La filiale camerounaise d'Attijariwafa bank sera l'un des principaux animateurs de l'appel public à l'épargne que s'apprête à faire le gouvernement tchadien en vue du financement de la construction d'un centre d'affaires à Ndjamena. La Société commerciale de banques au Cameroun (SCB Cameroun), filiale du groupe Attijariwafa bank, a été retenue par l'Etat tchadien comme l'un des co-arrangeurs de l'emprunt obligataire que s'apprête à émettre ce pays d'Afrique centrale. C'est du moins ce qu'annonce l'agence Ecofin, un site d'informations économiques en ligne. La SCB Cameroun fait partie d'un consortium comprenant aussi BGFI Bourse, une société agréée par la Commission de surveillance du marché financier de l'Afrique centrale (Cosumaf) et CCF Bourse, une société de gestion et d'intermédiation agréée par le Conseil régional de l'épargne publique et des marchés financiers (CREPMF) de l'Afrique de l'Ouest. À en croire le quotidien camerounais «La nouvelle expression» citant des « sources généralement bien informées», le rôle précis de la SCB Cameroun en tant que co-arrangeur et co-chef de file de l'opération consiste entre autres à introduire les titres auprès de la DSX. La même action auprès de la BVMAC incombant à BGFI bourse, quant au troisième membre du consortium, il agira, apprend-on, comme conseil de l'émetteur. Cette émission d'obligations se fera sur le marché financier de l'Afrique centrale à travers la Douala stock exchange (DSX - la Bourse des valeurs mobilières de Douala au Cameroun) et la Bourse des valeurs mobilières de l'Afrique centrale (BVMAC), dont le siège est à Libreville au Gabon. Selon les mêmes sources, la SCB Cameroun est également tête de file du syndicat de placement qu'elle doit constituer en vue de la réalisation de cette opération, qui a pour finalité de lever la bagatelle de 85 milliards de FCFA (environ 129,5 millions d'euros). La période de souscription pour cet emprunt obligataire court jusqu'au 30 septembre prochain. Le taux du coupon, quant à lui, est de 6% net par an tandis que sa maturité est de 5 ans (2013-2018). Le gouvernement tchadien compte sur les fonds qui seront ainsi levés pour compléter le financement de la construction de la cité internationale des affaires de la capitale Ndjamena, un projet de 240 milliards de FCFA (un peu moins de 366 millions d'euros) dont la construction est prévue pour durer 24 mois. L'émission de ces obligations arrive au moment où le déficit budgétaire de l'Etat tchadien pour 2013 s'est creusé. En effet, selon la loi de finances rectificative adoptée fin juillet 2013, il passe de 304 à 401 milliards de FCFA (de 463,4 à 611,3 millions d'euros). Cité par l'agence de presse Xinhua, Atteib Doutoum, ministre tchadien des Finances et du budget, explique que «le déficit budgétaire sera financé par l'excédent de trésorerie de 2012, l'emprunt contracté auprès de la Guinée équatoriale, l'émission de bons de Trésor et l'emprunt obligataire sur le marché financier régional». Quant à la SCB Cameroun, elle confirme sa constante participation aux marchés des titres dans la sous-région de l'Afrique centrale. Agréé comme spécialiste en valeur du Trésor, l'établissement est par exemple l'un des principaux partenaires de l'Etat camerounais dans ses fréquents appels publics à l'épargne, avec des émissions de bons du Trésor depuis 2012. Au mois de juillet 2013, la banque était déjà l'un des cinq établissements de crédit du Cameroun à participer, en qualité de spécialistes en valeur du Trésor, à l'emprunt obligataire émis par le gouvernement gabonais pour lever 240 milliards de FCFA (environ 366 millions), en vue de financer ses grands travaux. Auparavant, la Banque avait pris part à l'emprunt obligataire de l'Etat camerounais de 2010, alors qu'elle était encore dans le giron du groupe français Crédit lyonnais, le groupe Attijariwafa ne l'ayant acquis qu'en 2011. Une opération dans laquelle SCB Cameroun et les six banques impliquées ont récemment été accusées d'avoir touché des commissions indues... Thierry Ekouti Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Le dilemme des grands travaux Au Cameroun, de larges espaces de forêts ont été rasés pour ériger le complexe industrialo-portuaire de Kribi ainsi que les barrages de Memve'ele, Mekin et Lom Pangar. Ce n'est que la semaine dernière que les autorités du ministère des Forêts et de la faune ont mesuré l'ampleur de la «catastrophe». En déplacement sur quelques-uns de ces chantiers, le ministre Philip Ngole Ngwesse, a constaté que les entreprises qui exécutaient ces travaux ne respectaient pas les dispositions de la loi forestière en matière d'exécution des chantiers à fort impact environnemental. C'est dire si les grands travaux de développement engagés par de nombreux pays d'Afrique, et ceux de l'Afrique centrale en particulier, posent d'ores et déjà des problèmes d'atteintes à l'environnement. Ces travaux traduisent donc le terrible dilemme qu'il faut résoudre chaque fois que des programmes de constructions d'infrastructures sont engagés un peu partout. L'Afrique n'est donc pas en reste. Ailleurs dans le monde, l'on a même vu des mouvements écologistes s'opposer avec succès à la réalisation de certains projets d'infrastructures, ou obtenir leur délocalisation, du fait de leurs conséquences sur la nature. Si l'on n'en est pas encore à ce stade en Afrique subsaharienne, ce qu'il y a lieu de faire serait sans aucun doute de redoubler de vigilance afin de limiter les dégâts.