Après le vote du Parlement, le chef de l'Etat va ratifier prochainement l'accord d'étape qui permettra à 80% de produits européens d'être exonérés de droits de douane à leur entrée sur le territoire camerounais. Au courant de sa session ordinaire de juin 2014, le Parlement camerounais a adopté le projet de loi autorisant le président de la République à ratifier l'accord d'étape devant conduire le pays vers un accord de partenariat économique avec l'Union européenne. Un accord d'étape paraphé en 2007, puis signé en 2009 pour permettre l'accès de certains produits camerounais en franchise de douane sur le territoire de l'Union européenne (UE), en vertu des relations commerciales entre l'UE et les pays ACP (Afrique - Caraïbes - Pacifique). Ces produits sont notamment le café, le cacao, la banane, le bois, etc. À la faveur de cette ratification qui n'est plus qu'une question de jours maintenant, une réciprocité sera observée et 80% des produits de l'UE importés par le Cameroun seront exonérés des droits de douane. Ce sont entre autres des produits destinés à la consommation des ménages, les machines et biens d'équipements, les matériaux de construction, etc. Un accord qui n'est pas sans conséquences. D'après des études réalisées par le ministère des Finances (Minfi) et relayées par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune : «l'incidence de l'APE d'étape sur les recettes fiscales pourrait atteindre 1.330 MMFCFA de pertes cumulées à l'horizon 2023 et 2.470 MMFCFA en 2030». La même source indique que «les pertes cumulées de la TVA sur les produits domestiques s'élèveraient à 21 MMFCFA à l'horizon 2023 et à 61 MMFCFA à l'horizon 2030». L'adoption de ce projet de loi par le Parlement camerounais va d'ailleurs à l'encontre de l'essentiel de l'opinion publique du pays. Laquelle estime, depuis plusieurs années, que l'économie camerounaise n'est pas prête pour faire face aux conséquences de tels accords. D'où l'immense déception qui prévaut à présent dans l'opinion. «C'est triste que les élus du peuple, dans leur majorité, ne défendent pas les intérêts du peuple qui les a élus, regrette dans les colonnes du Quotidien de l'Economie, Protais Ayangma Amang, le président du deuxième syndicat patronal du pays. Ils ont gravement hypothéqué l'avenir des jeunes générations et des générations futures car ce sont elles qui vont trinquer. Déstructurer notre industrie, c'est détruire les emplois qui vont se transporter vers les pays du Nord, nous réduisant au statut de consommateurs», selon Daniel Claude Abate, autre leader patronal, qui renchérit : «notre économie, dans son ensemble, souffre déjà d'un problème structurel de compétitivité qui n'épargne pas même les grandes entreprises. Cet accord va accentuer la situation. Les PME vont donc trinquer amèrement de l'application dans le temps de l'APE et certaines ne manqueront pas de disparaître». En réponse à ces critiques, le gouvernement, à travers une conférence de presse conjointe du ministre de la Communication et de celui de l'Economie, dit que «les risques inhérents à l'application des APE sont parfaitement connus et absolument maîtrisés». Outre la mise en place en 2013 d'un bureau de mise à niveau des entreprises afin de les adapter à la nouvelle donne, Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication, indique que «l'APE va créer un climat plus favorable pour la gouvernance économique, le commerce extérieur et les investissements. Il ouvrira de nouvelles perspectives de croissance et de développement pour notre économie, sans qu'aucune menace ne soit portée aux acquis de l'intégration régionale à laquelle le Cameroun reste solidaire». Répondant au passage aux nombreux observateurs qui estiment qu'en optant pour une ratification unilatérale de l'APE d'étape, au moment où les autres pays de la sous-région le rejettent, le Cameroun porte atteinte au processus d'intégration en Afrique centrale. Dans la mesure où les marchandises européennes entrées en franchise au Cameroun pourraient se retrouver dans les pays voisins. Ces derniers temps pourtant, Yaoundé avait laissé penser qu'il optait bien pour un accord régional complet dans le cadre de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale) et non pas d'un accord unilatéral comme celui qu'il s'apprête à ratifier. Billet Il faut faire quelque chose... Après plusieurs mois d'intenses tractations et de revendications de la part de la société civile, la 17e session de la Commission consultative du travail réunie mercredi et jeudi derniers à Yaoundé a décidé de procéder à une réévaluation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Celui-ci passe de 28.700 FCFA à 35.270 FCFA pour le secteur agricole et à 50.000 FCFA pour les autres secteurs d'activité. Cela représente une augmentation respective de 2,89% et 74,21%. Certes, en regardant ce dernier taux, on a la tentation de dire que le gouvernement a consenti un très gros effort. Seulement, on réalise en y regardant de plus près que même après sa réévaluation, le SMIG du Cameroun reste en deçà de celui de la plupart des pays de l'Afrique centrale où il est 150.000 FCFA au Gabon, 120.000 en Guinée équatoriale, 90.000 au Tchad, 60.000 au CongoBrazzaville. À peine ce nouveau SMIG arrêté par Yaoundé égale-t-il celui de la République centrafricaine, qui se situe à environ 35.000 FCFA. Ce qui, pour un pays concerné à juste titre comme la locomotive de la sous-région, se révèle bien insuffisant... Cette réévaluation du SMIG est l'une des mesures de compensations prises par le gouvernement après l'augmentation du prix du carburant à la pompe, après notamment la réduction de moitié de certaines taxes et l'augmentation des salaires des fonctionnaires de... 5%. Mais, dans un tel contexte, il est fort à craindre que les objectifs visés par l'Etat à travers ces mesures ne soient finalement pas atteints. Il s'agit notamment d'empêcher l'augmentation des prix . Thierry Ekouti, Dir. pub - Le Quotidien de l'Economie (Cameroun)