Les deuxièmes Assises de l'énergie ont complété ce que les premières avaient ébauché. Près de deux ans après que le royaume ait choisi de s'engager dans la voie verte en termes d'approvisionnement énergétique, le chaînon impératif de la formation, de la recherche & développement et de la disponibilité des ressources humaines qualifiées vient de s'ajouter à la chaîne. Le timing, au-delà du fait d'être bien choisi, est empreint d'une certaine diligence, face à l'état d'avancement des programmes solaire et éolien. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Six des douze conventions et protocoles d'accord qui ont été signés mardi portent en effet sur ces trois derniers domaines. Une importance qui montre clairement la vision de Benkhadra, celle de se doter des moyens humains nécessaires à la réalisation de sa stratégie énergétique. Le premier - et sans doute le plus important des projets annoncés - est la création d'un Institut des métiers des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (IFMEREE) dès 2012, pour un investissement global de quelque 285 millions de dirhams. Un projet derrière lequel les professionnels du secteur ont longtemps couru. Le privé, justement – au-delà du sentiment d'un rêve réalisé- se chargera entièrement de la gestion de cet Institut, à travers la création prochaine d'une société anonyme. «Cela est en particulier une grande première. Une société anonyme sera créée et chargée de cette gestion et les opérateurs privés (FENELEC et la FIMME) détiendront ainsi 40% du tour de table», explique Youssef Tagmouti, le président de la Fédération nationale de l'électricité, de l'électronique et des énergies renouvelables (FENELEC). La mise du «public-privé» Le reste des actifs du futur IFMEREE sera détenu par les principaux organismes publics du secteur, en l'occurrence l'ONE, la MASEN, et l'ADEREE, avec des participations respectives de 20%. Ainsi, trois antennes de l'IFMEREE devraient sortir de terre, dans trois régions différentes, à savoir Oujda, Ouarzazate et Tanger. Un choix loin d'être fortuit. Oujda abrite l'une des rares zones industrielles en chantier dédiées aux énergies renouvelables. Ouarzazate accueille le premier des sites du Plan solaire marocain (500 MW) et devrait être opérationnel dès 2014, tandis que Tanger est en passe de devenir le territoire de prédilection du segment éolien. Appui international Au-delà de cette perspective – la plus concrète à ce jour sur le volet de la qualification des ressources humaines –, Benkhadra compte aussi bien surfer sur le transfert de savoir-faire. Même s'il faut aller jusqu'au Japon, en Allemagne ou en France, pour trouver ce savoir. Une unité pilote de classe mondiale sera ainsi créée pour le développement du transfert de technologie de photovoltaïque à couche mince. 17,5 des 20 millions de dollars US qui financeront ce projet seront investis par le groupe sud-coréen Jusing Engineering (15 millions de dollars US) et la Koica, l'agence de coopération du même pays (2,5 millions de dollars US). Du côté de l'Hexagone, l'AFD devrait par ailleurs mettre la main à la pâte de la formation en contribuant au projet de l'IFMEREE. D'autres partenariats ont également été scellés dans le domaine plus précis de la recherche & développement. C'est le cas de celui établi avec le Centre allemand des compétences des couches minces et de nanotechnologies, pour un appui au développement et la mise en place d'infrastructures de recherche, et l'Ecole nationale supérieure des mines de Paris (Mines ParisTech). Le pari est lancé...