C'est le rush au département des Affaires étrangères. Dans quelques jours devrait se tenir le 4e dialogue stratégique entre le Maroc et les USA. Un rendez-vous qui intervient d'habitude à quelques jours d'intervalle de la présentation du rapport du secrétaire général des Nations Unies sur la Sahara au Conseil de sécurité. Cette rencontre diplomatique, à enjeu majeur, réservera certainement des surprises. Avril sera à n'en point douter un mois charnière dans les relations Maroc-USA. La tenue de la 4e session du dialogue stratégique entre les deux pays sera l'occasion de passer en revue tous les dossiers politiques et économiques y compris les derniers développements de l'affaire du Sahara. La date précise de la tenue de ce dialogue stratégique n'a pas encore été communiquée, mais cette rencontre de haut niveau intervient au même moment que la présentation du rapport du secrétariat général de l'ONU sur la situation concernant le Sahara au Conseil de sécurité (généralement vers le 10 avril). Les positions du secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon inquiètent la diplomatie marocaine. Des observateurs avancent même que les Etats-Unis seraient en train d'envisager un changement de position par rapport à la question du Sahara. Un postulat pour le moins inquiétant lorsqu'on sait que cet «allié stratégique» a toujours soutenu la position du royaume concernant le plan d'autonomie. «Les relations internationales ne sont pas statiques. Aux USA, il y a différents points de vue concernant cette question. On pourrait dire que c'est du 50/50 et il y a donc un travail de lobbying qui doit se faire de plus en plus vers ce pays», indique Mehdi Bensaïd, président de la Commission des affaires étrangères au sein du Parlement. Revirements Quelques revirements ponctuels ont été constatés concernant la cause nationale notamment lorsqu'en 2013, les Etats-Unis avaient demandé une extension du mandat de la Minurso au monitoring des droits de l'homme au Sahara et à Tindouf. Washington pourrait, une nouvelle fois, remettre cette question sur la table des négociations. Une proposition que le Maroc avait jugé en 2013 comme une «instrumentalisation des droits de l'homme, avec l'appui conscient ou inconscient de quelques ONG internationales». Vu sous cet angle, la récente visite royale en Russie semble revêtir une connotation bien plus stratégique qu'il n'y paraît. La «Déclaration conjointe sur le partenariat stratégique approfondi», publiée à l'issue de la rencontre entre le roi Mohammed VI et le président russe Vladimir Poutine souligne que «la Russie ne soutient aucune tentative d'accélérer ou de précipiter la poursuite du processus politique». Ce faisant, le pays des tsars confirme sa position officielle manifestée, à l'occasion du vote de la résolution 1813 du Conseil de sécurité en 2008. La Russie avait alors joué un rôle crucial dans le maintien et la consolidation des paramètres d'implication des Nations Unies à travers la Minurso dans le différend régional sur le Sahara. La Russie s'était alors opposée à l'inclusion de toute référence à la question des droits de l'homme dans la résolution et a même menacé d'exercer son veto technique à toute mention faite des droits de l'homme. La sécurité par le commerce En parallèle à la question du Sahara, le dialogue stratégique devrait également être l'occasion de faire le point sur le partenariat économique avec les USA. Les deux questions sont d'ailleurs intimement liées. «On ne peut pas dissocier l'économique et le politique avec les USA. Plus nous aurons de relations économiques solides avec les USA, plus nos intérêts auront un avantage à en tirer». Il faut savoir que l'accord de libre-échange entre les deux pays entame en 2016 sa 10e année depuis son entrée en vigueur en 2006. Un accord qui n'a pas réellement profité à l'économie marocaine. Encore aujourd'hui, nombreux sont les experts à dénoncer le caractère éminemment politique de cet accord dont la principale vocation aurait été de s'assurer d'un soutien des Etats-Unis sur la question du Sahara. L'ALE avec les USA est aujourd'hui responsable de près de 10% du déficit commercial global du Maroc. «Une grande partie de ce déficit est de nature énergétique», précise Mohamed Benayad, secrétaire général du Commerce extérieur qui affirme qu'«un bilan de l'ensemble des ALE signés par le Maroc est actuellement en cours de finalisation en vue de déterminer pourquoi nous ne profitons pas assez de ces accords et les mesures à prendre en vue d'améliorer les échanges bilatéraux». Regain d'intérêt pour les investissements Selon l'ambassade des Etats-Unis au Maroc, le pays de l'Oncle Sam entend renforcer ses échanges avec le Maroc. Plusieurs investisseurs commencent à s'intéresser au marché marocain. Peu d'intérêt a été exprimé jusqu'ici pour la destination de la part des businessmen américains. «Aujourd'hui, il devient de plus en plus intéressant pour les hommes d'affaires américains de faire du business au Maroc. La bonne tenue de l'économie américaine cette année a fait que nos entreprises sont intéressées par l'exploration de nouveaux marchés à la recherche de nouvelles opportunités», affirme Brenda Van Horn, conseillère commerciale senior au Service commercial du Consulat général américain au Maroc. Une récente visite d'une délégation de chefs d'entreprise américains en ce début mars a permis de jeter les ponts d'une coopération dans des secteurs stratégiques tels que l'aéronautique et l'automobile. Les entreprises américaines font preuve d'un grand intérêt pour les zones franches industrielles marocaines.