'activité engraissement... Sur cet aspect, la procédure élaborée pour la production locale de veaux croisés semble au ralenti ? Cela fait deux ans que l'importation des veaux de boucherie est autorisée, avec l'abolition des droits de douane et une TVA réduite. Toutefois, les prix élevés à l'international limitent ces importations, d'où la nécessité de se rabattre sur l'encouragement de la production locale. Le contrat-programme prévoit l'encouragement de laproduction de veaux croisés, avec des primes à la naissance. Un large réseau d'insémination artificielle est installé quadrillant le pays et surtout les petits éleveurs. Nous attendons les retombées dans les mois qui suivent. Quels ont été les résultats de l'étude sur la mise à niveau des abattoirs ? Cet aspect du contrat-programme est toujours en cours. Des abattoirs privés ont vu le jour et d'autres sont en cours de réalisation. Nous comptons sur la mise à niveau des abattoirs municipaux pour hausser la qualité des établissements du traitement de la viande pour l'hygiène des produits et leur qualité.