Abdellah El Fergui Président de la Confédération marocaine des TPE-PME Selon Abdellah El Fergui, il faut une véritable politique pour développer et soutenir les TPE. Cela passe notamment par la création d'un fonds de garanties et l'accès aux marchés publics. Les ECO : Quelles sont aujourd'hui les missions de votre confédération ? Abdellah El Fergui : Notre mouvement a démarré en 1994 avec la création de nos premiers clubs et associations de jeunes promoteurs et entrepreneurs puis, en 1995, a été créée la Fédération des associations des jeunes entrepreneurs du Maroc (FAJEM). En 2000, nous avons changé de dénomination, et la FAJEM est devenue la Confédération marocaine de la jeune entreprise (CMJE). EN 2011, une dernière mue a été opérée pour donner naissance à la Confédération marocaine de TPE-PME. La mission de notre confédération est aujourd'hui de défendre les intérêts des TPE et PME, de les accompagner et les assister, notamment et surtout en régions. Pour réaliser tout cela, nous avons mis en place des bureaux régionaux dans toutes les régions du Maroc, de celle de Tanger à celle de Dakhla. Dans ce sens, nous avons eu, vendredi dernier, une réunion avec le directeur général de l'ANPME qui augure d'une future collaboration afin d'accompagner l'ANPME dans sa mission d'assistance aux TPME, surtout en régions. Nous envisageons également de développer ce type de collaboration avec la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement). Vos missions ainsi définies, sur quel plan d'action vous basez-vous ? Notre plan d'action consiste d'abord à impliquer les TPE et PME des régions en identifiant leurs besoins et en les impliquant dans toutes les décisions prises au niveau du Bureau national de la confédération et de ses différentes commissions. Pour ce faire, comme je vous l'ai indiqué précédemment, plusieurs bureaux régionaux ont déjà été créés et organisent des réunions dans les différentes régions, et d'autres bureaux régionaux sont en cours de création. La Confédération marocaine des TPE-PME est toujours à l'écoute des chefs d'entreprise -de TPE spécialement- et intervient dans les différentes régions pour essayer de résoudre leurs problèmes, les informer des différents programmes lancés en faveurs des TPE et PME. Le prochain Conseil national de la confédération, auquel tous les bureaux régionaux participeront, visera à mettre en place un vrai programme d'action qui impliquera toutes les TPE des régions. Quelles sont, selon vous, les principales mesures à prendre pour accompagner les TPME ? Tout d'abord, il faut que le gouvernement ait une réelle volonté d'aider les TPE et PME à se développer en ayant un programme intégré qui associe tous les organismes travaillant sur ce dossier, afin de fédérer tous les efforts pour des résultats concrets. Il faudrait également créer un fond de garantie pour les TPE sous forme d'une Société de cautionnement mutuelle qui garantira les crédits bancaires pour les TPE car, comme vous le savez, les banques n'octroient pas de crédits sans garantie, et ceci laisse la majorité de TPE en dehors du système bancaire. Il faut simplifier les procédures d'aides et de subventions qui sont octroyées aux TPE par différents organismes étatiques et non étatiques. Nous souhaiterions également que les TPE puissent à accéder à des marchés publics, et plus précisément au niveau régional. Nous espérons que les autorités locales et régionales pourront intégrer les TPE dans leurs programmes d'action, et que notre confédération pourra participer à tous les programmes et réflexions sur les TPE. À l'aune des dernières annonces et mesures prises en faveur du financement des TPME, notamment à travers la mobilisation de Bank Al-Maghrib, ces dispositifs vous semblent-ils efficients ? Non, pas du tout. Nous assistons à des «mesurettes» et non à de vraies mesures, efficaces, pour les TPME. Les TPE constituent plus de 95% de l'économie marocaine, alors imaginez le rôle que ces dernières jouent dans le développement du Maroc, sans pour autant recevoir l'attention qu'elles méritent. Lors du lancement de la Charte de TPE, nous avions espéré que des mesures concrètes soient enfin être mises en place en faveur du financement des TPE, mais rien n'a été fait. Tous les programmes ayant été lancés par les différents gouvernements ont échoué à cause des banques, depuis les crédits Jeune Promoteur, en passant par le crédit Auto Emploi et Moukawalati. Pour l'Auto-emploi, qui sera lancé en 2015, nous espérons que les banques ne seront pas mandatées pour gérer le volet financement, mais nous attendons plutôt la création d'un fonds spécial. Le projet de Loi de finances 2015 est actuellement en cours d'élaboration. Quelles sont aujourd'hui vos doléances ? Nous souhaitons que le gouvernement prévoie une fiscalité adaptée au TPME, surtout en pareil contexte de crise. Nous souhaitons également que ce dernier accorde plus d'attention au TPME et spécialement aux TPE, avec des mesures concrètes et simplifiées, qu'il trouve un moyen de financement pour les porteurs de projets et les TPME (l'on ne parle pas de Moukawalati parce ce dernier est défaillant), que le gouvernement exige la sous-traitance avec les TPME locales pour les grandes entreprises qui exécutent les grands chantiers surtout dans les régions, qu'il implique la Confédération marocaine de TPE-PME dans les initiatives et programmes liés aux TPE, et qu'il accélère l'application des mesures prises en faveurs de la TPME (Charte de TPE).