Trois projets sur les six déposés par le gouvernement ont été débattus hier, pour la 1re fois, au sein de la Commission des finances de la 2e Chambre. La CGEM appelle à la mise en œuvre effective du «compromis vertueux» cité par le roi à l'ouverture de cette ultime année du mandat. Après un premier report, les lois sur la réforme des retraites des fonctionnaires étaient au menu des Conseillers qui ont choisi d'ouvrir le débat sur ce dossier pour le moins controversé entre le gouvernement et les syndicats depuis 2012. Les législations jugées prioritaires par les Conseillers concernent successivement la fixation de l'âge du départ à la retraite, la réforme de la CMR et de la RCAR. En plus des délais de l'adoption des 3 projets que le gouvernement compte appliquer début 2017, la marge des «concessions» qui seront données par les partenaires sociaux reste problématique. À l'exception de l'UNTM et des partis de la majorité, les groupes de l'opposition et les Conseillers des 4 centrales contestataires du projet tiennent à avoir le dernier mot. Sur ce point, les membres de la Commission des finances et de la planification au sein de la 2e Chambre préfèrent temporiser en cherchant, d'abord, les points sur lesquels le gouvernement pourra éventuellement céder. Lors de son dernier passage sous la coupole, le chef du gouvernement avait réitéré le triptyque tracé par la vision de la réforme, à savoir la hausse de l'âge comme exigence irremplaçable, la reprise inconditionnée du dialogue social et, surtout, le vote unanime des nouvelles lois. La position du groupe parlementaire de la CGEM est, soulignons-le, à prendre au sérieux, avec une neutralité observée même si, jusqu'à présent, les représentants des «patrons» sont restés en retrait, étant donné que c'est du public qu'il s'agit... pour le moment. Abdelilah Hifdi Président du groupe de la CGEM au sein de la Chambre des conseillers Les ECO : Au-delà de l'aspect constitutionnel qui accorde la priorité aux Conseillers pour les projets de lois à vocation sociétale, la 2e Chambre pourra-t-elle être un facteur d'apaisement entre le gouvernement et les syndicats ? Abdelilah Hifdi : L'aspect constitutionnel est quand même très important à relever. Le gouvernement était dans l'obligation constitutionnelle de déposer les nouvelles lois au sein de la Chambre des conseillers, ce qui est une traduction de l'équilibre des pouvoirs entre les deux Chambres du Parlement. En tant que président du groupe de la CGEM, j'allais dire que le débat entamé mardi matin au sein de la Commission de la planification ne nous concerne pas, du moment qu'il y a une distinction entre public et privé. Or, en tant que citoyen, on ne peut rester spectateur devant le déficit de la CMR. Que pensez-vous du contenu des projets de lois ? Sur le fond, j'avoue que ce n'est pas une vraie réforme. C'est une réforme paramétrique, qui retient cinq critères dont le nombre des années, les cotisations et les prestations. En tant que membre de la Commission nationale des retraites, je peux assurer que tous les partenaires sociaux étaient d'accord sur la réforme du pôle public, avec une nécessaire convergence entre la réforme de la CMR et celle du RCAR. Ce qu'il y a actuellement, c'est l'effet des prochaines échéances. Est-ce que les trois projets pourront passer le cap des deux Chambres avant la fin de la prochaine session ? Le projet pourra aboutir durant la prochaine session d'avril. Par contre, il faudra éviter les surenchères à l'occasion du 1er mai 2016, car les trois projets devraient logiquement faire 2 jusqu'à 3 navettes entre les deux Chambres du Parlement. Le discours royal lors de l'ouverture de cette année législative avait insisté sur «le compromis vertueux» qui doit régner au sein du Parlement. Il faut aussi ajouter que l'examen des projets de lois au Parlement devra être déconnecté du climat actuel du dialogue social et j'ai la conviction que les syndicats trouveront un accord avec le gouvernement.