Alors que plus de 90% des entreprises marocaines sont des PME, leur valeur ajoutée ne dépasse pas 20%. Un constat alarmant qui en dit long sur les efforts que devra fournir le prochain gouvernement afin de les réhabiliter. L'avis de Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine de TPE-PME. En ces périodes de crise, les TPE et PME marocaines sont les plus vulnérables. Quel est l'état actuel de ces entreprises au Maroc ? Plusieurs TPE et PME marocaines ont fermé boutique depuis le début de l'année. Les entrepreneurs qui survivent encore n'ont pas du tout une visibilité par rapport à la fin de l'année. Les choses promettent de se corser davantage, sans véritable soutien étatique. Quels sont les problèmes auxquels sont confrontées ces entreprises ? Les TPE-PME marocaines font face à de gros problèmes. Le premier et le plus récurrent est celui relatif à l'accès au financement. Puis, il y a la difficulté de l'accès des TPE et des PME aux marchés publics, la formation, l'information et l'accompagnement. Nous sommes confrontés aux mêmes problèmes que nous avions vécus durant les années 90. Durant cette période, nous avions créé des associations de jeunes entrepreneurs locaux et par la suite la Fédération des associations des jeunes entrepreneurs du Maroc (FAJEM). Mais ce qui me laisse perplexe, c'est que durant les années 90, nous avions un fort appui de la part des partis de la Koutla, et donc d'une grande partie du gouvernement. Un appui qui s'est dissipé actuellement. La Koutla et le gouvernement nous ont cruellement lâchés ! Mais le gouvernement avait lancé durant les années 90 des actions en faveur de ce tissu entrepreneurial. Qu'en est-il actuellement ? Effectivement, il y a eu le crédit jeune promoteur (loi n° 14–94) et le fonds pour la promotion des jeunes (loi n° 13–94) et maintenant le crédit Moukawalati. Mais toutes ces mesures ont montré leurs limites. Le jeunes entrepreneurs qui ont bénéficié de ces actions ont vécu plusieurs problèmes qui les ont conduits devant les tribunaux. Ceci sans l'intervention ni du gouvernement ni de la CCG (Caisse centrale de garantie) ni des partis de l'opposition pour défendre ces jeunes entrepreneurs qui étaient victimes d'une politique mal programmée. Je demande vivement au ministre des Finances, à celui de l'Emploi et au directeur de la CCG d'intervenir au plus vite pour dénouer plusieurs affaires qui ont conduit certains en prison. Les marchés publics restent la chasse gardée des mêmes grandes entreprises. Pourquoi les petites entreprises n'arrivent pas à accéder à ce sésame ? L'accès de nos TPE et PME aux marchés publics reste quasiment impossible à cause notamment des références techniques qui sont le principal obstacle à cet accès. De façon globale, l'Etat ne s'intéresse pas aux petites entreprises. Par région, les walis et les gouverneurs doivent porter plus d'attention aux associations des TPE et PME locales. De plus, nous avons rencontré plusieurs difficultés avec des responsables dans quelques provinces lorsque nous avons voulu bénéficier de l'accès au programme de l'INDH pour financer la création des centres d'appui à la création, l'accompagnement et la formation des jeunes porteurs de projets et des chefs d'entreprises. Malheureusement nos associations n'ont pas bénéficié de ce programme jusqu'à aujourd'hui. Et pourtant plusieurs incitations et aides étatiques existent bel et bien… Il y a plusieurs programmes, Moukawalati, Imtiaz, Moussanada… En effet, les programmes de l'Etat ne manquent pas mais la plupart des chefs d'entreprises ne les connaissent pas ou n'ont pas confiance en ces programmes. Au -delà de ces programmes, il n'existe pas une véritable politique étatique d'appui à la création et l'accompagnement des TPE et PME marocaines. En plus, chaque nouveau gouvernement inscrit ses orientations dans une rupture avec ce qui a été fait par son prédécesseur. Un exemple, l'ancien gouvernement avait lancé les « Maisons de la jeune entreprise » dans diverses régions. Aujourd'hui, elles sont toutes fermées. De plus, l'ancien gouvernement n'a pas noué de partenariats avec les associations locales des jeunes entrepreneurs qui pourraient les utiliser jusqu'à aujourd'hui. Un vrai gâchis ! Sur un autre registre, pourquoi les PME marocaines peinent à franchir le pas de l'international ? Est-ce le manque de produits à forte valeur ajoutée qui les freine ? Les PME marocaines peinent à se développer à l'international car elles ne trouvent pas d'aide et d'assistance. Vous savez, notre confédération a signé dernièrement une convention de partenariat avec le services d'aides et d'appui aux entreprises de la commune de Malaga et nous étions surpris par cette structure d'appui et de soutien des PME locales pour leur développement à l'international. J'espère que le prochain gouvernement arrivera à réaliser un programme d'appui à la création et au développement des TPE et PME marocaines avec une ligne de financement adaptée et aussi des cellules d'appui dans divers wilayas et provinces du royaume. L'accès des TPE et PME aux marchés publics donnera également un grand souffle au développement de ces entreprises sans oublier la formation et la création des locaux professionnels. Sur quels projets travaillez-vous actuellement ? En attendant les propositions des commissions de la confédération, nous travaillons actuellement sur le renforcement des associations locales dans diverses villes et régions du Maroc et aussi avec nos MRE chefs d'entreprises dans quelques pays d'Europe. D'ailleurs, notre antenne parisienne, « la Fédération des chefs d'entreprises marocains de France » verra bientôt le jour. Par ailleurs, nos priorités sont le financement des entreprises, la création des locaux professionnels, l'accès aux marchés publics, la formation et l'accompagnement des TPE et PME.