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Entretien : Accélération industrielle : Les TPE laissées en rade
Publié dans Finances news le 25 - 04 - 2014

«Alleluia !». C'est quasiment ce qui se lisait dans la presse nationale au lendemain de la présentation par le ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique du Plan d'accélération industrielle 2014-2020.
Les acteurs économiques, eux, les plus concernés, semblent vouloir adhérer à ce nouveau souffle que l'on veut donner aux plans sectoriels déjà lancés.
Abdellah El Fargui, le président de la Confédération marocaine des TPE-PME et de la Fédération des associations de la jeune entreprise du Nord, émet des réserves quant à la place accordée aux TPE, notamment régionales dans cette nouvelle stratégie. Il livre ses inquiétudes sans mâcher ses mots, mais également les attentes des TPE des autorités concernées.
Finances News Hebdo : Quelle place accorde-t-on aux TPE-PME dans le programme d'accélération industrielle dévoilé récemment ?
Abdellah El Fargui : Tout d'abord, permettez-moi de faire une remarque; c'est le manque d'accès à l'information. J'ai rencontré beaucoup de difficultés pour avoir le document de la nouvelle stratégie industrielle 2014-2020. Imaginez qu'au niveau du site web du ministère du Commerce et de l'Industrie, on ne trouve pas un mot sur la nouvelle stratégie industrielle 2014-2020. J'ai alors contacté le ministère pour avoir plus d'informations, mais en vain. La seule information qui existe maintenant est celle publiée dans les médias et journaux.
Revenons à la place qu'accorde cette nouvelle stratégie Industrielle aux TPE-PME. Le ministre annonce un dispositif spécial d'appui aux TPE-PME et spécialement aux TPE. Aussi, pour convertir les TPE informelles vers le formel, une feuille de route au profit de ces dernières et un dispositif de soutien direct ont été définis dans cette stratégie. Mais la question qui se pose est la suivante : va-t-on associer les représentants des TPE dans les comités et commissions de suivi, ou comme d'habitude, on se contentera de faire appel à quelques associations de la place et à la CGEM qui vont discuter à notre place ?
Suite au manque de communication du ministère du Commerce et de l'Industrie, et d'après ma longue expérience au sein de notre 1ère Fédération des associations des jeunes entrepreneurs du Maroc «FAJEM», les TPE et PME, ne vont pas bénéficier de cette stratégie, comme cela fut le cas pour les autres stratégies lancées auparavant par d'autres ministères. Je fais allusion au ministère des Affaires générales concernant la stratégie de TPE, lancée le 17 mai 2013 à Rabat.
F.N.H. : Quelles sont les mesures qui vous semblent servir les TPE-PME contenues dans le programme ?
A. E. F. : Je constate qu'il y a quelques mesures importantes contenues dans cette stratégie industrielle qui vont servir les TPE-PME, notamment les mesures d'accompagnement des TPE dans la partie financement, l'informatisation de gestion quotidienne, la formation continue, l'accès à la couverture sociale, l'indemnité de chômage, la retraite,... Aussi, il y a le volet qui concerne le basculement de l'informel vers le formel avec la création du statut de l'auto-entrepreneur. Je rappelle à ce sujet que notre Confédération a été invitée, l'année dernière, pour donner son avis sur le projet de loi «auto-entrepreneur» lors d'une réunion tenue à la Primature avec l'ancien ministre des Affaires générales, Mohamed Najib Boulif, et l'ex- ministre du Commerce et de l'Industrie, Abdelkader Amara, avant de le présenter au Parlement pour adoption. Je tiens d'ailleurs à saluer cette approche participative et de concertation.
Pour notre part, la Confédération marocaine des TPE-PME a tenu depuis 2013 plusieurs réunions avec une grande compagnie d'assurances pour signer une convention qui vise un bouquet de 4 produits : assurance maladie, assurance retraite, assurance travail et assurance véhicule (société et personnel). Mais, malheureusement, dans notre pays, chacun travaille séparément et on ne profite pas mutuellement des expériences.
F.N.H. : Si certains poussent l'euphorie à l'extrême concernant ce programme, d'autres émettent des réserves de ne pas voir aboutir ces mesures, comme ce fut le cas de la stratégie TPE. En tant que Confédération, qu'est-ce qui vous inquiète le plus concernant cette nouvelle stratégie industrielle ?
A. E. F. : Bien que je sois toujours de nature optimiste, l'expérience m'a appris beaucoup de choses. Je suis de ceux qui émettent des réserves de peur de ne pas voir aboutir ces mesures, car j'ai participé personnellement à plusieurs programmes et stratégies qui n'ont pas été couronnés de succès. La dernière en date est effectivement la «Stratégie TPE» lancée par le ministère des Affaires générales et GIZ, il y a une année. Nous avons travaillé avec le ministère et son partenaire avant et après le lancement de cette stratégie TPE et avons aussi contribué aux quatre comités des 4 régions pilotes (Tanger-Tétouan, Grand-Casablanca, Agadir-Souss-Massa Draa et Oujda-Nador). Malheureusement, avec le changement du ministre Najib Boulif par Mohamed El Ouafa à la tête dudit ministère, tout a été chamboulé et le département qui avait en charge le suivi de ce dossier n'est plus.
