Badr Alioua : Directeur exécutif du Groupe Attijariwafa bank en charge de la Banque privée et de Wafa gestion Les Inspirations ECO : Quelle est votre lecture du comportement du marché action en 2015 ? Badr Alioua : L'année 2015 a commencé par un premier trimestre très prometteur avec une performance de 6,75% pour l'indice MASI. Cette tendance s'est inversée après la publication des résultats de 2014, l'indice boursier se repliant tout au long de l'année pour finir sur une baisse de 7,22%. En termes de volume, le marché central a drainé 28,7 MMDH, soit près de 110 MDH en moyenne quotidienne. Ce volume reste à notre sens assez faible quoiqu'en progression de 4,2% par rapport à 2014. En termes de flux de capitaux, l'année a été marquée par l'introduction en Bourse de Total Maroc et du courtier AFMA, ainsi que par le retrait de la côte de l'immobilière CGI. Le désengagement de la SNI de ses filiales s'est poursuivi en 2015 avec la cession du reliquat de ses participations dans Cosumar et Centrale Danone. Les investisseurs ont été très attentifs au ralentissement du secteur immobilier, aux problématiques de la raffinerie Samir et à l'accentuation du coût du risque du secteur bancaire. Quelles sont vos perspectives pour l'année actuelle ? L'évolution du marché actions dépendra, cette année, des résultats qui seront publiés durant ce mois-ci et de la croissance de l'économie. La lecture actuelle des résultats déjà publiés présage d'une légère baisse de la masse bénéficiaire, sans qu'elle soit pour autant de la même ampleur que celle de 2014. La résilience du secteur bancaire a beaucoup contribué à stabiliser le marché dans un contexte de faible croissance et d'accentuation du coût du risque. Les valeurs industrielles continuent de consentir des efforts importants dans l'optimisation des charges dans un contexte de stabilisation ou de baisse de la demande. Néanmoins, le marché attend avec impatience le «débouclage» de certains dossiers tel que la Samir et le résultat du désendettement des valeurs immobilières. Ceci étant dit, le marché casablancais continue de traiter à des multiples élevés en comparaison avec les places de la région MENA. Par conséquent, il devrait difficilement connaître une performance élevée compte tenu des perspectives de croissance de la masse bénéficiaire et de la croissance économique dans sa globalité. Qu'en est-il du marché obligataire ? L'engouement des investisseurs pour les bons du Trésor se poursuit en ce début d'année 2016. En effet, la demande en titres souverains continue sur le même trend haussier entamé à la fin de l'année 2013. Cette situation s'explique par la conjonction de plusieurs éléments, les plus importants étant la baisse des besoins du Trésor dans un contexte de réduction du déficit budgétaire, la baisse de la pression sur la liquidité bancaire, sous l'effet combiné de la hausse des réserves de change et de la décélération de la croissance des crédits, et le recul des émissions de certificats de dépôts bancaires. Ajoutons à cela les baisses successives du taux directeur, l'inflation durablement installée à des niveaux faibles, ainsi que l'anticipation de la poursuite d'une politique monétaire accommodante. Cette situation devrait continuer de prévaloir en 2016, ce qui aura pour conséquence de maintenir l'attrait qu'ont les investisseurs pour les bons du Trésor et notamment pour les maturités de moyenne et longue durée. Ceci étant dit, l'amplitude des baisses des taux en ce début d'année pourrait créer davantage de volatilité qu'auparavant sur ce marché. Comment évaluez-vous le marché des titres et créances négociables ? Sur l'année 2015, l'encours global de la dette privée a baissé de 8 MMDH. L'encours des titres de créances négociables a baissé de 15 MMDH dont 9 MMDH pour les seuls certificats de dépôt. Cette baisse trouve en partie son origine dans l'amélioration des conditions de la liquidité du système bancaire, mais pas uniquement. Nous constatons que le niveau d'aversion au risque des investisseurs est beaucoup plus élevé que par le passé, ce qui tend à concentrer les demandes en titres de créances de la part des investisseurs vers les bons du Trésor et les bancaires. Cette catégorisation radicale des risques est la conséquence de l'absence de notation des émetteurs. C'est pour éviter une telle situation que les sociétés de gestion, par le biais de l'ASFIM, avaient émis le souhait, il y a de cela 2 ans, que la notation soit généralisée. Force est de constater que les émissions notées restent minoritaires . Quelle a été votre stratégie de placement en 2015 ? Qu'en sera-t-il en 2016 ? Concernant les produits obligataires, notre stratégie a consisté à rallonger la maturité des fonds afin de profiter au mieux de la baisse des taux qui se profilait. Il s'agit de la catégorie de fonds qui a drainé le plus d'actifs en OPCVM en 2015. Nous avons aussi été très dynamiques sur les marchés primaires et secondaires, compte tenu de la volatilité qu'a connue la courbe des taux l'année dernière. Nos fonds obligataires continuent de très bien se comporter en ce début d'année suite à la poursuite de la baisse des taux. Nous restons très dynamiques sur le marché des taux et continuons de monitorer de près les évolutions à la fois sur le plan macro-économique et marché afin d'opérer les ajustements nécessaires le moment venu. En ce qui concerne les produits actions, nous avons réalisé d'excellentes performances en 2015. Notre stratégie a consisté à privilégier des valeurs à fondamentaux solides dont le prix marché présente une décote, relativement à la valorisation à laquelle nous aboutissons en les analysants de façon approfondie. Nous reconduisons la même stratégie cette année. Nous pensons que le marché obligataire continuera de drainer la majorité des investissements en 2016. l par badr chaou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.