L'«intégration industrielle» sera sans nul doute la carte stratégique que jouera le Maroc dans le développement de ses ambitions en matière d'énergies renouvelables, en l'occurrence dans le secteur éolien. C'est en tout cas ce que semblent révéler les premières indiscrétions d'une l'étude lancée il y a quelques mois par le ministère de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement (MEMEE), afin de déterminer les besoins en compétences dans le secteur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Les résultats finaux devraient être rendus publics le 28 octobre prochain. En attendant, les détails d'un focus groupe réalisé auprès de la filière éolienne laisse entrevoir deux grands scénarios de mobilisation des compétences pour la réalisation des 2.000 MW prévus dans la stratégie énergétique nationale à l'horizon 2020. Pour le premier scénario, celui «sans intégration industrielle», le nombre d'emplois qui pourrait émerger du secteur éolien ne devrait pas dépasser 500 postes directs et indirects sur la période 2012-2013. Ce chiffre devrait se retrouver, à terme, à un seuil de près de 1.000 emplois créés en 2020. Par contre, le second scénario, dressé sur la base d'une intégration industrielle dans le développement des projets d'énergie éolienne, semble le plus prometteur. Plus de 3.000 emplois directs et indirects seraient créés dès 2014, pour finalement frôler la barre des 4.000 en 2020. Ainsi, en 2020, 2.859 emplois marocains liés aux projets de l'année seraient disponibles, et 958 emplois de longue durée. Le chaînon manquant ? Ces chiffres, bien qu'ambitieux, devraient être la suite logique des acquis connus par le secteur, en marge des dernières assises de l'énergie. Le volet «ressources humaines et qualification», figure en effet parmi les nouveaux défis du programme énergétique national. Amina Benkhadra a voulu apporter à cette lacune une réponse taillée sur mesure. Pour rappel, six des douze conventions et protocoles d'accord signés en marge de ces assises ont porté sur ce chaînon jusqu'alors manquant. L'un de ces projets concerne la création de l'Institut des métiers des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (IFMEREE) dès 2012, pour un investissement global de quelque 285 millions de dirhams. Ce projet tombe à pic pour les professionnels du secteur. Cerise sur le gâteau, ces derniers se chargeront de la gestion de cette structure. Une société anonyme dédiée devrait être créée dans la même année. Les opérateurs privés, en l'occurrence la Fédération nationale de l'électricité et de l'électronique et celle des Industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques, détiendront ainsi près de 40% du tour de table de cette future SA. Le reste des actifs sera entre les mains des principaux organismes publics du secteur, en l'occurrence l'Office national de l'électricité, la Moroccan agency for solar energy, et l'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, avec des participations de 20% chacun. En pratique, trois antennes de l'IFMEREE devraient sortir de terre, dans trois régions différentes, à savoir Oujda, Ouarzazate et Tanger. Cette dernière région, faut-il le signaler, est justement à la tête de la liste de territoires ouverts aux investissements éoliens, par le ministère de tutelle. Pour rappel, le royaume mise également beaucoup sur le transfert de savoir-faire. L'exemple du projet Sahara Wind est assez édifiant puisque l'initiative est d'abord fondée sur la promotion de la recherche et développement dans le secteur éolien, notamment dans certaines sphères académiques du Maroc et de la Mauritanie. Six zones pour des investissements dans le vent Une nouvelle décision émanant du département d'Amina Benkhadra identifie 6 nouvelles zones pouvant abriter des projets de production électrique à partir de l'éolien. Le plan retenu par les responsables englobe respectivement les zones de Tanger, Taza, El Jadida, Midelt, Tiznit, ainsi que les provinces sahariennes. Cette liste, publiée en cours de semaine dernière dans le dernier Bulletin officiel, segmente ainsi les 25.000 MW de gisement éolien off shore du royaume. Pour rappel, le programme éolien national prévoit l'installation à terme de 2.000 MW en énergie éolienne, pour une production annuelle qui devrait s'établir à 6.600 GW/heure. L'investissement global requis pour ce programme est de 3,5 milliards de dollars US, pour une consommation de 1,5 million de tep (tonne équivalent pétrole) évités par an, et 5,6 millions de tonnes d'émission de CO2 évités. La mise en œuvre de ces programmes devrait se faire avec une vision d'intégration portant sur plusieurs axes. Il s'agit précisément du développement industriel, de la formation des compétences, de la recherche-innovation, ainsi que du développement local.