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«Il existe des freins au développement de nos produits»
Publié dans Les ECO le 13 - 10 - 2014


Youssef Baghdadi
Président du directoire de Dar Assafaa
Les ECO : À la veille de la mise en place de la nouvelle loi bancaire, quel est aujourd'hui le positionnement de Dar Assafaa ?
Youssef Baghdadi: Nous sommes dans un marché où l'on commercialise surtout les produits autorisés par la circulaire de Bank Al-Maghrib N°40/G/2007, à savoir Ijara et Moucharaka et principalement la Mourabaha. Nous avons commencé par la Mourabaha immobilier que nous avons commercialisée à partir de 2010, date de création de Dar Assafaa. Il faut savoir que nous sommes aujourd'hui dans la phase de préparation de la nouvelle loi sur les établissements de crédits qui consacre un chapitre à la banque participative. Dans un marché au potentiel de développement important, nous sommes en train de stabiliser d'abord les acquis avant d'introduire sur le marché d'autres produits qui seront autorisés dans le cadre de la nouvelle loi bancaire.
Comment se sont comportés les produits et services proposés par Dar Assafaa, jusqu'à aujourd'hui ?
À l'évidence nos produits marchent et nous avons beaucoup de demande. Comme je vous ai précisé avant, nous avons concentré notre force commerciale sur la Mourabaha immobilière parce que nous avons jugé que c'est une priorité chez la clientèle intéressée par les produits alternatifs. Une fois le produit installé et les process huilés, nous avons lancé la Mourabaha Auto à l'occasion du dernier salon de l'automobile auquel Dar Assafaa avait participé pour la première fois. Nous avons traité une centaine de dossiers, nous en avons financé une partie et en avons refusé d'autres. Seulement, aujourd'hui nous avons remarqué qu'il existe des freins au développement de nos produits, liés surtout à la partie fiscale. Nous espérons qu'au niveau de la nouvelle loi et de la loi de Finances 2015, cette question soit prise en considération. D'ailleurs la question de la neutralité fiscale a figuré parmi les recommandations du Conseil économique social et environnemental. En tout cas, la demande est là et nous pensons qu'elle augmentera avec l'introduction de la nouvelle loi et en apportant les ajustements nécessaires pour assurer la neutralité de traitement, avec la banque conventionnelle, sur les aspects fiscal, législatif....Nous faisons également un travail de gestion pour compte. Nous ouvrons des comptes de dépôts pour la clientèle de Dar Assafaa et pour le compte d'Attijariwafa bank. Certes, nous délivrons des chèques et des cartes de Dar Assafaa, mais avec des logos d'Attijariwafa bank, car, jusqu'à présent, la loi bancaire ne nous le permet pas. Toutefois, nous avons l'autorisation de Bank Al-Maghrib pour commercialiser les produits de la banque au niveau des agences de Dar Assafaa.
Comment comptez-vous vous refinancer une fois que la nouvelle loi bancaire sera effective ?
Aujourd'hui, nous nous finançons auprès de notre maison mère, Attijariwafa bank, à travers des contrats qui sont en phase avec la finance participative. Il s'agit d'un contrat commercial qui nous lie et qui nous permet de nous refinancer auprès de la banque par des fonds qui ne sont pas issus des produits générant des intérêts. Une fois que la nouvelle loi bancaire sera mise en place on pourra utiliser une multitude de moyens de refinancement. Il y a tout d'abord les dépôts à vue de nos clients que nous pourrons accueillir. On pourra également profiter de la Moucharaka ou encore des Sukuk que nous pourrons émettre. Nous pourrons utiliser beaucoup d'ingénierie financière alternative. C'est une nouvelle dynamique qui sera créée pour se refinancer et pouvoir offrir tous les produits équivalents à ceux de la banque conventionnelle.
Pensez-vous que la nouvelle loi bancaire est à même de booster la demande de produits de la finance participative ?
Je pense que la clientèle est en attente de cette loi. Cependant, je ne suis pas convaincu qu'il y aura, dès le départ, un tsunami de la demande vers les produits de la finance participative. Bien évidemment, plusieurs clients seront intéressés et donc il y a un marché à aller chercher. Je pense que la finance participative viendra en complément de la finance conventionnelle. De notre côté, dès la mise en place de la loi, nous allons nous transformer en banque participative et nous pourrons proposer à nos clients une multitude de produits. Cela va du retail au produits d'emprunts (Mourabaha, Ijara ) sans oublier les produits d'investissement pour une clientèle particulière. Il ne faut pas non plus omettre les capitaux étrangers, surtout des pays du Golf, qui peuvent être attirés grâce à la finance participative. Outre le fait d'investir dans des banques, ces investisseurs opteraient également pour d'autres types de projets en utilisant les financements de la banque participative. Nous serons donc une banque à part entière. Je tiens aussi à vous préciser que le volet conformité a une place primordiale dans le développement de la finance participative, c'est ainsi qu'aucun produit ne sera commercialisé par une banque participative sans la certification du Conseil supérieur des Oulémas.


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