Reportée plusieurs fois, la visite royale pour la Russie est finalement prévue pour la mi-mars selon l'agence officielle russe, Sputnik. Les enjeux d'un déplacement hautement stratégique. Dans le pipe depuis plusieurs mois, la visite du Roi à la Russie devrait s'effectuer mi-mars prochain. C'est en tout ce qu'a annoncé, jeudi 11 février, Yuri Ouchakov, le conseiller en politique étrangère de Vladimir Poutine, à l'agence officielle russe, Sputnik. Selon le diplomate russe, les discussions devraient porter aussi bien sur des questions de coopération bilatérale que sur des dossiers internationaux. Mohamed VI n'est pas à sa première visite puisqu'il s'est rendu à Moscou en octobre 2002. Un déplacement couronné par la signature de la Déclaration sur le partenariat stratégique entre les deux pays. Aujourd'hui, il s'agit de donner un coup d'accélérateur à la coopération entre les deux pays. Allié stratégique Le dossier du Sahara, hautement stratégique pour le royaume, sera certainement parmi les points inscrits à l'ordre du jour de la visite royale. L'héritier de l'ex-URSS est un acteur qui pèse lourd dans le club très sélect des membres permanents du Conseil de sécurité. Et le Maroc, qui essaie de convaincre la communauté internationale de son plan d'autonomie, a tout intérêt à mettre à ses cotés un allié diplomatique du poids de la Russie dans un monde où les alliances changent au gré des intérêts. En avril 2013, Washington, allié pourtant stratégique du Maroc, a essayé, à la surprise générale, d'imposer une résolution au Conseil de sécurité élargissant le mandat des forces de la Minurso pour surveiller les droits de l'Homme dans les provinces du Sud. Une initiative à laquelle le Maroc s'oppose catégoriquement. Il a fallu l'intervention de Moscou, qui s'est opposé à l'adoption de cette décision, «pour sauver les meubles». La Russie, qui a opéré un retour en force sur la scène internationale peut apporter une grande aide au royaume sur ce dossier. Sur le plan économique aussi, le Maroc a beaucoup à gagner en jetant les ponts avec la Russie. Les opérateurs marocains en sont conscients et multiplient les actions pour renforcer leur présence dans ce pays. En juin 2014, le Maroc a organisé, à Moscou, le premier forum économique des deux pays sous le thème : «Maroc, un partenaire stratégique de la Russie». La délégation marocaine a regroupé de grosses pointures de l'économie nationale : Othman Benjelloun (BMCE Bank), Miriem Bensalah (CGEM), Mohammed Kettani (Attijariwafa bank), Mohamed Benchaâboun (Banque populaire)... Pas moins de 120 opérateurs ont pris part à cet événement qui visait à insuffler une nouvelle dynamique aux échanges économiques et présenter les potentialités du Maroc en termes d'opportunités d'affaires et d'investissement. Mais en dépit de ces efforts, le constat est que le Maroc ne tire pas profit de son partenariat avec la Russie, d'autant plus que la voie a été balisée suite à la rupture des relations commerciales avec l'Union européenne. Selon Abdelaziz Mantrach, président de la commission logistique de l'ASMEX, «les exportateurs nationaux n'ont pas été très agressifs et percutants pour percer le marché russe». Les raisons de cet «échec» sont multiples : logistique, insuffisances des lignes aériennes instabilité de la monnaie russe... (cf.www.leseco.ma édition du 11 février 2016).