En attendant de produire localement, l'entreprise vend sur le marché du ciment fabriqué au Maroc. Environ 15.000 tonnes ! C'est la quantité mensuelle de ciment que met sur le marché camerounais la filiale locale de l'entreprise marocaine CIMAF (Ciments de l'Afrique). Distribué en sac de 50 kg chacun, ce ciment est de marque CIMAT (Ciments de l'Atlas) et porte la mention «produit au Maroc, distribué par CIMAF». Selon un cadre de la filiale camerounaise de CIMAF qui a souhaité garder l'anonymat, cela s'explique simplement par le fait que l'usine camerounaise est encore en chantier et ne produit en conséquence pas encore de ciment. Sur le site de cette usine située dans la zone industrielle de Bonabéri sur la rive droite du Wouri à Douala, les travaux battent effectivement leur plein. Le sol marécageux recouvert de mangrove que l'on avait découvert au moment de la pose de la première pierre en mai 2012 a cédé la place à un terrain praticable. «Nous avons dû remblayer avec plus de deux mètres d'épaisseur de pouzzolane», explique un ouvrier en service sur le chantier. L'on apprend d'ailleurs que cette opération de stabilisation du terrain a nécessité plus de temps que prévu et a entraîné un «petit» retard que l'entreprise dit avoir rattrapé aujourd'hui. Car, après le remblai, les autres travaux ont été exécutés avec rapidité. Ainsi, les ouvrages de génie civil sont maintenant presque tous terminés tandis que la plupart des bâtiments qui ont sont sortis de terre affichent un taux de réalisation dépassant les 80%, d'après les estimations des techniciens du chantier. D'un coté, il s'agit des bâtiments administratifs, du laboratoire et de la salle de commande électrique... De l'autre, il s'agit des différents compartiments de la chaîne de production tels que le hall de stockage de la matière première, la ligne de transport, le broyeur, l'unité d'ensachage... «D'ici fin juin – début juillet 2013, nous allons réceptionner les équipements qui vont marquer le début des travaux de montage», indique l'entreprise. Ajoutant que ces équipements sont fabriqués par l'allemand Polysius dont les machines «ont une bonne réputation à travers le monde entier». «Nous nous efforçons de mettre en place une usine qui respecte les règles de l'art et qui offre toutes les garanties de sécurité», martèle un cadre de la société. Au regard de ce rythme d'évolution des travaux, CIMAF Cameroun annonce que les premiers sacs de ciment produits par son usine de Douala seront disponibles sur le marché à partir de la fin de l'année 2013. La production initiale envisagée étant de 500.000 tonnes par an, avec une possibilité d'atteindre un million de tonnes. À cet effet, l'entreprise n'exploite pour le moment que 7 hectares sur les 10 qui lui ont été attribués. «Les 3 hectares restants nous permettront de réaliser l'extension de l'usine le moment venu», déclare un des responsables de la société. C'est le 19 mai 2012 que la première pierre pour la construction de cette usine avait été posée à la fois par le 1er ministre camerounais, Philémon Yang et Anas Sefrioui, le patron du groupe Addoha et président de CIMAF Cameroun. À cette occasion, on apprenait que la construction de cette usine nécessitait un investissement d'environ 30 millions d'euros. Elle arrive dans un contexte marqué par le démarrage de nombreux grands chantiers dits structurants comme des barrages hydroélectriques, des logements sociaux, des routes et ponts... Des chantiers qui, à leur phase de croisière, vont porter la demande en ciment de près de 3 à 8 millions de tonnes. Pour l'instant, la production de Cimencam (Cimenterie du Cameroun – filiale du français Lafarge et unique cimentier opérant actuellement dans le pays) est de moins de 2 millions de tonnes. Aussi, outre CIMAF, trois autres cimenteries sont en projet ou en construction pour combler le déficit. Parmi elles, il y a celle du nigérian Dangote cement qui est en chantier à Douala et celle de Cimencam qui entend ériger sa troisième unité de production près de Yaoundé. Thierry Ekouti Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) De l'évasion fiscale... Lors de leur énième sommet qui s'est tenu la semaine dernière en Irlande du nord, les dirigeants du G8 ont exprimé leur volonté d'engager la lutte contre l'évasion fiscale. À travers la mise en place dans le monde du partage automatique des informations fiscales ainsi que la modification des législations favorisant l'optimisation fiscale. Cette décision rejoint celle de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) qui, à travers la «task force», entend déployer des inspecteurs des impôts sans frontières qui devront faire la traque de l'évasion fiscale. Il est vrai que cet engagement survient dans un contexte fort préoccupant. Selon l'organisation Christian Aid, une énorme partie des investissements dans les pays en voie de développement transite par les paradis fiscaux, privant ces Etats d'environ 120 milliards d'euros par an sous forme d'impôts. «De l'argent qui pourrait permettre d'éradiquer la faim dans le monde», selon l'ONG. Il n'y a pas longtemps déjà, le ministre délégué français chargé du Développement, Pascal Canfin, observait dans les colonnes du Figaro que «les flux financiers échappant aux Etats du Sud, pour cause d'optimisation ou d'évasion fiscale, sont évalués à 10 fois le montant de l'aide publique mondiale au développement». Plus concrètement, l'institut Global Financial Integrity (GFI) affirme que les fuites illégales de capitaux en Afrique auraient dépassé les 850 milliards de dollars entre 1970 et 2008. C'est dire si cette décision des pays les plus riches de la planète de s'attaquer au fléau est indéniablement la bienvenue. Sauf que certains pays ont fait de l'attractivité fiscale le socle de leur compétitivité économique et ne seraient pas si prompts à s'en départir. C'est peut-être la raison pour laquelle le G8 n'a pas pris de mesures fortes. Même pas sur le statut des trusts qui permettent de transférer les fonds dans les paradis fiscaux. Le combat est donc bien loin d'être gagné...