L'indice du secteur du BTP à la Bourse de Casablanca est l'un des indices qui surperforment le Masi. Tour d'horizon des valeurs le composant qui se démarquent et de celles qui fléchissent. L'indice du secteur du BTP à la Bourse de Casablanca figure parmi ceux des plus performants, dépassant même le Masi. Il arrive même quatrième avec une progression depuis le début de l'année en cours de 33,15% (calculée à l'issue de la séance du jeudi 27 octobre 2016) alors que l'indice de toute la place n'affiche qu'une modeste hausse de 16,07%. Une performance assez considérable malgré la forte contre-performance de quatre valeurs parmi les sept qui le composent. En effet, Sonasid affiche une sévère baisse de son cours boursier depuis le début de l'année de l'ordre de 30,95%. Jet Alu la suit de très prêt avec un repli de 28,24%. Dans de moindres proportions Colorado et Aluminium du Maroc marquent des baisses respectives de l'ordre de 15,02% et de 15,75%. Ces forts fléchissements ont été, toutefois, contrecarrés par les bonnes performances des deux cimentières LafargeHolcim Maroc et Ciments du Maroc qui affichent des progressions depuis le début de l'année de 40,48% et de 24,88% respectivement et dans une moindre mesure par Afrique Industries qui affiche un timide 2,55% de hausse depuis le début de l'année. Ciments du Maroc à renforcer Dans une récente note, les analystes d'Upline Securities limitent leur analyse de ce secteur au ciment et à la sidérurgie avec un focus sur Ciments du Maroc, LafargeHolcim Maroc et Sonasid. Ainsi, ils recommandent de renforcer dans les portefeuilles la valeur Ciments du Maroc mais de les alléger de LafargeHolcim Maroc. Ils ne donnent, par ailleurs, aucune recommandation en ce qui concerne Sonasid. En effet, pour les analystes d'Upline Securities, Ciments du Maroc «jouit d'une solidité financière avec une trésorerie largement excédentaire». De plus, ceux-ci estiment qu'avec la nouvelle configuration du marché qui résulte du maintien du projet de construction par LafargeHolcim Maroc de sa nouvelle cimenterie au sud, conjuguée à l'absence d'éléments clairs quant aux nouvelles orientations stratégiques qui seront déclinées après la nouvelle appartenance de Ciments du Maroc au groupe allemand HeidelbergCement, devrait pousser le cimentier à privilégier une politique de gain en termes de marges aux dépens de la part de marché. Hormis le contexte économique, la société affiche, sur la base de la méthode de valorisation basée sur les flux de trésorerie (DCF), un cours cible de 1.376 DH, représentant une décote de 8% par rapport à son cours au 21 octobre 2016. LafargeHolcim Maroc à alléger A contrario, LafargeHolcim Maroc n'a plus de potentiel de hausse sur le marché boursier. D'après les analystes «le niveau de valorisation actuel en Bourse de LafargeHolcim Maroc a incorporé la totalité du potentiel de croissance de la société, reflété par des multiples boursiers élevés». Ainsi, la valorisation par la méthode DCF ressort à 2.093 DH, soit un cours cible en deçà de 7,8% par rapport à son cours au 21 octobre 2016. Toutefois, sur le plan fondamental, les analystes soulignent que «LafargeHolcim Maroc devrait bénéficier d'un effet taille favorable, synonyme de synergies multiples (efficience technique, gestion optimale du mix-énergétique, optimisation des achats, innovation...), et qui devrait se traduire dans les années à venir par des niveaux de marges plus élevés. D'autant plus que notre valorisation n'intègre pas l'impact positif des nouvelles acquisitions en Afrique (création avec la SNI d'une plateforme commune en Afrique subsaharienne francophone)». Par ailleurs, ils rappellent l'assise financière solide, dont dispose le cimentier, qui devrait toutefois se dégrader avec sa décision de distribuer un dividende exceptionnel de près de 4 MMDH prélevé sur la prime de fusion. Sonasid, aucun «commentaire» Même si le management s'est voulu rassurant lors de la présentation de ses résultats semestriels en précisant qu'en dépit des aléas du marché et de la conjoncture