Un nouveau réseau construit sur financement chinois vient d'être réceptionné, mais le monopole accordé à une entreprise d'Etat pour sa disposition génère un malaise parmi les autres opérateurs. Un nouveau réseau de 3.200 km de fibre optique a été réceptionné le vendredi 3 mai 2013 à Maroua, dans la province de l'extrême nord, limitrophe du Tchad à l'est et du Nigeria à l'ouest. Cette infrastructure qui traverse le pays du sud au nord porte à environ 6.000 km la longueur totale du réseau installé de la fibre optique sur le territoire camerounais, compte tenu de ce qu'un premier réseau existait déjà. Celui-là suivrait essentiellement l'itinéraire du pipeline Tchad-Cameroun. Selon les informations émanant du ministère des Postes et télécommunications, la fibre optique dessert désormais les 10 capitales des provinces ainsi qu'une centaine de chefs-lieux de départements et d'arrondissements. Le dernier équipement dont la construction a commencé en décembre 2009 aura coûté la bagatelle de 30,6 milliards de FCFA (46,7 millions d'euros) financés à hauteur de 26 milliards de FCFA (39,6 millions d'euros) par le gouvernement chinois. Les travaux ayant été exécutés par l'entreprise chinoise Huawei. À en croire des sources officielles citées par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, cette fibre optique permet d'effectuer jusqu'à 6 millions de communications téléphoniques simultanées, ce qui, apprend-on, correspond au transport du contenu de 35 DVD à la seconde. L'on indique aussi qu'à ce titre, elle est utile aussi bien pour la télévision, l'internet que pour le téléphone. «Pour appeler par exemple au Cameroun, auparavant, on passait par la France, mais si on déploie ce réseau, on n'a plus besoin de passer par un autre continent pour appeler entre les pays voisins», a déclaré à la presse Noël Yamta, secrétaire général du ministère tchadien des Postes et des nouvelles technologies, présent à la cérémonie. La fibre optique camerounaise comprend en effet des bretelles vers des pays voisins comme le Tchad, la République centrafricaine et même le Nigeria. Dans une déclaration à l'agence de presse Xinhua, le conseiller économique et commercial de l'ambassadeur de Chine au Cameroun, Gao Yog Qin, pense pour sa part qu' «un jour, les peuples du grand Nord, désenclavés par ce projet, pourront vendre leurs grosses mangues et la viande bovine par Internet».Jean Pierre Biyiti Bi Essam, ministre des Postes et des télécommunications, a, pour sa part, mis l'accent sur l'intention du gouvernement camerounais d'arriver à un linéaire d'au moins 10.000 km de fibre optique. Pour cela, un mémorandum d'entente a d'ores et déjà été signé avec la Chine pour la construction de 4.000 km supplémentaires. L'objectif, dit-il, étant d'atteindre à l'horizon 2015 un taux de pénétration de 40% pour internet et de 50% pour la téléphonie mobile. À cet effet, la construction de boucles optiques urbaines est en cours dans les grandes métropoles. Après Douala, la capitale économique, celle de la capitale Yaoundé est en chantier. Pourtant, la connexion internet laisse encore à désirer dans le pays. Camtel (Cameroon télécommunications), l'opérateur à capitaux publics, jouit toujours du monopole de la fourniture des services internet. Les autres opérateurs qui ont essayé d'exploiter les failles de la convention qui lui confère ce privilège ont été stoppés net. En août 2009, MTN Cameroon, filiale de l'entreprise sud-africaine de téléphonie mobile, avait été sommée d'interrompre la pause de 81 km de fibre optique qu'elle avait engagée dans la ville de Douala. En septembre 2012, c'était au tour de la société Creolink Communications Ltd, un fournisseur d'accès internet, d'être épinglée après qu'elle a réussi à poser de manière illégale quelque 150 km de fibre optique entre Douala et Yaoundé. Les enquêtes de l'Agence de régulation des télécommunications (ART) avaient alors révélé que les câbles posés avaient été fabriqués au Maroc, dans une usine dénommée Imacab. Thierry Ekouti Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Le chant du cygne... La 63e journée de l'Europe, qui s'est célébrée le 9 mai dernier, a donné l'occasion au vieux continent de faire le point de sa coopération avec le reste du monde, et singulièrement avec l'Afrique. Au Cameroun par exemple, pas moins de deux jours d'atelier ont été consacrés à l'événement, impliquant aussi bien les diplomates de l'Union européenne en poste à Yaoundé que les membres du gouvernement avec, au premier rang, le ministre de l'Economie et de la planification. Tous ont dressé une sorte de bilan au Cameroun du Fonds européen de développement (FED) et de la Banque européenne d'investissement. Ces institutions participent actuellement à 18 programmes à travers le pays, dans les domaines de la pêche, des forêts, de l'amélioration du climat des affaires, etc. Seulement, ce bilan jugé «positif», n'a pas été suffisant pour masquer la frilosité qui ne cesse désormais de gagner l'Europe à mesure qu'approche l'année 2014. C'est en effet l'échéance fixée à certains pays ACP (Afrique Caraïbes -Pacifique) pour signer de manière définitive les accords de partenariat économique et de permettre un libre-échange avec l'Europe, consacrant notamment la suppression des droits de douane de part et d'autre, sur la plupart des produits. Ces accords qui semblent être taillés sur mesure pour donner un sursis au vieux continent, dont l'économie a vraisemblablement amorcé une irréversible phase de déclin, au moment où l'Afrique commence à se réveiller. Aussi sont-ils vivement critiqués par les économistes et les gouvernements de nombre de pays ACP. Cela ne garantit évidemment pas une signature de ces accords définitifs comme le souhaite l'Union européenne, à la place des accords intérimaires qui sont actuellement en vigueur. Du coup, la journée de l'Europe a donné l'occasion à ses plénipotentiaires dans les pays ACP d'accentuer la pression sur les gouvernements locaux. Cette insistance, dans la conjoncture actuelle, résonne beaucoup plus comme un chant du cygne...