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Finance participative, Dar Assafaa pense (déjà) à l'Afrique
Publié dans Les ECO le 03 - 02 - 2015


Youssef Baghdadi
Président du directoire de Dar Assafaa
La filiale du groupe Attijariwafa bank dédiée à la «finance participative» ou finance islamique n'exclut pas de s'étendre au sud du Sahara, mais le saut ne se fera qu'une fois l'expérience de la finance islamique réussie au Maroc. Youssef Baghdadi, président du directoire de Dar Assafaa, revient ici sur cette option, ainsi que sur les types de produits qui pourraient cartonner sur le marché subsaharien.
Les ECO : Dar Assafaa envisage-t-elle de s'implanter en Afrique subsaharienne ?
Youssef Baghdadi : Le Maroc mène une politique orientée vers l'Afrique. C'est une démarchée affichée et confirmée. Attijariwafa bank figure parmi les institutions et entreprises marocaines qui accompagnent cette dynamique, notamment dans le secteur bancaire. C'est tout à fait normal qu'Attijariwafa bank, qui est présente dans tous les métiers de notre secteur, pense à explorer le filon de la finance islamique en Afrique. Dar Assafaa, qui assure le segment «finance participative» du groupe, n'exclut pas dans l'avenir de se lancer sur le continent afin d'accompagner les pays africains dans le développement de la finance participative.
Avez-vous un calendrier d'expansion déjà établi à ce propos ?
Je pense que c'est très prématuré d'en parler pour le moment. Au Maroc, nous sommes en train de construire la banque participative. Une fois qu'elle sera effective, avec tous ses fondements, nous pourrons alors l'exporter vers l'Afrique.
Selon vous quels produits présentent le plus de chance de rentabilité en Afrique ?
Pour les particuliers, on note un besoin d'équipement. Qu'il s'agisse de l'immobilier ou des moyens de transport, le besoin est là. À cet effet, je pense que le produit «Mourabaha» pourrait intéresser ce type de clientèle car il s'adapte le plus à leurs attentes. Concernant les entreprises, nous privilégions d'autres produits comme la «Moucharaka» ainsi que beaucoup d'autres outils possibles.
Quels pays vous paraissent beaucoup plus disposés à accueillir ce type de finances ?
Je pense par exemple au Sénégal. C'est un pays bien positionné pour développer la finance participative. C'est une opportunité importante, du fait de sa proximité culturelle avec le Maroc. Avec ce pays, les choses se feront naturellement. Sinon je pense à des pays comme la Côte d'Ivoire également. Cela dit, aucune décision n'est encore prise dans ce sens. Nous sommes encore concentrés sur la concrétisation et la réussite de cette expérience au Maroc.
Quel serait l'utilité de l'accord signé récemment entre Attijariwafa bank et l'Etat ivoirien sur la finance islamique ?
Attijariwafa bank a beaucoup de compétences et de savoir-faire dans le domaine bancaire aussi bien dans le segment conventionnel que la finance islamique. Cet accord sert à l'accompagnement dans le conseil technique. Le groupe met son expertise à la disposition du gouvernement ivoirien.
Comment se portent les activités de Dar Assafaa au Maroc ?
Nous sommes installés depuis quatre ans. Nous sondons le marché. Il est vrai que nous ne communiquons pas beaucoup sur l'évolution de notre activité, mais nous avons une clientèle. C'est une clientèle de niche. Pour le moment, le plus important c'est de mieux connaître ce marché de la finance participative afin de mieux construire la banque Dar Assafa.
Perspectives prometteuses
La 6e édition du Forum africain de la finance islamique (FAFI) s'est tenue à Casablanca les 28 et 29 janvier derniers. L'événement a connu la participation de plus d'une centaine de managers, d'experts nationaux et internationaux, ainsi que d'opérateurs financiers. Les débats ont porté sur les «dynamiques, stratégies et enjeux de la mise en place de la finance islamique en Afrique». Il a ainsi été relevé que l'introduction de la finance islamique constitue une source d'opportunités pour les banques marocaines, fortement implantées en Afrique subsaharienne. Elles pourraient ainsi y exporter ce modèle alternatif de financement, dans un contexte d'engouement des Etats africains pour les obligations islamiques (sukuk). Renfermant 40% des musulmans du monde, l'Afrique offre en effet de belles opportunités de développement de la finance halal.


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