Vingt Camerounais passagers d'un bus ont été enlevés, dimanche 8 février, dans l'Extrême-nord du Cameroun par des combattants du groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui ont ensuite exécuté 12 d'entre eux, selon des témoignages concordants recueillis lundi 9 février. «De simples citoyens sont régulièrement enlevées dans la région sans que cela n'émeuve personne», selon la même source. «Certains sont souvent libérés lorsque leurs familles négocient, (alors que) d'autres sont tués». Depuis des mois, Boko Haram multiplie les attaques contre des cibles civiles et militaires dans l'Extrême-nord du Cameroun. Une cinquantaine de militaires camerounais ont déjà perdu la vie dans cette région depuis le début des attaques au mois de juillet.L'armée tchadienne a lancé, le 3 février dernier, une grande offensive terrestre au Nigeria, à partir du Cameroun, reprenant aux islamistes la localité nigériane frontalière de Gamboru, après de durs combats. Le 4 février, Boko Haram, fuyant l'armée tchadienne, a commis un carnage à Fotokol, petite localité nichée dans la région de l'Extrême-nord du Cameroun, à quelques kilomètres du Nigéria. Sur le carreau, des dizaines ou des centaines Camerounais. Le choc est terrible. En une journée qui s'annonçait comme les autres, Boko Haram a eu raison de l'insouciance des habitants de cette localité qui se croyaient en sécurité. De la manière la plus horrible qu'il soit. Selon Alain Edgard Mebe Ngo'o le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense, les combats de Fotokol entre les terroristes et la coalition des armées camerounaise et tchadienne, ont causé la mort de 81 civils, 13 militaires tchadiens et 06 militaires camerounais. «Je voudrais préciser que ce bilan est susceptible d'évoluer parce que en dehors des personnes tuées, il y a beaucoup de blessés, dont certains très grièvement» a tenu à préciser le ministre de la défense. Toujours selon le Gouvernement camerounais, Boko Haram qui a opéré le raid contre Fotokol avec 800 terroristes, s'en tire également avec d'importantes pertes en vies humaines. L'horreur a déclenché des réactions. « Cela ne ressemble pas au Cameroun, cette photo là ne colle pas avec lui », a-t-on pu lire au cours d'une marche récente à Yaoundé. Des émotions, il y en a eu. Des plus vives d'ailleurs. Elles ont été enregistrées dans tout le pays. Depuis quelques semaines, les marches de soutien à l'armée et à la nation fleurissent au Cameroun. Les populations se mobilisent contre Boko Haram. « Boko Haram ne me fait pas peur, entend-on dans l'assistance. Ce que je sais, c'est qu'on va se battre ! S'il faut que nous, les civils, nous puissions aller au front, nous le ferons. Mais jamais Boko Haram n'aura raison du Cameroun. Nous défendrons notre pays coûte que vaille. »L'ambassadeur des États-Unis à Yaoundé aurait annoncé, selon la presse camerounaise, que son pays offre 7 millions de dollars américains, pour toute action pouvant favoriser la capture d'Abubakar Shekau, le sulfureux leader de Boko Haram. Le diplomate américain justifie la mise à prix de la tête de l'actuel leader de la secte djihadiste nigériane Boko Haram : cette organisation est devenue synonyme de terrorisme planétaire et d'islamisme fanatisé et barbare. A en croire le diplomate américain, ce que prouvent les informations glanées auprès des autorités publiques, religieuses, civiles, militaires, intellectuelles et culturelles camerounaises, toutes confessions confondues, est clair : il est possible d'arrêter les exactions perpétrées par Boko Haram. « En dehors des manifestations de la violence physique, a dit l'ambassadeur américain, les jihadistes nigérians encouragent aussi la violence morale ». Ils demandent aux peuples de renoncer à leur identité. Boko Haram exige ouvertement l'intolérance, à travers son Islam frelaté. Cela n'est pas pardonnable».