Jamal Ahizoune, Directeur général SCB Cameroun Les ECO : Pourquoi la SCB souhaite accompagner l'Etat du Tchad dans son emprunt obligataire ? Jamal Ahizoune : La société commerciale de banque au Cameroun (SCB Cameroun) a décidé d'accompagner l'Etat du Tchad parce qu'elle croit au potentiel de ce pays. En plus, elle a la capacité de mettre derrière elle toute la communauté des investisseurs qui sont clients ou pas. Il faut savoir que c'est un métier que d'être arrangeur d'une opération de ce genre. La SCB Cameroun est filiale du groupe Attijariwafa bank depuis deux ans et nous nous sommes imposés comme discipline d'implémenter toutes les lignes du métier du groupe, y compris la salle des marchés et le conseil. Par conséquent, la SCB Cameroun est intervenue en tant qu'arrangeur à travers son compartiment conseil de la salle des marchés. Quelle est, concrètement, votre mission ? Nous avons le rôle d'accompagner l'Etat du Tchad jusqu'au bouclage de l'opération, et nous allons suivre l'introduction de cet emprunt. Nous allons demander avec l'émetteur la cotation de cet emprunt sur les bourses de valeurs de Libreville et de Douala. Quelle est la démarche à suivre pour les potentiels souscripteurs qui veulent adhérer, maintenant qu'elle a été lancée au Cameroun ? Nous sommes co-arrangeurs et nous avons convaincu un syndicat de placement au Cameroun. Cela veut dire aussi que tous les investisseurs potentiels doivent s'adresser à un des membres du syndicat de placement. Ceux-ci mettront à leur disposition tout ce dont ils ont besoin et même l'argumentaire d'investissement qui les rassure et qui les convainc de la pertinence de l'investissement. Depuis un certain temps, la SCB Cameroun est sollicitée par les émetteurs d'emprunts obligataires. Parmi les plus récents, il y a eu celui de BGFI, puis maintenant celui du Tchad. Qu'est ce qui fait que votre banque est à ce point sollicitée ? La SCB Cameroun est sollicitée parce qu'elle est très active. Nous avons mis en place une salle des marchés depuis un an et demi. En outre, la SCB Cameroun est aujourd'hui réputée comme étant faiseur de marchés. C'est peut-être un peu prétentieux de dire ça, mais c'est la réalité. De plus, la crédibilité de la SCB Cameroun est reconnue à l'échelle de la sous-région. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, la SCB Cameroun n'est pas non plus avare lorsqu'il s'agit de déposer un dossier chaque fois qu'une occasion se présente. Elle est à l'affût de toutes les opportunités. De surcroît, il faut dire aussi que les émetteurs ou les intervenants du marché de la sous-région lui font confiance. Ceux-ci savent à quel point elle est crédible. L'emprunt de BGFI a cependant connu les réserves de la Commission des marchés financiers (CMF) du Cameroun. Où en êtes-vous avec cet emprunt ? S'agissant de l'emprunt de la BGFI, je ne peux pas revenir là-dessus parce que nous avons été approchés pour un mandat d'arrangeur que nous avons décliné. Non pas parce que nous ne croyons pas à la potentialité de la BGFI, mais simplement parce que nous avons un certain nombre de sujets importants et quand nous nous engageons pour faire une opération, nous préférons la mener à bien. Nous manquions de temps à consacrer à la qualité de l'exécution de cet emprunt. En conséquence, nous avons décliné l'opération. Pourquoi la SCB Cameroun figure sur la liste des établissements associés à cetteopération ? C'était une erreur, qui a dû être rectifiée par la suite. La Commission des marchés financiers a indiqué que la SCB Cameroun avait touché des commissions indues dans l'emprunt obligataire de 2010. Qu'est-ce que vous en dites ? Il faut dire que cela s'est produit avant la prise de contrôle par le groupe Attijariwafa bank. Toutefois, si l'on s'en tient à l'historique, je n'ai pas le sentiment personnellement que la SCB Cameroun ait touché quelque chose d'une manière indue. Maintenant, le groupe Attijariwafa bank est intervenu, c'est vrai, à hauteur de 35 milliards sur l'emprunt en question. Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Cacophonie La semaine dernière, des experts de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale) et ceux de la Ceeac (Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale) se sont réunis à Douala afin d'harmoniser les instruments et les activités de ces deux ensembles géographiques qui se chevauchent. La Ceeac est composée de 10 pays, dont les six qui constituent la Cemac. En conséquence, disent ces experts, il arrive bien souvent qu'un même Etat contribue à deux reprises pour le même programme, mis en œuvre d'abord par l'une puis par l'autre des deux institutions. Pourtant, malgré cette cacophonie lourde de conséquences, toutes les parties ne s'accordent pas encore sur la nécessité d'aller droit vers la fusion de ces deux institutions en une seule, qui soit beaucoup plus forte que chacune prise séparément. En effet, beaucoup penchent encore pour une simple rigueur en vue de l'harmonisation de la gestion des programmes et des activités de ces deux entités et pour cela les débats ont été assez vifs dans la capitale économique camerounaise. Quoi qu'il en soit, il est désormais urgent que les Etats de cette sous-région accordent leurs violons dans ce débat afin de faire face aux autres défis qui s'imposent à eux. À titre d'exemple, l'Afrique centrale demeure à ce jour la région la moins intégrée de l'Afrique, ce qui n'est pas sans retarder le développement économique des pays membres.