qui plombe le secteur, souhaitant maintenir sa position de leader sur le marché national des produits longs, les analystes d'Upline Securities ont précisé qu'ils ont suspendu leur recommandation. Celle-ci s'explique par les mêmes raisons qu'avait avancées le management du sidérurgiste pour expliquer le passage au rouge de ses résultats. Il s'agit en l'occurrence de la multiplicité des facteurs internes et externes pouvant impacter les réalisations du sidérurgiste. Dans le détail, ce secteur se caractérise par une surcapacité de l'offre au plan national, une activité de construction atone, une concurrence féroce des importations d'acier en dépit de la prolongation des mesures de sauvegarde, une chute des prix de vente, etc. En somme, «le secteur de la sidérurgie semble être confronté à une crise persistante», précisent les analystes. La suspension de la recommandation est ainsi concomitante au manque de visibilité sur le Business plan qui découle de cette situation. Afric Industries s'en sort bien Pour les autres valeurs non couvertes par la note d'Upline Securities, il faut rappeler qu'Afric Industries a su dégager «des réalisations financières au beau fixe», selon les termes des analystes de BMCE Capital Bourse, dont les valorisations et recommandations sont en cours d'actualisation. On notera d'ailleurs que les revenus de la société s'élèvent à 22,3 MDH, en progression de 4,5% comparativement au premier semestre de 2015. Dans le détail, ce sont les revenus de l'activité menuiserie et accessoires en aluminium qui tirent vers le haut le chiffre d'affaires avec une progression de 95,2% à 5,7 MDH représentant 26% du chiffre d'affaires global, suite notamment «à l'avancement des marchés en cours d'exécution (fins des chantiers)», expliquent les analystes de BMCE Capital Bourse. Au final, sa capacité bénéficiaire limite sa croissance à 1,9% pour se fixer à 3,3 MDH. Elle est d'ailleurs, la seule société de ce lot à afficher une progression de son cours depuis le début de l'année en cours. Quand la conjoncture plombe les résultats Pour ce qui est d'Aluminium du Maroc, les analystes de BMCE Capital Bourse précisent que hors escroquerie, élément exceptionnel, le résultat net de la société ressortirait à 30,4 MDH, en accroissement de 51,2% comparativement au premier semestre de 2015, au lieu du déficit affiché et qui s'élève à 8,6 MDH. Par ailleurs, si son cours à la Bourse de Casablanca souffre, c'est en raison entre autres de la difficulté que connaît actuellement le secteur de la sidérurgie, marqué par une forte concurrence, mais aussi suite à l'affaire d'escroquerie dont la société a été victime. Dans une interview accordée par Benoît Vaillant, directeur général délégué d'Aluminium du Maroc (voir www.leseco.ma), ce dernier expliquait que pour «le reste de l'année, l'ensemble des indicateurs sont au vert, et les perspectives sont bonnes» tout en précisant que leur résultat a renoué avec le positif en septembre. Pour sa part, Jet Contractors, façadier, fenestrier et cloisonneur a enregistré un semestre assez mitigé. En effet, au moment où le chiffre d'affaires consolidé avance de 15,9% à 457,3 MDH le résultat d'exploitation consolidé enregistre une baisse de 0,9% à 67,5 MDH en raison de l'alourdissement des charges opératoires de 15,2% à 465 MDH. Le résultat financier atténue ses pertes à -13,5 MDH et le RNPG se contracte de 17,4% à 24,3 MDH. Enfin, Colorado a évolué dans «une conjoncture économique marquée par le ralentissement du secteur Bâtiment, notamment durant le mois de juin qui a coïncidé avec le mois de Ramadan et malgré une évolution favorable des revenus à l'export, un bon démarrage de l'activité «peinture industrielle» lancée en 2015 et le lancement de plusieurs nouveaux produits sur le marché, elle affiche des réalisations semestrielles en dégradation par rapport à fin juin 2015», expliquent les analystes de BMCE Capital Bourse. Des réalisations qui ont fait ternir également son cours sur le marché boursier, qui se replie de 15,02% depuis le début de l'année.