Younès Boumehdi PDG Hit Radio Il a crée une radio privée dédiée aux jeunes en 2006 alors qu'il était destiné à une autre carrière. Il a trouvé sa voix, et elle porte le nom de Hit Radio. Younès Boumehdi, exemple de réussite 100% marocaine, participe à l'animation de la scène culturelle. Son dernier combat, la réouverture du cinéma mythique de Rabat, la Renaissance. Zoom sur un parcours sans faute. Il est issu de cette jeunesse dorée marocaine qui ne se repose pas sur ses lauriers. Après des études au lycée Descartes de Rabat où il obtient un bac «économie», il s'envole pour Paris afin de poursuivre son rêve. Younès Boumehdi s'intéresse aux radios privées et il ne s'en cache pas. En attendant de trouver un projet cohérent, il opte pour Science Po Paris sans conviction avant de s'orienter vers des études de Marketing et communication à l'European business school, où il obtient son diplôme en 1992. De retour au Maroc, il n'oublie pas son envie de créer une radio et décide de déposer une première demande de création de radio privée après avoir assisté à Infocom, assises organisées en avril 1993 à Rabat qui signent le début d'une prise de conscience des pouvoirs publics pour la libéralisation des ondes. Cependant, le jeune homme est conscient qu'il est encore tôt pour concrétiser son rêve au Maroc et décide de créer deux entreprises puisqu'il ne se sent pas rester salarié toute sa vie. L'ambition le mènera à crée une entreprise de distribution de produits chimiques, suivie d'une autre à Paris dans la communication et l'accompagnement de jeunes talents dans le monde de la mode et du design. Il n'oublie pas pour autant la radio, tel un destin qui finira par le rattraper. «Je commence à croire que c'était ma destinée. Ce projet remonte à 1993, le premier dossier déposé dans ce sens auprès des autorités marocaines avait déjà pour vocation de diffuser de la musique pour toucher la jeunesse de l'ensemble du pays. On souhaitait tous une radio qui nous ressemble et nous rassemble», confie Younès Boumehdi qui revient sur son parcours, presque avec nostalgie. «J'ai fait de la communication, du marketing, monté une boîte d'import-export à l'âge de 20 ans, puis une autre dans le secteur de la santé, une autre dans le secteur de la mode, une autre dans le secteur des médias et là, je me suis enfin trouvé! Entre-temps, j'ai imaginé plusieurs projets aussi fous les uns que les autres, la plupart n'ont jamais vu le jour, mais chaque expérience m'a encouragé à continuer à dépenser de l'énergie pour réaliser mes rêves. J'ai «appris» la radio sur le tas, grâce à des rencontres fabuleuses et des expériences étonnantes». 2005 voit l'entrée en vigueur de la loi sur la libéralisation du paysage audiovisuel, et une réponse à sa demande de création de radio privée lui parvient, presque 12 ans après avoir formulé ladite demande. Son projet est donc sélectionné, et Younès Boumehdi décide de rentrer de France pour concrétiser son ambitieux projet. Hit Radio est née en 2006, et c'est une nouvelle page pour le jeune entrepreneur qui n'a jamais oublié son domaine de prédilection. S'en suivront alors d'innombrabless journées de travail, la constitution d'une équipe jeune et dynamique, le rêve qui devient une belle réalité, dure par moments, «la difficulté à trouver le financement nécessaire à ce projet et les idées reçues». En effet, Hit Radio se veut libre et dédiée à la jeunesse, et lui vaudra même une amende de 100.000 DH puis une interdiction d'émettre pendant 15 jours après des émissions jugées «osées» par la HACA, mais Younès Boumehdi ne se décourage pas. Il commence à monter le projet avec 5 personnes; aujourd'hui, 6 ans plus tard, l'équipe est constituée de plus de 50 personnes. Cette tâche ne s'avérera pas facile. «Le métier d'animateur est un métier très particulier qui demande à la fois beaucoup de rigueur, de passion, de créativité et d'endurance! Les vocations semblent tout de même se développer, et la dynamique des radios privées nous amène sur le marché de plus en plus de jeunes passionnés. Globalement, l'expérience s'acquiert en situation, les écoles de formation manquent au Maroc alors que la demande et la concurrence est importante». Younès Boumehdi gère librement et paisiblement son quotidien. «Je me réveille au son de Hit Radio. Je travaille de chez moi environ 4 heures et j'arrive au bureau vers 10h00 pour m'installer sur mon bureau terrasse, idéalement connecté avec mon ordinateur, mes téléphones et mes équipes. J'enchaîne ensuite avec beaucoup de rendez-vous pour finir la journée vers 20h00», raconte Younès Boumehdi en décrivant une journée type de travail à la radio, qui finalement lui ressemble, mais pas sur tous les plans. «Je ressemble à Hit Radio dans ma capacité à positiver et j'ai, comme elle, le goût de l'impertinence. Pour la musique, mes choix sont plus éclectiques et il n'est pas rare que j'écoute en boucle les suites pour violoncelles de Bach», explique le PDG passionné qui s'inspire de chaque nouvelle rencontre. Justement, de rencontre en rencontre, Younès Boumehdi s'implique dans le volet culturel avec notamment les Méditel Music Awards ou encore la rénovation de la salle de cinéma la Renaissance: «de mon point de vue, c'est un tout, Hit Radio fait partie de mon implication dans la vie culturelle et sociale du pays». Ce tout ne l'empêche pas de rêver et de toujours voir plus haut, de continuer ce rêve qui semblait presque impossible et qui pourtant est devenu réel, «le rêve de pouvoir réaliser mes ambitions et l'ambition de me dire que Hit Radio n'est pas MA radio rêvée mais LA radio réelle de toute une génération. Pour l'instant, le projet le plus concret est le développement de Hit Radio sur le territoire africain. Nous venons d'obtenir 2 licences de diffusion supplémentaires au Burundi et au CongoBrazzaville. J'espère que d'ici 2014, nous pourrons couvrir plus de 7 pays dans la région». C'est ainsi que le fondateur de la radio des jeunes continue son ascension en pensant à une alternative à la télévision. Pourquoi pas puisque pour lui, rien n'est impossible. En attendant, son projet grandit par la force du travail, de la créativité et de la passion. «C'est un peu comme donner naissance à un enfant, on peut l'imaginer, lui donner un prénom mais on est toujours surpris de voir qu'il grandit indépendamment de notre volonté». Ici, la volonté rime avec réussite, et Younès Boumehdi peut se permettre de laisser briller sa radio «100% hits»...