Les Echos quotidien : L'Istiqlal, dont vous êtes membre du bureau national, vient d'organiser une rencontre sur la promotion de la TPE, avec la collaboration de l'UGEP. Dans quel cadre peut-on situer cet évènement ? Nizar Baraka : Comme vous le savez, dans le cadre de l'égalitarisme qui est la doctrine de notre parti, l'Istiqlal, il y a une place importante qui a été accordée à l'insertion sociale et où la TPE bénéficie d'une attention particulière. C'est dans ce cadre et en prélude à notre 16e Congrès que la commission économique et l'UGEP ont décidé de tenir cette rencontre, en vue d'étudier différentes possibilités de promotion et d'encouragement de la TPE dans notre pays et qui servira de socle à notre action dans ce sens. Pourtant le gouvernement, à travers le ministère des Affaires générales, vient de valider les premières mesures relatives à la TPE. Est ce que cela ne constitue pas une sorte de doublon avec votre programme, alors que l'Istiqlal est membre de la coalition gouvernementale ? Il faut être très clair à ce sujet. Le gouvernement travaille de manière solidaire. De fait, il y a une répartition des tâches et c'est la raison pour laquelle le ministère des Finances a accompli sa mission, qu'il entend d'ailleurs poursuivre, au niveau de la fiscalité et du volet financement. Le département de l'Industrie et du commerce travaillera sur le statut de l'auto-entrepreneur et celui des Affaires générales poursuivra ses actions au profit de la TPE. La question de la TPE ne date pas d'aujourd'hui, puisque depuis le précédent gouvernement, on attend des actions concrètes sur le terrain. Quelles sont les actions que le gouvernement entend mettre en œuvre dans ce cadre, puisque l'Istiqlal fait partie de la coalition gouvernementale ? La mise en œuvre de cette stratégie a été orientée sur cinq axes. Le premier porte essentiellement sur la baisse de la fiscalité sur la TPE. Dans ce sens, nous avons déjà réduit l'IS de 30 à 15%, ce qui a été favorable à plus de 70% du tissu productif national, puisqu'elle porte sur les entreprises dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 3 millions de DH. Par ailleurs, nous sommes en train de travailler sur la simplification de l'impôt forfaitaire pour les professions. Le deuxième axe a porté sur le volet financement. À ce titre, nous avons créé un fonds de garantie, «Damane Express», qui permet à l'Etat de garantir 70% des crédits d'investissement d'exportation pour les fonds de roulement qui n'excèdent pas 1 million de DH et qui sont donc dédiés spécifiquement aux très petites et petites entreprises. Le troisième axe porte sur le volet relatif à la commande publique et dans ce sens, au niveau du décret sur les marchés publics, qui est actuellement déposé au sécrétariat général du gouvernement. Nous avons décidé que 20% de la commande publique allaient être réservés à la TPE et aux PME. Nous avons également considéré la possibilité de grouper les différents marchés publics pour faciliter cet accès et nous avons obligé les grandes entreprises, notamment internationales, qui accèdent à des marchés publics de faire travailler les TPE. S'agissant du dernier axe, il porte sur la protection sociale et l'accompagnement. À ce niveau, nous travaillons sur un produit qui permettrait de faire bénéficier l'auto-entrepreneur, ainsi que les employés et employeurs des TPE d'une couverture sociale à moindre coût, en plus de travailler sur le volet accompagnement de la TPE pour sa pérennité. Il s'agit d'un vaste programme, qui concerne plusieurs volets. Comment se fera la coordination de toutes ces actions ? Tout cela va se retrouver dans le cadre d'une nouvelle loi, qui porte sur le statut d'auto-entrepreneur, pour faciliter et libérer les énergies dans notre pays, principalement chez les jeunes. Vous êtes au cœur de ce projet, que vous avez aussi coordonné lors de votre passage au département des affaires économiques et générales. Quels sont véritablement les enjeux, aujourd'hui, pour le Maroc de promouvoir le segment des TPE ? Très franchement, aujourd'hui, nous constatons que nous avons 40.000 unités de productions qui se crééent au niveau du secteur informel. Il y a lieu d'attirer ces énergies vers le secteur formel, grâce aux politiques en faveur de la TPE. Un autre élément à considérer est le fait que plus de 70% des TPE et PME sont d'une structure assez faible. Il s'agit d'une sorte de classe moyenne d'entrepreneurs. C'est dans ce cadre qu'il est hautement important que nous nous inscrivions dans une logique de contrat de croissance des TPE. Enfin, nous sommes dans un environnement compétitif. Les TPE ont les moyens de s'adapter rapidement et donc elles peuvent s'accommoder des fluctuations des marchés et des évolutions au niveau international. Le come back Samedi dernier à la rencontre organisée par l'Istiqlal et l'UGEP autour de la TPE, Nizar Baraka était au cœur de toutes les attentions et aussi des sollicitudes. C'est un retour sur scène du ministre de l'Economie et des finances, qui avait disparu ces derniers temps de la scène médiatique nationale, le temps que s'enterre la polémique née de l'augmentation des prix des carburants décidée dernièrement par le gouvernement et que seuls les ministres PJDistes ont gérés. Même si Nizar Baraka n'a cessé de réitérer sans cesse que «le gouvernement était solidaire», cela n'a pas échappé aux observateurs. L'autre aspect de la rencontre de samedi à laquelle participaient trois ministres de l'Istiqlal, c'est la sollicitude dont Baraka a fait l'objet de la part des militants qui ont fait le déplacement. En compagnie du président régional du parti au niveau du grand Casablanca, Abdelwahed El Fassi, candidat annoncé à la succession de Abass El Fassi à la tête de la direction du parti de la balance, Nizar Baraka a, de bout en bout, été le chef d'orchestre de l'évènement. Pour beaucoup de militants, surtout les jeunes, c'est le profil type du dirigeant qu'il faut pour permettre à l'Istiqlal de s'inscrire dans la droite ligne de la régénération de l'élite politique. «Comme les autres partis» avait indiqué un jeune membre du Parti approché par les Echos. Baraka n'a, en tout cas pas à ce jour, fait acte de candidature. Le prochain congrès de l'Istiqlal est prévu pour les prochaines semaines. Tout porte à croire que d'ici là, beaucoup d'eau coulera sous les ponts.