Le gouvernement est déterminé à mettre en œuvre la réforme des retraites avant la fin de son mandat, malgré le bras de fer mené par les syndicats au sein du Parlement. L'objectif de l'Exécutif semble désormais réalisable après la présentation des textes relatifs à cet épineux dossier au sein de la Commission des finances à la Chambre des conseillers. Après quatre mois de blocage, le gouvernement est enfin parvenu, non sans mal, à présenter les projets de loi sur la réforme des retraites au sein de la Commission des finances à la Chambre des conseillers. La réunion a été très houleuse. La tâche du ministre du Budget, Driss Azami, et de celui de la Fonction publique, Mohamed Moubdii, a été on ne peut plus difficile. La présentation des textes s'est déroulée dans une ambiance tendue marquée par les protestations des parlementaires syndicalistes. «Du jamais vu», pour reprendre l'expression aussi bien des parlementaires que des ministres. Le processus d'examen des textes de la réforme des retraites est ainsi lancé. Le bureau de la chambre a accordé à la Commission des finances un mois pour la discussion, l'amendement et l'adoption des projets de loi en question. Passé ce délai, ces textes seront transférés à la séance plénière pour leur adoption et transfert à la Chambre des représentants. Alors que le gouvernement se dit ouvert aux amendements, les parlementaires syndicalistes affichent leur scepticisme, soulignant qu'il ne sert à rien d'amender les projets en question au sein de la Chambre des conseillers car le gouvernement réussira, grâce à la majorité numérique dont il dispose à la chambre basse, de supprimer toutes les disposions qu'il juge «indésirables». Les syndicats vont-ils participer aux discussions de la réforme des retraites ou opter pour la politique de la chaise vide ? À l'heure où nous mettions sous presse, la décision n'avait pas encore été prise. Les parlementaires de l'UMT, de la CDT et de l'UGTM attendent le verdict des instances décisionnelles de leurs centrales. Celles-ci ont décidé de monter au créneau en organisant une grève dans la fonction publique et les collectivités territoriales le 31 mai, ainsi qu'un sit-in devant le siège du Parlement en guise de riposte à la présentation des projets de loi au Parlement, alors que le dialogue social est toujours ouvert. «Les syndicats ne bloquent pas les projets de loi sur la retraite au Parlement. Le gouvernement a convenu avec les syndicats de rapprocher les points de vue sur ce dossier dans le cadre du dialogue social. Sauf que cet accord n'a pas été respecté», souligne aux Inspirations ECO la parlementaire de la CDT Rajae Kessab. Mohamed Moubdii estime qu'il ne faut pas confondre le travail législatif et le dialogue social qui est en cours. Les prochains jours s'annoncent décisifs pour la réforme de la retraite que le gouvernement entend faire passer avant la fin de son mandat. Concrètement, cet objectif est réalisable au cours de cette dernière session parlementaire de l'actuelle législature. Il suffit de franchir le cap de la chambre haute. Pour y arriver, le gouvernement est appelé à mobiliser ses troupes pour que les textes passent sans difficulté en séance plénière. Les syndicats, eux, comptent sur leurs alliés dans l'opposition, notamment le groupe du PAM et celui de l'USFP, pour rejeter la réforme. Cependant, ils sont conscients que rien n'est moins sûr. Tout porte à croire que les textes soumis au Parlement ne subiront pas de grandes modifications. Visiblement, le gouvernement ne compte céder que sur le volet des cotisations. Rappelons que lors des réunions de la commission technique du dialogue social, le gouvernement a proposé de compenser l'augmentation prévue des cotisations. Une mesure jugée insuffisante par les centrales syndicales qui appellent à une réforme globale de l'épineux dossier de la retraite. Le gouvernement continue de tirer la sonnette d'alarme, rappelant l'urgence de mettre en œuvre la réforme ajournée depuis des années. Un milliard de dirhams, rappelons-le, ont été consommés des réserves de la caisse en 2014. Ce chiffre atteindra 10 milliards de dirhams en décembre 2016.