Selon les résultats d'un nouvel indice portant sur «l'ouverture sur les visas en Afrique», les pays du continent demeurent fermés aux citoyens africains. Synthèse. «L'Afrique demeure largement fermée aux voyageurs africains». C'est ainsi que la Banque africaine de développement (BAD) commente les résultats du tout premier «Indice d'ouverture sur les visas en Afrique», qui vient de paraître. À en croire les conclusions de cette enquête, un Africain a besoin de visa pour se rendre dans 55% des pays africains, alors qu'un Nord-américain n'a besoin de visa que dans 45% de ces mêmes pays. Les chiffres montrent également que les voyageurs originaires du continent peuvent obtenir le fameux sésame à l'arrivée dans 25% des pays africains, contre 35% pour les Nord-américains. En somme, constate l'indice, seuls 13 pays africains sont librement accessibles aux ressortissants du continent. Top 5 des «plus ouverts» À l'heure actuelle, 75% des vingt pays du continent les plus ouverts en matière de visas se situent en Afrique de l'Ouest ou en Afrique de l'Est. Dans ce groupe de vingt pays, un seul se situe en Afrique du Nord, en l'occurrence la Mauritanie. Considérée comme la région la moins intégrée du continent, l'Afrique centrale ne compte aucun pays dans le top 20. Le rapport montre également que les pays africains à revenu intermédiaire ont, dans l'ensemble, de mauvais scores en ce qui concerne l'ouverture sur les visas, alors que les «Etats plus petits», enclavés ou insulaires, sont plus ouverts. Ainsi, les 5 pays africains les plus ouverts selon le rapport sont les Seychelles, le Mali, l'Ouganda, le Cap Vert et le Togo. Suppression dès 2018 ? Ce constat général de fermeture des Etats africains sur les citoyens de leurs propres voisins géographiques pousse la BAD à lancer un appel pour changer la donne. «La libéralisation des visas favorise la mobilité des talents et les opportunités commerciales», énonce Moono Mupotola, responsable de la division du NEPAD, de l'intégration régionale et du commerce de la BAD. En outre, cette libéralisation «a des retombées rapides sur le potentiel de développement qui demeure inexploité», ajoute-t-il. Pour la BAD, les dirigeants et les décideurs politiques de l'Afrique ont «un rôle clé à jouer pour aider les Africains à se déplacer librement, en appui à l'appel de l'Agenda 2063 visant à supprimer l'obligation de visa pour tous les Africains d'ici 2018». À ce rythme, rien n'indique que cet objectif pourra être atteint dans moins de 2 ans. Enfin, notez que l'Indice d'ouverture sur les visas a été mis au point en partenariat entre la BAD, le cabinet McKinsey & Company et le Conseil de l'agenda mondial sur l'Afrique du Forum économique mondial (FEM). Les grandes lignes du rapport seront présentées et débattues lors de l'Africa CEO Forum qui se tiendra à Abidjan les 21 et 22 mars.