L'introduction de la finance islamique au Maroc lui permet de s'aligner sur les pratiques des autres pays musulmans. Cela donne aussi l'occasion aux banques d'exporter ce modèle en Afrique subsaharienne. C'est le cas de Dar Assafa qui n'exclut pas cette option. La finance dite «islamique» est une poule aux œufs d'or pour le Maroc. En effet, le royaume, l'un des derniers pays arabes à expérimenter la finance islamique, pourrait non seulement bénéficier de l'expérience de ce modèle en application depuis environ quarante ans, mais surtout en profiter pour l'exporter dans les pays d'Afrique subsaharienne. C'est l'une des pistes émises hier à Casablanca, lors du 6e Forum africain de la finance islamique. «La chance de l'Afrique, c'est que le Maroc dispose d'une industrie financière très robuste. Si cette dernière réussit l'introduction de la finance islamique au Maroc, elle pourra l'exporter sur le continent», prévoit Khalil Labniouri, directeur commercial de Dar Assafaa Litamwil. Cette perspective est d'ailleurs très privilégiée par le top management de la filiale du groupe Attijariwafa bank (AWB) dédiée à la finance participative, la déclinaison marocaine de la finance islamique. Dans une déclaration aux ECO, le président du directoire de Dar Assafaa Litamwil, Youssef Baghdadi, indique que sa structure «n'exclut pas d'accompagner, dans le futur, les pays dans lesquels AWB est installé afin de se lancer dans la finance participative». Avantages certains Si les acteurs de la finance marocaine montrent un intérêt à la finance islamique en Afrique, c'est parce que le continent offre d'importantes opportunités dans ce créneau. L'accroissement de la classe moyenne africaine pourrait élargir le nombre de consommateurs intéressés par cette finance présentée comme «halal» (licite). Plus important encore, 40% de la population musulmane mondiale réside en Afrique. Les sorties sur les marchés des sukuks (obligations islamiques) se multiplient également. Après l'Afrique du Sud et le Sénégal, plusieurs autres économies se manifestent à leur tour. C'est du moins ce que l'on fait savoir du côté de la Banque islamique de développement, qui indique avoir été «énormément sollicitée» par différents pays d'Afrique subsaharienne. Dans un contexte de lassitude du système classique, ce modèle apparaît aujourd'hui comme une alternative crédible. «La finance islamique encourage la croissance et stimule l'investissement», constatent les experts. Reste à surmonter les grands défis auxquels la finance halal fait face ; parmi eux : «trouver des jurisconsultes capables de comprendre à la fois la charia et les enjeux économiques».