La réforme globale des régimes de retraites nationaux pourrait encore tarder à voir le jour une ou deux années encore. Et pour cause, des sources syndicales affirment qu'il y a une tendance générale entre les différents partenaires, à commencer par une réforme intermédiaire touchant d'abord la CMR. La commission technique nationale sur la réforme des Caisses de retraites a tenu hier une réunion restreinte. Le gouvernement et ses partenaires n'ont plus aujourd'hui le choix que de lancer le plus rapidement possible une réforme pour sauver les meubles, notamment à la CMR. Cette dernière connaîtra à partir de cette année ses premiers déficits et sera de ce fait contrainte de puiser dans ses fonds de réserve. La réunion de la commission avait pour principal ordre du jour l'avis du BIT (Bureau international du travail) sur la réforme. «L'avis du BIT a en quelque sorte renforcé la position des syndicats. En ce qui nous concerne, nous pensons qu'une réforme débouchant sur deux caisses de retraites est la plus adaptée pour le contexte national», explique Abdelhamid Fatihi, secrétaire général adjoint de la FDT. Et d'ajouter: «Le scénario le plus probable consiste en la création d'une Caisse de retraites pour le secteur public après la fusion de la CMR et le RCAR. Une deuxième Caisse pour le privé naîtra après la fusion de la CNSS et la CIMR». Mais cette réforme globale des régimes de retraites nationaux pourrait encore tarder à voir le jour une ou deux années encore. Et pour cause, des sources syndicales affirment qu'il y a une tendance générale entre les différents partenaires, à commencer par une réforme intermédiaire touchant d'abord la CMR. «Je pense qu'il faut donner la priorité à la CMR dans le cadre d'une réforme intermédiaire qui pourrait éventuellement toucher le RCAR. La CMR sera prioritaire parce que ses comptes commencent déjà à décliner vers le déficit. Le RCAR est également concerné parce que sa fonction reste aujourd'hui médiocre vu ses moyens», explique cette source syndicale proche du dossier. Les partenaires semblent ainsi opter pour une réforme progressive selon les priorités. Deux principaux paramètres vont conditionner la réforme annoncée. Ces paramètres font d'ailleurs l'objet de débat au sein de la commission technique. Le premier paramètre concerne l'élévation de l'âge de la retraite. Fait nouveau, les syndicats se disent aujourd'hui prêts à discuter d'une élévation de l'âge du départ vers la retraite d'une ou de deux années. Dans ce sens, les expériences de pays voisins comme la France (retraite à 62 ans) et l'Espagne (67 ans) sont étudiées. Le deuxième paramètre est d'ordre plutôt financier. La commission étudie la revalorisation vers la hausse des cotisations et surtout le changement du calcul de la pension. Hassan Mardi, membre du conseil d'administration de la CMR, nous fait savoir qu'une proposition de calculer la pension selon la moyenne des huit dernières années avant la retraite est à l'étude. Une allocation sur la base du dernier salaire touché pourra disparaître. Un débat très vif devrait accompagner la réforme des régimes de retraites. Reste à savoir si le gouvernement Benkirane ira jusqu'au bout dans la réforme même si elle devrait comprendre certaines mesures impopulaires. C'est Mohamed Najib Boulif, ministre délégué auprès du chef de gouvernement chargé des affaires générales et de la gouvernance, qui sera désigné, selon toute vraisemblance, pour piloter la réforme.