Après une première réunion fleuve de la Commission des finances de la chambre haute sur la réforme des retraites, les conseillers ont convenu de reprendre les travaux la semaine prochaine. Mais il apparaît clairement que les syndicats ne sont pas prêts à lâcher prise tant que l'on ne parviendra à aucun consensus autour de ce dossier, dans le cadre du dialogue social. Les textes risquent d'être bloqués, un certain temps, au sein de la Chambre des conseillers Visiblement, le gouvernement aura du mal à faire passer l'épineux dossier de la réforme des retraites au sein de l'institution législative, en dépit de la programmation des projets y afférents au sein de la Commission des finances, de la planification et du développement économique de la Chambre des conseillers. En témoigne la réunion de cette commission qui a duré plus de 9 heures, mercredi dernier, sans que les ministres parviennent à faire la présentation des trois textes programmés. La séance reste, certes, ouverte, et une autre réunion devrait être programmée en fin de semaine prochaine. Mais cette fois-ci, le gouvernement parviendra-t-il à entamer l'examen des projets au sein de la chambre haute ? Rien n'est moins sûr, bien que le président de la commission des finances, Rahal El Mekkaoui, soit optimiste. Il estime que, malgré les échanges virulents lors de la réunion de mercredi, le résultat est positif, compte tenu du fait que toutes les parties ont convenu de réunir la commission la semaine prochaine pour entamer le processus d'examen des textes après que le gouvernement se soit engagé à ouvrir le dialogue social avec les centrales syndicales sur le dossier. Le gouvernement va-t-il vraiment bientôt se réunir avec les syndicats ? Contacté par les Inspirations ECO, le ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration, Mohamed Moubdii, est on ne peut plus clair: l'examen des textes relatifs à la retraite au Parlement n'est pas lié au dialogue social. Pour le responsable gouvernemental, le dialogue a toujours été ouvert, et le gouvernement essaiera de tenir une réunion avec les centrales syndicales avant le 1er mai. À ce titre, il tient à préciser que les propositions des syndicats sur le dossier des retraites ne doivent pas être rédhibitoires mais plutôt positives pour pouvoir aller de l'avant et mettre en œuvre la réforme qui se fait de plus en plus urgente. Le ministre de la Fonction publique affiche son optimisme: «Lors de la réunion de la Commission des finances, les syndicats ont été convaincus que la position du gouvernement était sérieuse». Cependant, les syndicats, qui ne sont pas prêts à lâcher du lest, font entendre un autre son de cloche. Les parlementaires syndicalistes ont juste donné un accord de principe pour la présentation des projets en commission, au cas où le chef de gouvernement appellerait les centrales à la tenue d'un round du dialogue social. «Mais la discussion des projets sera gelée jusqu'à ce que les partenaires sociaux trouvent un terrain d'entente avec le gouvernement dans le cadre du dialogue social», souligne le parlementaire de la Confédération démocratique du travail Mbarek Sadi. L'idée du lancement du processus d'examen des textes sur la réforme des retraites au Parlement, parallèlement à l'ouverture du dialogue social, est considérée comme une ruse par les syndicalistes. C'est en tout cas ce que pense le secrétaire général de l'Union marocaine du travail, Miloudi Moukharik. Dans une déclaration aux Inspirations ECO, le patron de l'UMT persiste et signe: les textes ne seront pas examinés au Parlement tant qu'aucun consensus n'est réuni sur ce dossier dans le cadre du dialogue social. «Hors de question de laisser le gouvernement faire la présentation des projets en commission. Nos syndicalistes au Parlement ne sont pas dupes. Il ne faut pas ouvrir cette brèche au gouvernement pour faire passer les textes. La balle est dans le camp de l'Exécutif», précise-t-il. Les centrales syndicales aspirent à reproduire le scénario de 2003, lorsqu'elles ont livré une rude bataille contre le projet de Code de travail et sont parvenues à faire plier le gouvernement qui avait revu sa copie en se basant sur les négociations du dialogue social. La prochaine réunion de la Commission des finances, de la planification et du développement économique de la Chambre des conseillers s'annonce ainsi très animée. De l'avis de Rehal El Mekkaoui, il faut que chacun déploie, de son côté, des efforts pour faire aboutir cette réforme. Il apparaît clairement que sans l'ouverture du dialogue social, les textes sur la réforme des retraites resteront bloqués au Parlement, d'autant plus que les parlementaires de l'Istiqlal et du PAM ont affiché, mercredi dernier, la couleur en soutenant la position des syndicats. Juridiquement, la commission est appelée à poursuivre ses travaux. Cependant, les conseillers disposent des mécanismes leur permettant de retarder l'examen des projets, à l'instar de ce qui s'est passé lors de la première réunion.