Les usines exploitées par la CDE, filiale de l'ONEE, sont souvent contraintes à l'arrêt à cause de coupures récurrentes d'électricité ou de travaux de maintenance. Dans un communiqué publié sur son site internet, la Camerounaise des eaux (CDE), filiale du marocain ONEE (Office national de l'eau et de l'électricité), annonce des perturbations dans la distribution de l'eau potable à Yaoundé les mercredi 5 et jeudi 6 juin 2013. Cette entreprise qui assure la production, le transport et la distribution de l'eau potable au Cameroun explique cette situation par «des travaux de maintenance programmés dans l'usine de production d'Akomnyada». Les 24 et 25 avril derniers, des perturbations du même type s'étaient déjà produites dans la même station de production. Ce 30 mai 2013, l'entreprise avait déjà publié un autre communiqué sur son site internet. «En raison d'un manque d'alimentation en énergie électrique, pouvait-on y lire, l'usine de production d'eau potable de Japoma est en arrêt depuis 1h ce jour, le 30 mai 2013. En conséquence, la distribution de l'eau potable dans l'agglomération de Douala connaît d'importantes perturbations et des coupures.» Dans cette usine, d'autres perturbations dues aux mêmes causes s'étaient déjà produites le 2 avril et le 27 février derniers, pour les cas les plus récents, et il n'y a pas que Douala et Yaoundé, respectivement capitale économique et capitale politique, qui soient concernées par ces dérangements. Du 28 au 30 mai 2013, c'est Buéa, une ville de la province anglophone du sud-ouest, située au pied du mont Cameroun, qui était privée d'eau. Les raisons évoquées alors étaient les travaux d'installation de nouvelles canalisations. Si les interruptions dans la fourniture d'eau sont ainsi le plus souvent dues à des coupures d'électricité et à des travaux de maintenance, la CDE constatait il n'y a pas longtemps la recrudescence d'un autre facteur de perturbation. À savoir le vol de compteurs. Réagissant à ce phénomène qui tend à se généraliser, la société indiquait dans un communiqué que «ces vols récurrents sont perpétrés par des individus mal intentionnés qui se font passer la plupart du temps pour des agents de la CDE». L'entreprise appelait ensuite ses abonnés à la vigilance, les invitant à interdire l'accès à leurs compteurs à tout agent qui ne présenterait pas de documents d'identification et de travail. En l'occurrence «un ordre de travail, un avis de suspension de la fourniture d'eau ou un avis de passage, documents dûment signés par leur hiérarchie». Quelles qu'en soient les raisons, ces perturbations dans la distribution de l'eau potable poussent les abonnés à se tourner vers d'autres sources de ravitaillement. Les plus courantes étant les puits, les forages, et même les rivières. La CDE a vu le jour en 2008 suite à la privatisation suivant le mode de l'affermage de la SNEC (Société nationale des eaux du Cameroun). Détenue par trois actionnaires marocains (ONEE, Delta Holding et la Caisse de dépôt et de gestion), la CDE avait ainsi décroché la concession pour 10 ans du service de production, de transport et de distribution de l'eau potable dans le pays. Elle héritait alors d'infrastructures accumulant plusieurs années sans maintenance et d'un marché caractérisé par une demande largement supérieure à l'offre. Le tout dans un pays connaissant une sévère crise énergétique se traduisant par le rationnement de l'électricité. Résultat : à mi-parcours de son mandat, et malgré ses efforts, l'entreprise est encore loin de satisfaire les besoins. D'après ses propres statistiques, elle ne produit par exemple que 125.000 m3 par jour pour les 90.000 abonnés que compte la ville de Douala, dont la population est estimée à environ 2,5 millions d'habitants. Néanmoins, avec la Camwater (Cameroon Water Utilities Corporation), la société d'Etat créée dans le cadre de l'affermage, la CDE a planifié de vastes projets visant à réduire progressivement le déficit. Thierry Ekouti Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Avancées et reculades On dirait qu'en Afrique centrale, un point marqué sur le plan de l'intégration sous-régionale doit être aussitôt suivi d'un point perdu. Le 3 mai dernier, le Cameroun réceptionnait un réseau supplémentaire de 3.200 kms de fibre optique avec pour particularité des bretelles devant permettre la connexion prochaine du Tchad. Un acte salué par tous, dans la mesure où il permettra de désenclaver ce vaste pays qui n'a pas accès à la mer. Quelques semaines après, un jeune camionneur camerounais était froidement abattu en République centrafricaine alors qu'il s'était arrêté sur le côté d'une route pour remplacer un pneu défectueux. Même en remettant une somme de 50.000 FCFA à ses assaillants, il n'était pas parvenu à sauver sa vie. Les lenteurs administratives et le manque de coordination entre les autorités, aussi bien au Cameroun qu'en Centrafrique avaient considérablement retardé le rapatriement du corps de l'infortuné au Cameroun. Il a même fallu que les camionneurs camerounais desservant la Centrafrique observent un arrêt de travail pour protester contre cette situation, et plus généralement contre l'insécurité qui sévit à la frontière entre les deux Etats. Il s'agit d'un débrayage de plusieurs jours qui a sans doute entraîné d'importantes conséquences économiques. Dans la même foulée, l'on signalait encore une autre de ces expulsions devenues fréquentes, de citoyens camerounais établis ou travaillant en Guinée équatoriale. Quoi qu'il en soit, ces trois événements se sont produits au moment où l'on célébrait les 50 ans de la création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), devenue Union africaine (UA) depuis 2002. Venant rappeler les avancées et reculades qui caractérisent encore, hélas, la marche vers l'intégration en Afrique en général et en Afrique centrale en particulier, malgré les déclarations d'intention des autorités. Une marche qui, de ce fait, pourrait être bien plus longue qu'on ne l'espère.