Alors que la majorité défend, bec et ongles, la position du gouvernement, ceux de l'opposition n'abondent pas dans la même veine. Appuyés par les conseillers du Parti de l'Istiqlal et du PAM, les parlementaires, issus des syndicats (hormis l'UNTM), réclament le retour à la table des négociations. Les parlementaires des syndicats tiennent à l'ajournement de l'examen des textes relatifs à la réforme de la retraite et à l'ouverture des négociations sur ce dossier épineux dans le cadre du dialogue social. Un avis qui n'est pas partagé par les parlementaires de la majorité et l'UNTM. À l'heure où nous mettions sous presse, aucune décision n'a été encore prise en la matière par la Commission des finances de la Chambre des conseillers. Très attendue, depuis de longues semaines, la réunion marathonienne de la Commission des finances, de la planification et du développement économique de la Chambre des conseillers, sur le dossier de la réforme des retraites, a été très mouvementée au point que la mission de son président Rehal El Mekkaoui n'a pas été de tout repos. Les discussions ont été, on ne peut plus, animées et l'échange entre les parlementaires, issus des syndicats et ceux de la majorité, très virulent. Faut-il entamer l'examen des textes au sein de l'institution législative ou le reporter ? À l'heure où nous mettions sous presse, aucune décision n'a été prise sur cette question qui a été discutée pendant des heures. Les conseillers sont, en effet, divisés sur le lancement du processus de discussion des textes au Parlement. Alors que la majorité défend, bec et ongles, la position du gouvernement, ceux de l'opposition n'abondent pas dans le même sens. Appuyés par les conseillers du Parti de l'Istiqlal et du Parti authenticité et modernité, les parlementaires, issus des syndicats (hormis ceux de l'Union nationale du travail au Maroc), réclament le retour à la table des négociations, dans le cadre du dialogue social avant d'entamer l'examen du dossier au sein de l'institution législative. Une idée réfutée par les parlementaires de la majorité gouvernementale qui tiennent à examiner et amender les textes en question au sein du Parlement tout en ouvrant, en parallèle, des négociations dans le cadre du dialogue social. Une position que partage la CGEM. «La paix sociale est très importante. Ainsi, les négociations sont la seule issue pour traiter les dossiers épineux tels que celui de la réforme des retraites. Je pense que le problème réside dans la méthodologie. Pour parvenir à une solution, il faut ouvrir un dialogue entre le gouvernement et les syndicats parallèlement à la discussion et l'amendement des textes au parlement», avance Mehdi Abdelkbir, conseiller de la CGEM. Les syndicalistes, qui critiquent vertement l'approche adoptée par le gouvernement, affichent leur scepticisme d'autant plus que c'est la Chambre des représentants qui a le dernier mot et pourrait, ainsi, faire passer les textes tels qu'ils étaient soumis au Parlement dans leur mouture initiale. Certes, le gouvernement ne dispose pas de la majorité numérique au sein de la Chambre haute, car il ne compte que 38 parlementaires, soit uniquement un pourcentage de 31,6%. Mais, l'expérience a démontré que l'Exécutif pouvait compter sur le soutien de sa majorité au sein de la Chambre basse. Sur ce point, le gouvernement rassure les parlementaires : les textes portant sur la réforme des retraites ne seront pas traités selon la logique de la majorité gouvernementale. À en croire le ministre du Budget, Driss El Azami, le gouvernement favorisera, au sein de l'institution législative, autant que faire se peut, l'esprit de consensus. «Les amendements qui seront introduits en commun aux textes dans la Chambre des conseillers ne seront pas retirés dans la Chambre des représentants», assure le responsable gouvernemental. Le même ton est adopté par le ministre de la Fonction publique, Mohamed Moubddii, qui annonce que le gouvernement est ouvert à toute amélioration des textes. Les ministres rappellent l'urgence de mettre en œuvre la réforme qui est ajournée depuis des années. D'ailleurs, tout retard est coûteux, non seulement pour la CMR, mais aussi pour les fonctionnaires eux-mêmes. Un milliard de dirhams, rappelons-le, a été consommé des réserves de la caisse en 2014. Ce chiffre atteindra 10 milliards de dirhams en décembre 2016. Khadija Zoumi, Conseillère de l'UGTM Jusque-là, la Commission nationale, chargée du dossier de la réforme des retraites, ne s'est pas réunie pour valider les conclusions de la Commission technique. Tout le monde est unanime sur la nécessité de cette réforme, mais celle-ci ne doit pas se répercuter automatiquement et uniquement sur le citoyen. Il s'avère nécessaire de tenir les réunions du dialogue social autour de ce dossier avant de le discuter au Parlement. Abdelilah Hallaouti, Conseiller et SG de l'UNTM Le débat devra être entamé au Parlement. En parallèle, il faut ouvrir les discussions autour de ce dossier dans le cadre du dialogue social afin d'éviter le blocage au sein de la Chambre des conseillers. Il est temps de mettre en œuvre la réforme, vu la situation financière critique de la Caisse marocaine des retraites. Je pense que le chef de gouvernement est ouvert et peut accepter quelques amendements apportés par les parlementaires. Jusque-là, les alternatives aux réformes, proposées par le gouvernement, ne sont pas formulées. Amal Amri, Présidente du groupe parlementaire de l'UMT Le mouvement syndical ne réclame pas le retrait des textes relatifs à la réforme des retraites, mais plutôt l'ajournement de leur examen au Parlement. Le dialogue social, autour de ce dossier, est, on ne peut plus, nécessaire avant d'entamer le débat au Parlement. Le gouvernement est appelé à ne pas mettre les syndicats au pied du mur. Le coût de la réforme doit être supportable. Les syndicats veulent le consensus et trouver une solution avec le gouvernement. On n'est pas prêt à être discrédité auprès de nos troupes.