Imaginez un peu comment fonctionne notre administration. Dès qu'on change un ministre au sein du même gouvernement, tout ce long et laborieux travail est perdu. Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'on poursuit ce dialogue de sourds qui n'entend qu'une seule voix et qui ne veut ni associer, ni consulter les premiers intéressés dans des mesures prises en principe pour eux. Et on continue de parler de politique de partenariat public-privé (PPP) et de politique de concertation, mais avec qui ?
On ne constate pas réellement ce PPP sur le terrain; preuve en est qu'à la Confédération, nous avons des dossiers de TPE et PME qui sont gelés à cause de la lourdeur administrative et des élus qui leur mettent les bâtons dans les roues, alors qu'elles créent des postes d'emplois directs et indirects. La faute incombe à nous tous. Car, s'il est vrai que les TPE et PME, qui constituent plus de 95% des entreprises du Maroc, sont mal organisées ou mal représentées, il n'en demeure pas moins que l'Etat n'appuie pas les Fédérations et Confédérations de TPE-PME à l'instar de la CGEM qui reçoit tout son appui et son soutien. Lors d'une réunion de travail sur les TPE, un responsable d'un organisme international qui travaille au Maroc m'a confié un jour que «malgré le fait que les TPE ne soient pas la cible de la CGEM, nous devons l'associer dans notre programme. C'est ainsi que cela marche chez vous au Maroc».
F.N.H. : Aujourd'hui, quels sont à votre avis les freins et les mesures urgentes à mettre en place pour les lever et permettre aux TPE-PME de jouer pleinement leur rôle de moteur de notre tissu économique et industriel ? Et comment les autorités concernées doivent-elles les accompagner ?
A. E. F. : Il est urgent de créer un fonds d'appui des TPE qui sera destiné à les financer en cas de crise, car de plus en plus de jeunes entrepreneurs mettent la clé sous le paillasson et deviennent des salariés, dans le meilleur des cas, ou renforcent les rangs des chômeurs. J'étais très choqué lorsque j'ai rencontré au centre-ville de Casablanca un ancien chef d'entreprise «TPE» qui avait des problèmes de trésorerie, en train de vendre des cartes GSM prépayées et un autre qui travaillait dans le tramway... Ça m'a vraiment attristé et m'a interpellé sur l'existence d'une vraie stratégie TPE au Maroc La réponse est : NON, il n'y a pas de stratégie, ni pour les TPE, ni pour les jeunes entrepreneurs.
Nos banques freinent le développement des TPE et PME, même si elles ont créé des services dédiés. Quelques-unes d'entre elles m'ont contacté pour des formalités, pour dire qu'elles communiquent et s'intéressent aux TPE, mais c'est loin d'être la réalité sur le terrain.
Parmi les freins réels, en plus des banques, il y a l'administration et les communes avec leurs retards de payement et les procédures très lourdes qui bloquent le développement de nos TPE. Mais aussi les élus, les walis et les gouverneurs qui n'appuient pas assez les TPE régionales.
F.N.H. : Comment y remédier concrètement ?
A. E. F. : Parmi les mesures, et j'insiste là-dessus, il faut créer une agence dédiée aux TPE, car plus de 90% des entreprises marocaines sont des TPE qu'il faut dissocier des PME, puisque ces dernières ont leur propre agence : «ANPME».
Aussi, comme je l'ai dit, il faut impérativement créer un fonds pour le financement des TPE ou une société de cautionnement mutuelle pour garantir les crédits des TPE, car les banques n'octroient pas de crédits sans garanties.
La création de Groupements d'intérêt économique (GIE) de TPE qui associeront leurs moyens humains et financiers pour bénéficier des grands marchés publics ou privés, et la création des réseaux d'entreprises lucratifs me semblent également des mesures opportunes.
Dans ce sens, nous avons déjà tenu des réunions pour créer ces GIE de TPE. Nous espérons réussir à fédérer leurs ressources et que les autorités et les élus les aident en leur accordant des marchés et des travaux, surtout dans les régions enclavées où les chantiers privés sont parfois inexistants.
Nous demandons également aux autorités concernées de nous accompagner dans notre programme qui vise à donner la parole et la responsabilité aux chefs des TPE de toutes les régions du Maroc en créant des «Bureaux régionaux» qui seront dirigés par les chefs de TPE locaux. Il s'agit aussi d'aider la Confédération marocaine des TPE-PME dans son programme et de l'associer dans les commissions et comités nationaux et régionaux.
Les autorités et les communes doivent accorder 100% des bons de commandes aux TPE locales et 20 à 25% des marchés publics aux TPE et PME locales. Sans oublier les grands projets d'infrastructures que les grandes entreprises nationales et multinationales exécutent dans les régions. Ces grandes entreprises doivent sous-traiter avec les TPE et PME locales.
Je vous donne un exemple à propos des travaux de la LGV : des entreprises issues de la région du Nord ont remué ciel et terre pour décrocher des travaux de sous-traitance avec la société qui exécute les travaux de la LGV, mais en vain.
Je profite de cette occasion pour redemander au ministre du Commerce et de l'Industrie de nous accorder une réunion pour discuter des mesures à prendre dans le cadre de cette stratégie. L'objectif est d'aider nos TPE et PME, membres de la Confédération, dans les régions qui souffrent en silence des effets de la crise et que personne n'entend leurs doléances, ni écoute leurs propositions.


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