La filière espagnole de pêche tremble à cause du tumulte dans les relations entre Rabat et Bruxelles et redoute que le pacte de pêche soit touché par ces tensions diplomatiques. C'est la panique au sein de la filière espagnole de pêche. Les marins espagnols devraient revenir aux pêcheries marocaines début avril, après un arrêt technique dicté par la période du repos biologique. Seulement, la zone de turbulence que traversent les relations maroco-européennes inquiètent au plus haut niveau les pêcheurs andalous. La ministre régionale en charge de l'agriculture et de la pêche dans le gouvernement andalou a transmis les inquiétudes du secteur à la ministre espagnole de tutelle. Lors d'une réunion tenue à Madrid, la chargée du secteur de la pêche dans la communauté andalouse a fait part du malaise qui règne en ce moment au sein de la filière et a sollicité la vigilance du gouvernement central. «Il est vrai que l'accord est en vigueur jusqu'à l'an 2018 mais à la fin de ce mois, les pêcheurs devraient renouveler leurs licences trimestrielles. Nous espérons que cela se fasse sans incidents», a déclaré Carmen Ortiz, la responsable régionale, à l'issue de son entrevue avec la ministre espagnole. La responsable andalouse craint qu'à l'heure du renouvellement des licences de pêches, qui devrait avoir lieu à la fin de ce mois de mars, les autorités marocaines opposent une résistance, au vu des tumultueux liens avec Bruxelles. De fait, l'enjeu pour la filière espagnole est de taille. Les retombées financières du retour de la flotte espagnole vers les pêcheries marocaines se font déjà sentir. Selon un bilan de l'agence publique des ports d'Andalousie, 5.339 tonnes de produits de pêche ont été débarqués au port de Barbate en 2015, soit une hausse de 38.48% en comparaison avec l'exercice précédent. Les recettes de ces captures s'élevaient à 21,6 millions d'euros, contre 12 millions d'euros en 2014. Il s'agit donc d'une hausse spectaculaire de 70,43% grâce aux captures réalisées dans les pêcheries marocaines. D'où les inquiétudes qui se sont emparées de la filière qui craint un effritement de ses gains en cas de blocage. A Barbate (Cadix), port de référence des pêcheurs espagnols, cette crainte est palpable. Les pêcheurs regrettent la fragilité de cette coopération et estiment que ce sont toujours les pêcheurs espagnols qui paient les pots cassés de la versatilité des relations entre Rabat et Bruxelles. Selon le président de la fédération andalouse des associations de pêche, Pedro Maza, «n'importe quel problème avec le Maroc est susceptible d'affecter l'accord de pêche». Le ministère de tutelle a tenté de rassurer les concernés en soulignant qu'aucun risque ne menace le pacte de pêche. Toutefois, la filière a insisté sur l'importance de cet accord qui a redonné l'activité à ce port et son village et ne veulent pas un retour en arrière. Au total, l'Espagne est bénéficiaire de 98 licences sur les 120 stipulées par le protocole. Environ 28 licences sont exploitées actuellement par les embarcations ayant base dans les trois ports de la région, à savoir le port d'Algésiras, de Barbate et de Conil. Le reste est partagé entre les embarcations de l'archipel acanrien, (16), de la Galicie (6) et du Pays basque (2). La contrepartie financière de l'accord est de 30 millions d'euros dont 10 millions sont versés par la filière à travers les licences de pêche.