Les employés locaux de la Camerounaise des eaux, filiale camerounaise de l'ONEE, ont récemment présenté au ministre du Travail un chapelet de griefs allant de leurs droits sociaux à leur retraite. Bientôt dix ans depuis la privatisation de la Société nationale des eaux du Cameroun (SNEC), et les ex-employés de celle-ci, qui avaient été reversés dans la Camerounaise des eaux (CDE), ne possèdent toujours pas la totalité de leurs droits sociaux, évalués à 50 millions de FCFA (100.000 dollars). Ils l'ont clairement fait savoir le vendredi 4 avril au cours d'une cérémonie de remise de médailles d'honneur du travail au personnel de la CDE. Jean Tsanga, le représentant des travailleurs a martelé à l'endroit du directeur général de la Cameroon Water Utilities Coorporation (Camwater) et au ministre du Travail et de la sécurité sociale la nécessité de régler le reliquat de cette dette, qui était de 3 milliards de FCFA (6 millions de dollars). Faut-il le rappeler, la Camwater est la société de patrimoine créée par l'Etat camerounais en même temps que la CDE, à l'occasion de la privatisation en 2008 de la SNEC qui s'est faite suivant le système de l'affermage. Au cours de cette cérémonie du 4 avril, le porte-parole des travailleurs a exhorté la hiérarchie de la CDE à corriger certains problèmes qui continuent d'entacher le traitement du personnel de la société. Il s'agit par exemple de la question des diplômes se rattachant aux médailles d'honneur du travail décernées aux travailleurs de l'ex-SNEC en 2007, lesquels diplômes ne sont toujours pas délivrés à ce jour. Il s'agit aussi de ce que le porte-parole des employés appelle l'«apartheid syndical». Il s'agit, à en croire Jean Tsanga, de la discrimination entretenue par certains hauts cadres de l'entreprise et qui veut qu'une organisation comme la Fédération nationale des syndicats des travailleurs de l'eau et de l'énergie électrique du Cameroun (Fensteeec) soit interdite de fonctionnement dans l'entreprise. Autre revendication, et pas des moindres: la retraite. Les travailleurs estiment en effet que malgré les efforts consentis par les employeurs du secteur de l'eau pour une revalorisation de l'indemnité de fin de carrière, «la retraite demeure un cauchemar pour les travailleurs des secteurs parapublics et privés», d'autant plus que l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) appliqué à l'indemnité de fin de carrière vient opérer une ponction sur cette indemnité. «Cet impôt nous semble abusif, en ce sens qu'il violerait le principe du droit fiscal qui proscrit le paiement d'un même impôt deux fois et pour le même objet», estiment les travailleurs par la voix de leur représentant. C'est dire si un réel inconfort couve bien dans les rangs des employés de la CDE qui estiment aussi que les différentes prestations de la CNPS (Caisse nationale de sécurité sociale), et en particulier la pension vieillesse, ne sont plus adaptées à l'évolution des rémunérations et au renchérissement permanent de la vie. Comme réaction à tous ces griefs, que le ministre du Travail, Grégoire Owona, a promis d'examiner ces différents problèmes afin d'y apporter des réponses «dans les jours à venir». C'est en 2008 que la CDE a commencé ses activités de production et de distribution de l'eau potable au Cameroun. Pour cela, elle exploite les infrastructures mises à sa disposition par l'entreprise publique Camwater. À la faveur de l'événement du vendredi 4 avril dernier, le Marocain Brahim Ramdane, le directeur général de la CDE, a affirmé qu'en 2013, l'entreprise a produit sur l'ensemble du territoire camerounais un total de 125 millions de m3 d'eau potable. Une eau distribuée à environ 348.000 abonnés et utilisée par plus de 9 millions de personnes, ce qui reste bien peu pour un pays dont la population est estimée à quelque 22 millions d'habitants. Parmi les problèmes que rencontre la CDE, il y a de fréquentes coupures d'électricité qui limitent les performances de ses équipements qui, eux-mêmes, souffrent d'une vétusté certaine. En outre, il y a la très faible extension du réseau de distribution. Seule une centaine de villes sur plus de 300 sont connectées et, dans des villes comme Douala et Yaoundé, la majorité des habitants se ravitaillent auprès des rivières, des puits ou des forages, n'ayant pas accès à l'eau de la CDE. Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) S'associer contre l'insécurité Récemment, deux religieux français étaient enlevés au Nord du Cameroun. Même si personne n'a encore rien revendiqué, tous les index sont pointés vers Boko Haram, ce mouvement terroriste qui sévit surtout au Nigeria. Pourtant, l'enlèvement n'en finit pas de susciter des interrogations au sein de l'opinion publique qui ne comprend pas la facilité avec laquelle ces malfaiteurs opèrent sur cette partie du territoire camerounais alors que l'Etat y a déployé des bataillons d'intervention rapide (BIR). La difficulté qu'a le BIR d'empêcher Boko Haram d'opérer au Cameroun montre qu'il faut changer de stratégie dans la traque de ces bandits dont les actes ont déjà poussé les organisateurs du Paris-Dakar à changer d'itinéraire pour aller en Amérique du Sud, entraînant aussi une forte baisse de la fréquentation touristique de la partie Nord du Cameroun, désormais déconseillée à leurs citoyens par les ambassadeurs établis à Yaoundé... Il semble par exemple plus efficace pour tous les Etats sahéliens de s'associer pour mener cette croisade contre Boko Haram dont les membres passent facilement d'un pays à un autre, du Mali au Soudan en passant par le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Tchad, etc. En opérant de manière isolée, il est en effet impossible pour les soldats d'un pays de contrôler et de venir à bout de cette nébuleuse qui sévit au-delà des frontières de chaque Etat.